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Du politique comme exemplum historique à l’histoire comme exemplum politique.
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III.2 Histoire et action politique: l'engagement dans le présent et l'attitude à l'égard du passé
III.2.1 Renier le passé

Du politique comme exemplum historique à l’histoire comme exemplum politique.

L’utilitarisme des faits dans la Correspondance de Pline le Jeune
Antonio Gonzales
p. 433-455

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Index de mots-clés :

épistolaire, passé
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Texte intégral

  • 1  En dernier lieu, Ch. Badel, La noblesse de l’Empire romain : les masques et la vertu, Paris, Champ (...)
  • 2 Th.Mommsen, Droit public romain IV, Paris, E. Thorin, 1893, p. 227 ; A.-M. Guillemin, Pline le Jeun (...)
  • 3  S. Demougin, « L’Ordre équestre sous Domitien », in J.‑M. Pailler&R. Sablayrolles (eds.), Les anné (...)
  • 4  Pline, Lettres VII, 16, 2 : simul militauimus, simul quaestores Caesaris fuimus. Ille me in tribun (...)

1On ne peut comprendre le rôle d’exemplum historique que Pline attribue à son œuvre sans revenir sur la genèse de celle-ci, qui suit avec un certain parallélisme sa carrière des honneurs. C’est au moment où il accède aux échelons de cette carrière qu’il prend conscience de la valeur de son témoignage en tant qu’homme d’État cultivé et écrivain, à l’image de son oncle Pline l’Ancien qui mena de front ses charges équestres et la rédaction d’une œuvre encyclopédique considérable. Comme pour tout membre de la noblesse romaine impériale, l’évolution parallèle d’une activité de negotium et de celle d’otium est la manifestation du statut social de son ordre et la condition nécessaire du franchissement des étapes du cursus honorum1. Pline a très bien compris ce double impératif. Aussi, lorsque, pour lui, arrive la possibilité de postuler à la questure qui entraîne l’entrée automatique au Sénat et le désigne comme un membre du petit groupe de candidats recommandés par l’empereur Domitien, son élection ne suscite-t-elle pas de contestation. Il sert, à partir de ce moment-là au sein des quaestores Caesaris qui sont choisis systématiquement parmi les candidati Caesaris2, ce qui le place certes en faveur auprès de Domitien3 alors qu’il a accès à certains dossiers financiers qu’il utilisera ensuite dans sa critique du principat du dernier des Flaviens. C’est pourquoi la problématique de la datation des différentes étapes du cursus honorum plinien est importante pour comprendre l’utilisation que fait le Comasque des données en sa possession. Si la date de sa questure ne peut être fixée avec certitude — pour Th. Mommsen, suivi par A.-M. Guillemin et M. Durry, il l’exerça sans doute en 89 ou 90, contre l’avis de W. Otto qui proposait une chronologie un peu plus récente, du 5 décembre 91 au 5 décembre 92 , on peut noter que sa carrière politique et administrative est parallèle à celle de ses activités d’avocat et d’épistolier. Enfin, pour montrer à quel point ses différentes activités sont indissociablement menées, A. N. Sherwin-White démontra qu’on ne peut la fixer qu’en s’appuyant sur sa correspondance qui sert de traceur chronologique et typologique. Le cas de sa préture est emblématique des renseignements que Pline fournit sur sa carrière. En effet, cette magistrature n’a pu être datée sans recourir à la lettre VII, 16, 2, adressée à son grand-père par alliance, Fabatus : ici l’épigraphie a été d’un faible recours. C’est dans cette lettre où il parle de son ami Calestrius Tiro qu’il avoue qu’« ensemble nous avons servi à l’armée, ensemble nous avons été questeurs de César. Il m’a devancé dans le tribunat en vertu du droit des trois enfants, mais à mon tour je l’ai rejoint comme préteur, César m’ayant dispensé d’une année »4. Cet exemple montre qu’il ne pourra pas être possible de comprendre l’utilisation des événements vécus ou rapportés en tant qu’exempla historicisant un discours instrumentalisé contre Domitien et en faveur de Trajan sans que nous comprenions que Pline les intègre dans un processus de véridiction, construit autour de la correspondance — comme vecteur de transmission de l’information  et du réseau des amis — comme interlocuteurs validant cette construction littéraire historicisant des faits souvent d’actualité.

  • 5  Dion Cassius, LII, 20, 1-2 ; Digeste L, 1, 18 ; IV, 14, 5.
  • 6  Agricola, tout en respectant le délai d’un an entre chaque poste, mais ayant deux enfants, accéda (...)
  • 7  A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 763-771 ; Idem, « Pliny’s praetorship again », JRS, XLVII (1957) (...)
  • 8  ILS 2934.

2Il faut donc souligner en forme de précaution méthodologique qu’il est difficile d’évoquer la narration des faits par Pline sans préciser qu’il mène sa carrière sous la protection de deux figures princières opposées, ce qui le conduit à produire un discours ambivalent. D’emblée, la teneur et l’objectivité éventuelle des informations concernant l’action du Prince et sa propre relation avec le pouvoir doivent être envisagées simultanément. La carrière des honneurs entreprise par Pline pose le problème de son inscription dans le principat de Domitien, véritable bête noire de Pline, si l’on adhère sans distance aux propos de sa Correspondance qui attaque plutôt Claude et Néron à travers l’évocation de procès, de condamnations, de proscriptions et de meurtres à peine déguisés. Son Panégyrique de Trajan sera centré sur l’attaque directe contre Domitien, mais ce dernier n’était plus de ce monde. Ces deux ensembles littéraires distincts mais animés par une même hostilité envers le dernier empereur flavien tissent un faisceau d’exempla qui est construit sur le modèle de l’instruction judiciaire lors d’un procès à charge. La distorsion entre les positions politiques adoptées par Pline et le cours de sa carrière sous Domitien démontre que, pour le moins, il ne faut pas prendre les démonstrations pliniennes pour argent comptant. En effet si, par principe, on ne pouvait pas postuler à la questure avant vingt-cinq ans et à la préture avant trente ans, on pouvait effectuer entre les deux, si l’on n’était pas un candidat patricien, le tribunat ou l’édilité, sachant qu’il fallait respecter un délai d’un an entre chacun de ces postes, sauf exemption5. Le candidat pouvait bénéficier, en outre, d’une année de bonus par enfant. Dès lors la carrière pouvait se dérouler pour ces magistratures par biennium : questeur à vingt-cinq ans, tribun à vingt-sept ans et préteur à trente ans6. Si Pline est préteur en 937 et qu’il respecte un intervalle d’un an entre chaque poste, il a donc été tribun en 92 et questeur en 90, ce que la démonstration de Th. Mommsen permet de vérifier indirectement, du point de vue de l’accélération des carrières, lorsqu’il rapporte le cas d’une inscription dédiée à un quaestori designato et eodem anno ad aedilitatem promoto8. Pline a pu très bien avoir bénéficié de ces avancées de carrière, encore fallut-il qu’il bénéficiât de la suffragatio de Domitien. On note que s’il a bénéficié d’un soutien aussi minime soit-il de la part du fils de Vespasien, il apparaît alors comme un protégé de ce dernier, ce que nous ne retrouvons pas dans des sources parallèles ou dans les œuvres pliniennes qui cachent systématiquement la carrière et son déroulement sous le principat de Domitien. S’il faut reconnaître que les opposants à Domitien ont été pourchassés et leurs œuvres sans doute censurées ou détruites, les textes de Pline, en partie, et seulement en partie, contemporains du règne de Domitien, ne semblent pas avoir souffert de cette politique de répression. Le silence de Pline à ce propos nous laisse quelque peu dubitatif. Comment, alors qu’il se présente a posteriori comme un opposant de la première heure, a-t-il pu échapper à la politique de répression organisée par le Prince ? Une certaine faveur du Prince n’est donc pas à exclure. Si tel est le cas, la présentation des faits par Pline doit être approchée avec circonspection.

  • 9  Pline, Lettres III, 11, 3 ; D. Hennig, « Zu Plinius Ep.7, 33 », Historia, XXVII (1978), p. 246-249 (...)
  • 10  Pline, Panégyrique 90, 6 : habuerat hunc honorem periculis nostris diuus Nerua, ut nos, etsi minus (...)

3C’est sans doute dans le récit des persécutions et des procès menés par Domitien que l’on peut deviner le climat angoissant de l’époque et de l’opposition de principe affichée par Pline dans son Panégyrique. Un mouvement pendulaire doit être entrepris dans la lecture de la Correspondance et du Panégyrique. Ce qu’affirme la seconde source est toujours beaucoup plus marqué que ce que laisse croire la première. Le climat de suspicion collective explique en grande partie cette différence de clarté dans les propos pliniens. Toutefois, les récits des différents procès engagés contre des cercles d’opposants auxquels se rattache volontiers Pline sont des récits publiés après la mort de Domitien et dans une perspective de contrôle et d’adhésion aux principes de la nouvelle politique impériale impulsés par Trajan et les cercles politico-littéraires qui lui sont favorables. Par ailleurs, des auteurs et des hommes politiques comme Pline ont su, le moment venu, choisir le camp de l’opposition muette et défendre par la suite les intérêts du nouveau Prince. C’est pourquoi, il nous semble indispensable de considérer en regard ou en miroir la Correspondance et le Panégyrique rédigés par Pline, en tenant compte de la chronologie et de la spécificité des supports utilisés, lettres ou discours réécrits pour les besoins de la publication, mais aussi en tenant compte de productions littéraires et rhétoriques produites en des temps séparés, évidemment pour le Panégyrique et sans doute pour une bonne partie de la Correspondance ; celle-ci ne peut plus être lue comme l’émanation d’une réaction à chaud mais comme la construction d’une démonstration à charge contre Domitien. Pline confond sciemment alors rhétorique d’avocat et démonstration historique. Ses exempla fonctionnent ainsi comme autant de preuves accablantes de la culpabilité assassine de Domitien. C’est dans ce contexte de production de la Correspondance et du Panégyrique, œuvres qui s’influencent mutuellement, qu’il faut lire les événements de l’année 93 qui fut marquée par un procès de repetundis mené, au nom de la province de Bétique, par Pline avec Herennius Senecio contre Baebius Massa, ancien proconsul de la province. L’affaire, de pénale, devint politique et Senecio, d’accusateur, devint accusé, puis finit par être condamné à mort sur la base de maiestas minuta9 ; Pline ne fut pas touché par l’affaire et sa carrière put continuer. Avec la préture, Pline avait occupé une fonction importante au service de l’empereur qui le protégea sans doute et lui ouvrit l’accès à la praefectura aerari militaris, d’une durée de trois ans, et le conduisit à occuper ce poste de 94 à 96 sans incidents apparents. L’année 97 marque la promotion de Pline à la praefectura aerari Saturni dans un climat politique exécrable. Les circonstances de cette promotion ont suscité de nombreux débats, mais on peut penser que Pline tentait de faire condamner Publius Certus, délateur, en 93, de Helvidius Priscus, un ami très proche. S’il n’obtint pas sa condamnation, il obtint du moins le poste de Publius Certus, la praefectura aerarii Saturni, lorsque ce dernier quitta ladite fonction pour le consulat que Nerva lui refusa. Pline et Cornutus Tertullus furent donc les successeurs de Bittius Proculus et de Publius Certus, ce que Pline rapporte comme étant un juste retour des choses : « le divin Nerva nous avait payés des dangers courus en voulant nous promouvoir, non pour nos mérites, mais parce que le succès de ceux qui auparavant souhaitaient avant tout être oubliés du prince était aussi un signe du changement des temps »10. L’exposition de la mécanique des événements est ici utilisée pour discréditer ses anciens concurrents au moment où Domitien est éliminé au profit de Nerva. La négation de la chronologie des événements permet ainsi à Pline d’utiliser le changement de règne comme un moyen d’estompage de son rôle sous Domitien.

  • 11  Pline, Panégyrique 91, 1 : nondum biennum compleueramus in officio laboriosissimo et maximo, cum t (...)
  • 12  R. Syme, « Juvenal, Pliny, Tacitus », AJPh, 100 (1979), p. 250-278.

4Ils n’eurent pas le temps d’achever leur tâche qu’ils furent nommés consuls suffects, par Trajan, en septembre 100 : « nous n’avions pas encore fini deux années dans un office important et très pénible, lorsque toi le meilleur des princes, le plus valeureux des empereurs, tu nous as offert le consulat, pour qu’à l’honneur suprême s’ajoutât la gloire d’une promotion rapide »11. Pline est donc nommé consul en compagnie de Cornutus Tertullus, sans qu’il perde pour autant la préfecture du trésor. Cette année 100 fut également marquée par le procès de Marius Priscus, un émule, si l’on peut dire, de Verrès, qui était accusé par les Africains du pillage de la province dont il était proconsul et de meurtres juridiques. L’accusation fut confiée à Pline et à Tacite, la défense à Salvius Liberalis et à Catius Fronto. Marius Priscus fut condamné12. Pline, bien entendu, présente ce renversement de perspective politico-judiciaire comme le rétablissement du droit. Cette démonstration est particulièrement mise en valeur dans la Correspondance, ce qui prouve une réécriture d’une partie de celle-ci à la lumière des événements récents, c’est-à-dire sous les principats de Nerva et de Trajan.

  • 13  Exprimere non possum quanto sim gaudio adfectus et ipsius et meo nomine ; ipsius, quod, sit licet, (...)
  • 14  ILS 5930 ; CIL VI 31550-1 ; AE, 1933, n. 97.

5Après son consulat, Pline devient curator aluei Tiberis et riparum et cloacarum urbis. Si ce n’était par l’inscription de Côme (CIL V 5262 = ILS 2927) et l’allusion qu’il fait à cette fonction dans l’éloge de Cornutus Tertullus, nous n’aurions pas d’autre information sur l’activité de Pline dans ce poste. Dans la lettre V, 14, 2, nous pouvons déduire cette fonction de l’éloge qu’il dresse de Cornutus Tertullus : « je ne puis exprimer la joie que j’éprouvai et pour lui et pour moi ; pour lui, car à supposer même qu’il soit — et il l’est — parfaitement étranger à toute ambition, il doit cependant être satisfait d’un honneur qui lui a été spontanément offert ; pour moi, parce que la charge qui m’a été confiée prend à mes yeux une nouvelle valeur quand j’en vois une de même importance donnée à Cornutus »13. Pour Th. Mommsen, Pline, qui obtient la cura aluei Tiberis et riparum et cloacarum urbis, et Tertullus, qui obtient la cura uiae Æmiliae la même année, poursuivent donc une carrière symétrique qui permet, par ailleurs, de dater la curatèle de l’année 105 ou 106, année où Pline succèderait, pour un an, à Ti. Iulius Ferox qui occupa ce poste en 101 et 10314.

  • 15  Cicéron fut consul à quarante-trois ans et augure à cinquante-trois ans ; Pline fut consul à trent (...)

6L’augurat15 qui est évoqué dans les deux lettres, IV, 8 et X, 13, est aussi un élément important pour comprendre comment Pline profite de l’évocation d’une nouvelle magistrature pour inscrire son cursus dans une dynamique historique qui est validée par les comparaisons auxquelles il recourt. Dans la réponse qu’il adresse à Maturus Arrianus, qui l’avait félicité pour l’obtention de l’augurat, Pline écrit :

  • 16  Bien qu’à l’époque impériale, la plupart des augures fussent nommés par l’empereur, il existait to (...)
  • 17  Pline, Lettres IV, 8, 1-5 : gratularis mihi quod acceperim auguratum, iure gratularis, primum quod (...)

Vous me félicitez d’avoir été élevé à l’augurat : vous avez raison, d’abord parce qu’il est flatteur d’obtenir une marque d’estime d’un prince si sage, même en matière peu importante, puis parce que ce sacerdoce considéré en lui-même est ancien et vénérable et de plus sacré et privilégié entre tous, pour être irrévocable jusqu’à la mort. […] Et voici encore une autre circonstance que je juge, moi, digne de vos félicitations : j’ai succédé à Frontin, l’un des premiers des Romains, qui, au jour de la présentation des noms16, n’a jamais manqué ces dernières années de me proposer pour ce sacerdoce, semblant ainsi me désigner pour prendre sa place. […] De votre côté, vous me l’écrivez, si mon augurat vous réjouit, c’est surtout parce que Cicéron a été augure. Il vous plaît que je possède les honneurs de celui dont j’essaie d’imiter les travaux. Mais veuillent les dieux qu’après avoir revêtu le consulat à un âge encore bien moins avancé que le sien, je puisse au moins dans ma vieillesse posséder un peu de son génie17.

  • 18 Cum sciam, domine, ad testimonium laudemque morum meorum pertinere tam boni principis iudicio exorn (...)
  • 19 Victoriae tuae, optime imperator, maximae, pulcherrimae, antiquissimae et tuo nomine et rei publica (...)
  • 20  A. N. Sherwin-White, The Letters of Pliny. A Historical and Social Commentary, Londres, Clarendon (...)
  • 21  Pline, Lettres X, 42 ; 61 ; 62.
  • 22  A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 529-533.
  • 23  Pline, Lettres X, 72 : […] secundum epistulam Domitiani scriptam Minicio Rufo et secundum exempla (...)
  • 24  M. Durry, Pline le Jeune. Lettres (livre X) et Panégyrique de Trajan, Paris, Les Belles Lettres, 1 (...)
  • 25  H.-G. Pflaum, Essai sur le cursus publicus sous le Haut-Empire romain, Paris, Imprimerie nationale (...)

7Dans la lettre X, 13 que Pline adresse à Trajan pour solliciter soit le septemvirat, soit l’augurat, puisqu’il y a vacance sur ces deux sacerdoces, il inscrit sa requête dans une procédure d’auto-recommandation en s’appliquant certains critères de l’exemplum politico-religieux qui sont autant de rappels historiques du fonctionnement de l’augurat dans le cadre renouvelé du culte impérial : « Maître, sachant que rien ne peut davantage porter témoignage et faire l’éloge de ma conduite que les marques d’estime dont m’aura honoré un si bon prince, je te demande de bien vouloir ajouter à la dignité, où ta bienveillance m’a promu, l’augurat ou le septemvirat, puisqu’il y a des vacances. Ainsi le sacerdoce me donnera le droit d’adresser aux dieux pour toi et au nom de l’État les prières que ma piété leur adresse actuellement à titre privé »18. Cette lettre, qui est écrite certainement avant la fin de la Première Guerre dacique comme semble l’attester la lettre X, 14 — « de ta victoire, excellent Prince, si importante, si belle, si admirable, je félicite et toi-même et l’État […] »19—, s’inscrit à un moment où Pline n’occupe aucune fonction publique, alors que la lettre IV, 8 est une lettre de félicitations d’Arrianus Maturus pour l’obtention de l’augurat. La lettre IV, 8 est donc postérieure à la lettre X, 13. Or l’entrée en fonction dans le sacerdoce n’a lieu qu’une seule fois l’an et à une date précise, comme pour le consulat. Dans cette perspective, suivant Th. Mommsen, A. N. Sherwin-White20 proposait une chronologie en trois temps : Pline demande le sacerdoce en 102, le reçoit en 103 et Arrianus Maturus l’en félicite quelque mois plus tard, en 104, car il occupe une charge équestre en Égypte. Sa promotion se fait donc dans un contexte légaliste mais est profondément marquée, une fois de plus, par un soupçon de protection politique et amicale cette fois-ci, comme le souligne Pline à travers sa correspondance avec Trajan , soupçon que renforcera sa nomination à son poste de legatus Augusti pro praetore consulari potestate. Dans ce cas, la chronologie que nous fournit la correspondance du livre X, quant à sa légation du Pont-Bithynie, repose sur la citation de Calpurnius Macer (X, 42)21, dont nous savons qu’il fut gouverneur de Mésie inférieure en 111-112, et sur le fait que sa correspondance de Bithynie porte sur trois années, comme Pline lui-même le suggère en faisant référence à des fêtes annuelles : son arrivée le 17 septembre (X, 17a), le début de sa légation le 24 novembre, l’anniversaire de Trajan le 18 septembre, les fêtes de Nouvel An le 1er ou le 3 janvier (X, 35-36 ; 100-101), le dies imperii de Trajan le 28 janvier (X, 1 ; 52 ; 102-103)22. Les lettres de Pline ont été envoyées avant que Trajan ne parte pour les Guerres parthiques. C’est là un terminus ante quem irréfutable. Sa fonction est extraordinaire, ce qui lui valait certainement le droit d’être accompagné par six licteurs au lieu des cinq traditionnellement alloués à un legatus Augusti pro praetore. Sa dignitas est proconsulaire. Pourtant, il semble indécis sur ses prérogatives lorsqu’il écrit à Trajan : à propos « de la lettre de Domitien à Minucius Rufus et la jurisprudence des proconsuls, j’ai pensé au sénatus-consulte qui concerne le même genre d’affaires ; il ne parle que des provinces qui ont à leur tête des proconsuls. J’ai donc remis toute l’affaire, maître, jusqu’à ce que tu me signifies quelle règle tu veux me voir suivre »23. L’évocation de ses missions et des décisions qu’il est amené à prendre forment un canevas de faits nombreux qui mettent en valeur sa gestion raisonnée de la province, mais soulignent aussi un contrepoint avec l’évocation des procès pour concussion et prévarication qu’il a évoqués dans ses lettres avec ses amis dans les autres livres de la Correspondance. C’est une autre histoire qui se construit ici. En fait, Pline est envoyé en Bithynie pour remettre de l’ordre, peut-être dans la perspective d’une proche campagne parthique de Trajan24. De fait, il ne doit pas remédier à une mauvaise gestion de la part du gouverneur précédent, il doit permettre à l’État de reprendre le contrôle des Bithyniens, de faire cesser les querelles intestines entre cités25. Cette mission est dès lors présentée comme historique. La narration de sa gestion des affaires publiques sert à construire un modèle du gouverneur en synergie avec la politique du Prince. Les faits rapportés dans ses lettres constituent la structuration d’une histoire de sa présence en Bithynie.

8Sa mort, à la fin de 112 ou au début de 113, ne lui permit pas, sans doute, d’achever son œuvre de remise en ordre de la Bithynie. C’est du moins ce que semblent signifier les nombreux obstacles auxquels il est confronté dans ses relations avec différents groupes de populations locales. De la même manière, il ne put achever la réorganisation de sa Correspondance en vue de la publication :

  • 26  Pline, Lettres I, 1 : frequenter hortatus es ut epistulas, si quas paulo curatius scripsissem, col (...)

Bien souvent vous m’avez pressé de recueillir celles de mes lettres que j’aurais écrites avec un peu plus de soin et de les livrer au public. J’en ai recueilli, sans observer l’ordre des dates (car ce n’était pas une histoire que je composais), mais à mesure qu’elles me sont tombées sous la main. Il reste que nous n’ayons pas à nous repentir, vous de votre conseil et moi de ma docilité. En ce cas, je rechercherai celles qui ne l’ont point été encore et si j’en écris de nouvelles, je ne les laisserai pas se perdre. Adieu26.

  • 27  Pline, Lettres VII, 9, 8 : uolo interdum aliquem ex historia locum apprehendas, uolo epistulam dil (...)
  • 28 Sed etiam finem faciam, ne modum, quem etiam orationi adhibendum puto, in epistula excedam.

9L’œuvre qui nous est parvenue est certes émaillée de contradictions et d’inversions chronologiques, mais elle a, pour nous, le mérite d’être une source d’informations précises sur un certain nombre d’acteurs politiques de la fin du Ier siècle de notre ère, organisés autour d’un réseau et d’un circulus qui sont les axes de la diffusion des idées pliniennes sur l’humanitas mais aussi le cadre d’une réflexion sur le pouvoir, la société et les enjeux politiques qui séparent les membres de son ordre en deux entités antagoniques. La première lettre de la Correspondance de Pline le Jeune, contenant la dédicace de l’ouvrage entier à C. Septicius Clarus, fixe l’objet du recueil que l’auteur décide de rendre public tout en opérant des sélections et une organisation interne qui ne donneront qu’une vue partielle et orientée de l’œuvre et de son rédacteur. Lui-même définit tantôt son type de lettres comme epistulae curatius (Lettres I, 1, 1) ou epistulae curiosius (Lettres IX, 28, 5) ou encore diligentius scriptae (Lettres VII, 9, 8) qu’il faut donc distinguer de l’essai philosophique, tel que le pratique Sénèque sous la forme épistolaire (scholasticas litteras). S’adressant à Fuscus, que son goût littéraire porte vers l’éloquence judiciaire, Pline lui conseille de ne pas toujours recourir à un style sans cesse chicanier et guerroyeur : « Je voudrais que de temps en temps vous choisissiez un passage de l’histoire, je voudrais que vous missiez un peu plus de soin à quelque lettre. Car souvent, même dans un discours, le sujet appelle une description d’allure historique ou même poétique, et si l’on veut un style rapide et correct, c’est la lettre qui le donne »27. La correspondance est donc pensée par Pline comme le moyen de restituer des événements par le biais d’une forme concise qui est celle de la lettre. Cette forme de narration des faits permet une fragmentation de l’information et une progression du récit qui peut s’échelonner sur plusieurs lettres, parfois sous la forme d’un dialogue avec un interlocuteur identifié par Pline. Cette méthode lui permet de partager non seulement le contenu de l’information mais également la responsabilité de sa rédaction. Il est à noter que le principat de Domitien, marqué par une pratique efficace de la délation, pouvait mettre en danger un membre de l’aristocratie sur la simple accusation d’un tiers. Des correspondances croisées et fractionnées étaient un moyen de tisser un réseau de solidarités involontaires mais protectrices face à une éventuelle dénonciation. La méthode épistolaire est aussi le moyen de se protéger, comme Pline le confesse volontiers dans la lettre II, 5, 13. Alors qu’il s’adresse à Lupercus à propos d’une demande de correction, il met en évidence, implicitement, la fonction qui doit être celle du sermo : « Mais maintenant je vais m’arrêter pour ne pas dépasser dans une lettre la mesure que je crois obligatoire dans un discours »28. La mesure est rhétorique autant que politique dans ce cadre.

  • 29  Haec tibi scripsi, quia de omnibus quae me uel delectant uel angunt non aliter tecum quam mecum lo (...)
  • 30  A.-M. Guillemin, Pline et la vie littéraire de son temps, Paris, Les Belles Lettres, 1929, p. 1-12 (...)
  • 31  J.-M. André, « Pensée et philosophie dans les Lettres de Pline le Jeune », RVE, 53 (1975), p. 225- (...)
  • 32  Senèque, Lettres VI, 33, 4 : non sunt isti amici […] qui in primas et secundas admissiones digeren (...)
  • 33  Pline, Lettres II, 6, 2 : minoribus amicis ; Cicéron, Ad Atticum I, 18, 1 : itaque cum bene comple (...)

10Approfondissant sa méthode d’exposition des faits, Pline, en V, 1, 12, souligne que pour lui la fonction d’une lettre est d’être informative sur le mode de la conversation. S’adressant à Annius Severus il écrit : « Je vous fais ce récit parce que de tout ce qui me réjouit, de tout ce qui m’inquiète, je parle avec vous comme je le ferais avec moi-même ; puis je trouverais cruel, sachant votre amitié pour moi, de vous priver d’un plaisir dont je jouis »29. La relation étroite entre l’amitié et sa garantie qu’est la lettre semble être un souci constant des échanges épistolaires de Pline le Jeune. À cet égard, l’influence de Cicéron et celle de Sénèque sont sensibles comme l’ont montré A.-M. Guillemin30 et J.-M. André31. L’étude d’A.‑M. Guillemin a montré également que, même si Pline le Jeune et Sénèque s’en défendent32, il existe une hiérarchie de l’amitié héritée de l’ancien patronat qui distingue les amici minores33 ou tenuiores et les magnae amicitiae. Cette hiérarchie amicale est aussi l’occasion de communiquer des informations de premier ou de second plan à ses interlocuteurs. La lettre est le moyen de faire circuler des contenus politiques ou idéologiques sous des formes dérivées.

11Le rappel des questions juridiques ou des procès ayant eu lieu sous les principats antérieurs à celui de Domitien est aussi une façon de porter des jugements sur le principat du dernier des Flaviens tout en s’appuyant sur des faits antérieurs. La critique, violente parfois, de Pline contre les affranchis impériaux est manifeste dans le Panégyrique prononcé en l’honneur de Trajan où il devient non seulement un exemplum historiographique mais également un procès à charge contre Domitien. La Correspondance, elle, ne peut pas se permettre cette attaque frontale puisqu’elle est produite en grande partie sous le principat de Domitien et pendant le cursus honorum de Pline. Le ton y est plus feutré, les exempla plus anciens : ce sont les principats de Claude et de Néron qui sont attaqués à travers les affaires judiciaires et les procès iniques organisés contre les membres du Sénat. L’exemplum de juridique devient historique et permet de construire une « filiation », une « continuité » comportementale. En évoquant Claude et Néron Pline attaque en fait Domitien. Ses interlocuteurs en sont bien conscients et font partie avec lui des circuli politico-littéraires opposés à Domitien. Le Panégyrique exposera cette conception au grand jour en formulant une conception précise du pouvoir princier et du rôle du Sénat. La Correspondance avait contribué à cette formalisation en distillant, au fil des lettres, un portrait du mauvais prince. Il suffisait d’inverser la perspective pour avoir accès à la figure idéale du Princeps.

  • 34  A.-M. Guillemin, op. cit., p. 5-6. Sur la place des échanges épistolaires dans les réseaux d’amici (...)
  • 35  Cicéron, Ad familiares XIII, 17, 3.
  • 36  Cf. Cicéron, De officiis ; Senèque, De beneficiis.
  • 37  Cicéron, De officiis I, 7, 20 : huic (iustitiae) coniuncta beneficentia, quam eamdem uel benignita (...)
  • 38  Senèque, De beneficiis I, 5, 4 ; I, 11, 3 ; III, 9, 2 ; IV, 12, 2, etc. ; M. Lausberg, « Cicero-Se (...)

12Les lettres pliniennes s’inscrivent dans une typologie particulière qui centre la dialectique de l’échange de lettres dans la recherche souvent explicite de recommandation34. Elles manifestent clairement les liens unissant les amici, parfois en dépit des règles du mos maiorum35, mais toujours en liaison avec les réseaux d’amitiés et de clientèle qui traduisent l’entraide réciproque36, renforcée par l’animation d’un circulus littéraire et politique. Si le modèle cicéronien n’est jamais loin en faisant de la beneficentia une partie de la justice37, car elle conduit, selon Sénèque38, à des faits remarquables, la pratique de Pline le Jeune s’écarte du modèle cicéronien dans la mesure où le remarquable n’est pas le fait lui-même mais la lecture qui en est faite. Sans renier ce que ses modèles épistolaires ont conceptualisé, il trouve nécessaire d’expliciter le sens réel de ce qui s’est produit. Sa démarche, toute mesure et toute nuance gardées, est plus celle d’un historien que celle d’un philosophe dans l’utilisation de l’art épistolaire pour énoncer ce qui s’est produit et dans quel but.

  • 39  N. M. Dragicevic, Essai sur le caractère des lettres de Pline le Jeune, diss. Mostar, 1936 ; K. Ze (...)
  • 40  Pline, Lettres IV, 1, 2 ; VI, 1, 1-2 ; VI, 6, 1 ; VI, 7, 1-3 ; VI, 4, 3-5 ; VII, 5, 1-2.
  • 41  Pline, Lettres I, 11 ; III, 17, 1-3 ; VIII, 16 ; VIII, 17, 6, etc.
  • 42  Pline, Lettres I, 5, 17 ; I, 11 ; I, 22, 12 ; III, 4, 1 ; III, 18, 11 ; IV, 24, 7 ; V, 18 ; IX, 3, (...)
  • 43  Pline, Lettres II, 11, 1 ; II, 11, 25 ; III, 20, 10-12 ; IV, 7, 6 ; IV, 11, 15-16 ; VII, 24, 8 ; V (...)

13Si pour Pline, comme pour Cicéron et Sénèque, la lettre a pour fonction première de mettre en relation deux individus séparés, mais qui partagent un certain nombre de points de vue communs sur les affaires publiques et les relations humaines39, la relation amicale se doit de renouer le contact que Pline définit paradoxalement par le desiderium absentium qui ne permet que partiellement et ponctuellement de pallier l’absence réelle40, en principe en raison d’une distance géographique, mais le contact amical emprunte des chemins parfois étonnants. Ainsi, les demandes de nouvelles à propos de l’état de santé de ses amis, mais aussi d’affranchis et d’esclaves constituent un motif récurrent de son œuvre épistolaire41. Communicare inter nos les préoccupations quotidiennes42 est un des fondements de la relation épistolaire telle que la conçoit Pline qui a bien conscience que le contexte, qu’il soit historique, politique ou tout simplement conjoncturel, au sens de la vie quotidienne, détermine le contenu et la forme de ses lettres43. C’est cette conception de la correspondance à distance qui lui permet d’évoquer des questions d’actualité ou des réflexions sur la nature du pouvoir et de sa gestion de la société. Nous venons de souligner que le cercle des amis de Pline est constitué essentiellement par des membres des ordres sénatorial et équestre qui sont les premiers groupes socio-politiques frappés par les répressions princières, et notamment par celles de Caligula, de Claude, de Néron et de Domitien que Pline considère crescendo par l’utilisation d’exemples d’affaires, de procès, de jugements ou de malversations qui mettent en cause les princes eux-mêmes ou leurs fidèles, parmi lesquels il accorde une place centrale aux affranchis impériaux.

  • 44  A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 9.
  • 45  J. Bayet, Littérature latine, Paris, Colin, 1965, p. 403. Sur l’idée que sa correspondance puisse (...)
  • 46  C’est en effet le 18 septembre 96 que Domitien fut assassiné et que Nerva lui succéda le même jour (...)
  • 47  Pline, Panégyrique 92, 4 : nam, quod eos potissimum mensi attribuisti quem tuus natalis exornat, q (...)
  • 48  Ovide, Pontiques IV, 4, 35 ; Carmen panegyricum in Pisonem 68 ; Pline, Panégyrique 4, 1 ; Lettres (...)
  • 49  M. Durry, Panégyrique de Trajan. Introduction, Les Belles Lettres, Paris, 19643, p. 86 ; M. L. Pal (...)
  • 50  M. Durry, Panégyrique de Trajan, édition commentée, Paris, Les Belles Lettres, 1938 ; J. Mesk, « D (...)
  • 51  Voir les différentes contributions au colloque sur Les années Domitien, Pallas, 40 (1994).

14A. N. Sherwin-White a montré, en élargissant l’étude effectuée par A.-M. Guillemin, que Pline utilisait des introductions phrastiques. Il les a regroupées en seize types de phrases standardisées44 qui prouverait une rédaction en vue de la publication, du moins pour les livres intermédiaires. Lorsque Pline n’utilise pas les introductions stylisées ou leurs variantes, il introduit directement son thème. Globalement, la Correspondance apparaît comme une construction théorique et personnelle à la fois. Marqué par sa formation, Pline est amené à faire correspondre ses lettres à des modèles dont il est difficile de dire s’ils ont été la structure par laquelle il a construit leur rédaction ou si, au contraire, les lettres ont été retravaillées pour répondre à l’exigence de cette structure syntaxique. Contraint par l’aspect, certes théorique mais bien présent, d’une certaine unité thématique qui excluait que l’on pût développer plusieurs idées dans sa lettre, il met en œuvre une ratio scribendae epistulae née de sa formation juridique et oratoire, mais aussi des contraintes imposées par la technique et la théorie épistolaires qui suscitent un style bref et agile, d’où se dégagent une impression d’elegantia et de suauitas dans la tradition de la théorie épistolaire grecque et cicéronienne. Les exemples événementiels de sa Correspondance, telle qu’elle nous est parvenue, retravaillée ou non pour les besoins de la publication45, établissent une nuance entre les lettres adressées à des amis ou à des relations publiques, recueillies dans les neuf premiers volumes de lettres et les lettres adressées à l’empereur Trajan. Il ne semble pas qu’il faille, en effet, établir une distinction forte entre les lettres personnelles et les lettres administratives adressées à l’Empereur, si ce n’est sur la longueur du courrier et sur le type de réponse souhaitée. L’évocation des affaires publiques qui ont ou donnent des prolongements judiciaires ou pénaux permet à Pline de construire une procédure d’historicisation du fait divers, au sens moderne, ou du règlement de compte politique. Ces deux niveaux d’intervention du pouvoir impérial dans le contrôle de la société et leur assimilation par la structure même de la Correspondance plinienne conduisent à un amalgame que l’on pourrait qualifier d’histoire historicisante. Tous les faits se valant, ils finissent par donner une impression d’étouffement social et politique. La lettre est un moyen d’y échapper, mais elle crée, avec la distance temporelle et les registres thématiques favoris développés, une impression de société où l’amitié, au sens antique, est devenue un délit. Pour comprendre ce climat que la Correspondance suggère, il faut recourir à la lecture du Panégyrique de Trajan qui est l’occasion de clarifier la position politique de Pline. Toutefois, il faut souligner que les exempla historiques sont utilisés rétrospectivement et ne concernent que les règnes des empereurs honnis par la nouvelle vulgate princière. Dans cet exercice de dénonciation des travers passés, Pline va exceller. Si la réalité du Panégyrique ou gratiarum actio de Trajan, prononcé par Pline devant le Sénat, le 1er septembre 10046, jour de son entrée en fonction en tant que consul suffect avec C. Iulius Cornutus Tertullus, pour septembre et octobre de la même année, n’est pas contestable et si Pline s’en félicita, d’ailleurs, en ces termes : « Quel honneur pour nous que tu nous aies affectés au mois qu’embellit ton anniversaire ! C’est à nous qu’il incombera de célébrer par un édit, de célébrer par des jeux ce jour de liesse triplement joyeux pour nous avoir enlevé un prince très mauvais, pour nous en avoir donné un très bon, pour en avoir fait naître un meilleur que le très bon »47, n’oublions pas que cet exercice de style est aussi un justificatif puissant, a posteriori, de condamnation des exactions du passé et une manifestation d’adhésion au nouveau pouvoir par la condamnation de certains des principats antérieurs. On sait que le panégyrique était, en quelque sorte, un exercice obligatoire qu’un sénatus-consulte48, datant du principat d’Auguste, recommandait aux consuls d’adresser, en pareille occasion, au Prince qui les avait choisis. « Mais depuis l’institution du principat, on avait entendu des centaines de ces remerciements et celui de septembre 100 serait resté enfoui dans les acta du Sénat si Pline ne lui avait fait un sort en le remaniant. C’est ainsi que la gratiarum actio devint le Panegyricus, titre tardif que la tradition manuscrite a conservé »49. M. Durry, son éditeur dans la CUF et, avec lui, la plupart des chercheurs qui se sont penchés sur ce texte pensent que le Panégyrique a été remanié50. Le texte qui nous est parvenu serait trois ou quatre fois plus long que l’original. Le Panégyrique, même retravaillé, est sans doute bien réel mais il est, lors de sa reprise en vue d’une publication qui va servir de modèle pour les textes de même nature prononcés et rédigés par la suite, retravaillé afin de souligner les éléments distinctifs entre le règne de Trajan et notamment celui de Domitien. Dès lors le contenu même est suspect d’exagérations et de déformations de certains des faits, rapportés en vue de renforcer la damnatio memoriae qui frappe le dernier des Flaviens. Les faits rapportés par Pline sont livrés comme des faits historiques que la tradition historiographique a colportés jusque dans les années 196051.


***

15En conclusion, on peut relever que la plupart des thèmes, dans lesquels s’inscrivent les lettres, obéissent aux critères mis en place par Cicéron et Quintilien, critères qui ne sont pas exactement les 21 critères des formae epistulae des Grecs. Cicéron, dans ses lettres Ad familiares (II, 4, 1 ; IV, 13, 1 ; V, 5, 1), évoque les thèmes suivants : res domisticae, promissio auxilii, consolatio doloris, litterae commendaticiae. Si nous ajoutons les quatre thèmes que Quintilien retient pour qualifier l’egressus (IV, 3, 12) — laus hominum locorumque, expositio rerum gestarum et la descriptio regionum , nous avons les principaux axes thématiques de la Correspondance plinienne qui vont développer des exempla de type historique. Les affaires publiques (res gestae) qui comprennent les événements contemporains tels que les débats sénatoriaux, les persécutions, les actes des magistrats ou de l’empereur, l’histoire ou l’évocation des événements antérieurs à la rédaction des lettres, les notes brèves sur les affaires sociales, économiques, politiques etc. — que l’on distingue des évocations ci-dessus par leur brièveté, leur acuité ou leur ton anecdotique et les affaires traitées à la cour par Pline ou ses amis sont le cœur des exempla historicisants et constituent un des axes essentiels de la Correspondance entre Pline et ses interlocuteurs, mais aussi avec Trajan. Ces évocations de faits réels centraux ou anecdotiques dans la vie de Rome ou de son Empire sont parfois doublées par des laudes hominum qui sont l’occasion de rappeler des faits marquants, des événements politiques douloureux, occultés en apparence par les exitus illustrium, « nécrologies ». Il en est de même lorsque Pline évoque avec ses correspondants des affaires domestiques (res domesticae) qui sont l’occasion de défendre des positions hostiles à la gestion des affaires par des proches des empereurs Claude, Néron et Domitien. L’utilisation de l’art épistolaire par Pline est d’abord une stratégie de revendication de contournement de la répression domitienne. Nous sommes devant une inconnue majeure qui est le degré de reprise et de rédaction transformée de cette Correspondance. Cette dimension inconnue ne pèse pas uniquement sur la réalité des informations transmises par Pline. Ensuite, jusqu’à quel point les faits et les descriptions, qu’il s’agisse d’événements politiques, judiciaires ou autres, ont-ils été pensés comme des faits historiquement importants ? Enfin, quand bien même Pline aurait construit une sorte d’histoire du principat de Domitien, par exemple, dans quelle mesure est-elle proche de ce qui s’est produit réellement ? Cette réflexion sur l’œuvre littéraire comme source pour les historiens revient à s’interroger sur l’écriture de l’histoire et sur ses formes aussi variables que multiples à travers les siècles.

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Notes

1  En dernier lieu, Ch. Badel, La noblesse de l’Empire romain : les masques et la vertu, Paris, Champ Vallon, 2005 ; N. Méthy, Les lettres de Pline le Jeune : une représentation de l’homme, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2007, p. 59-113.

2 Th.Mommsen, Droit public romain IV, Paris, E. Thorin, 1893, p. 227 ; A.-M. Guillemin, Pline le Jeune, Lettres : Livres I-III, Paris, Les Belles Lettres, 1927, Introduction, p. XI-XII ; A. N. Sherwin‑White, The Letters of Pliny. A Historical and Social Commentary, Londres, Clarendon Press, 1966, p. 73.

3  S. Demougin, « L’Ordre équestre sous Domitien », in J.‑M. Pailler&R. Sablayrolles (eds.), Les années Domitien, Pallas, 40 (1994), p. 289-299.

4  Pline, Lettres VII, 16, 2 : simul militauimus, simul quaestores Caesaris fuimus. Ille me in tribunatu liberorum iure praecessit, ego illum in praetura sum consecutus, cum mihi Caesar annum remisisset. Les traductions sont celles d’A.-M. Guillemin publiées dans la CUF et révisées par nous le cas échéant.

5  Dion Cassius, LII, 20, 1-2 ; Digeste L, 1, 18 ; IV, 14, 5.

6  Agricola, tout en respectant le délai d’un an entre chaque poste, mais ayant deux enfants, accéda à la préture à vingt-huit ans. Cf. Tacite, Agricola 6.

7  A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 763-771 ; Idem, « Pliny’s praetorship again », JRS, XLVII (1957), p. 126-130.

8  ILS 2934.

9  Pline, Lettres III, 11, 3 ; D. Hennig, « Zu Plinius Ep.7, 33 », Historia, XXVII (1978), p. 246-249.

10  Pline, Panégyrique 90, 6 : habuerat hunc honorem periculis nostris diuus Nerua, ut nos, etsi minus ut bonos, promouere uellet, quia mutati saeculi signum et hoc esset quod florerent, quorum praecipuum uotum ante fuerat ut memoriae principis elaberentur.

11  Pline, Panégyrique 91, 1 : nondum biennum compleueramus in officio laboriosissimo et maximo, cum tu nobis, optime principum, fortissime imperatorum, consulatum obtulisti, ut ad summum honorem gloria celeritatis accederet.

12  R. Syme, « Juvenal, Pliny, Tacitus », AJPh, 100 (1979), p. 250-278.

13  Exprimere non possum quanto sim gaudio adfectus et ipsius et meo nomine ; ipsius, quod, sit licet, sicut est, ab omni ambitione longe remotus, debet tamen ei iucundus honor esse ultro datus, meo, quod aliquanto magis me delectat mandatum mihi officium, postquam par Cornuto datum uideo.

14  ILS 5930 ; CIL VI 31550-1 ; AE, 1933, n. 97.

15  Cicéron fut consul à quarante-trois ans et augure à cinquante-trois ans ; Pline fut consul à trente-huit ans et augure à quarante ou quarante et un ans.

16  Bien qu’à l’époque impériale, la plupart des augures fussent nommés par l’empereur, il existait toujours la possibilité du système de la cooptatio grâce à la nominatio par un collègue qui garantissait par serment le candidat ; la cooptatio, choix du collègue ; l’inauguratio, consécration par un collègue.

17  Pline, Lettres IV, 8, 1-5 : gratularis mihi quod acceperim auguratum, iure gratularis, primum quod grauissimi principis iudicium in minoribus etiam rebus consequi pulchrum est ; deinde quod sacerdotium ipsum cum priscum et religiosum tum hoc quoque sacrum plane et insigne est, quod non adimitur uiuenti. […] Mihi uero illud etiam gratulatione dignum uidetur, quod successi Iulio Frontino, principi uiro, qui me nominationis die per hos continuos annos inter sacerdotes nominabat, tamquam in locum suum cooptaret […] Te quidem, ut scribis, ob hoc maxime delectat auguratus meus, quod M. Tullius augur fuit ; laetaris enim quod honoribus eius insistam, quem aemulari in studiis cupio. Sed utinam, ut sacerdotium idem, ut consulatum multo etiam iuuenior quam ille sum consecutus, ita senex saltem ingenium eius aliqua ex parte adsequi possim.

18 Cum sciam, domine, ad testimonium laudemque morum meorum pertinere tam boni principis iudicio exornari, rogo dignitati, ad quam me prouexit indulgentia tua, uel auguratum uel septemuiratum, quia uacant, adicere digneris, ut iure sacerdotii precari deos pro te publice possim, quos nunc precor pietate priuata.

19 Victoriae tuae, optime imperator, maximae, pulcherrimae, antiquissimae et tuo nomine et rei publicae gratulor […].

20  A. N. Sherwin-White, The Letters of Pliny. A Historical and Social Commentary, Londres, Clarendon Press, 1966, p. 80.

21  Pline, Lettres X, 42 ; 61 ; 62.

22  A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 529-533.

23  Pline, Lettres X, 72 : […] secundum epistulam Domitiani scriptam Minicio Rufo et secundum exempla proconsulum ipse cognoscerem, respexi ad senatus consultum pertinens ad eadem genera causarum, quod de iis tantum prouinciis loquitur, quibus proconsules praesunt ; ideoque rem integram distuli, dum tu, domine, praeceperis quid obseruare me uelis.

24  M. Durry, Pline le Jeune. Lettres (livre X) et Panégyrique de Trajan, Paris, Les Belles Lettres, 19643, p. VIII-XII ; A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 525-528 ; L. Vidman, Étude sur la correspondance de Pline le Jeune avec Trajan, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1960.

25  H.-G. Pflaum, Essai sur le cursus publicus sous le Haut-Empire romain, Paris, Imprimerie nationale, 1940, p. 42-47.

26  Pline, Lettres I, 1 : frequenter hortatus es ut epistulas, si quas paulo curatius scripsissem, colligerem publicaremque. Collegi non seruato temporis ordine (neque enim historiam componebam), sed ut quaeque in manus uenerat. Superest ut nec te consilii nec me paeniteat obsequii. Ita enim fiet ut eas quae adhuc neglectae iacent requiram et, si quas addidero, non supprimam. Vale.

27  Pline, Lettres VII, 9, 8 : uolo interdum aliquem ex historia locum apprehendas, uolo epistulam diligentius scribas. Nam saepe in oratione quoque non historica modo, sed prope poetica descriptionum necessitas incidit, et pressus sermo purusque ex epistulis petitur.

28 Sed etiam finem faciam, ne modum, quem etiam orationi adhibendum puto, in epistula excedam.

29  Haec tibi scripsi, quia de omnibus quae me uel delectant uel angunt non aliter tecum quam mecum loqui soleo, deinde quod durum existimabam te amantissimum mei fraudare uoluptate quam ipse capiebam.

30  A.-M. Guillemin, Pline et la vie littéraire de son temps, Paris, Les Belles Lettres, 1929, p. 1-12 ; G. Suster, « De Plinio Ciceronis imitatore », RFIC, XVIII (1890), p. 74-86 ; R. J. Starr, « Pliny the Younger on Private Recitations and C. Titius on Irresponsible Judges », Latomus, XLIX (1990), p. 464-472.

31  J.-M. André, « Pensée et philosophie dans les Lettres de Pline le Jeune », RVE, 53 (1975), p. 225-247.

32  Senèque, Lettres VI, 33, 4 : non sunt isti amici […] qui in primas et secundas admissiones digerentur ; Pline, Lettres II, 6, 2 : nam gradatim amicos habet.

33  Pline, Lettres II, 6, 2 : minoribus amicis ; Cicéron, Ad Atticum I, 18, 1 : itaque cum bene completa domus est tempore matutino, cum ad forum stipati gregibus amicorum descendimus, reperire ex magna turba neminem possumus quocum aut iocari libere aut suspirare familiariter possimus.

34  A.-M. Guillemin, op. cit., p. 5-6. Sur la place des échanges épistolaires dans les réseaux d’amicitia, on peut se reporter à A. Dihle, « Antike Höflichkeit und christliche Demut », SIFC, XXVI (1952), p. 169-190, où l’auteur montre que les formules de politesse ne sont pas exemptes d’intérêt pour le rang social du destinataire plutôt que de la personne. L’article d’A. Dihle est prolongé par l’étude de B. Drewniexska qui s’intéresse à une problématique similaire dans la correspondance de Cicéron, « De formula salutationis quam Romani ab initio litterarum scribere soliti sunt », Meander, XXI (1966), p. 424-443. On lira aussi avec profit, F. Weber, « La Lettre d’amitié dans l’antiquité gréco-latine », REG, LXXXVI (1973), p. 260-263, qui est un compte rendu critique de l’ouvrage de K. Thraede, Grundzüge griechisch-römischer Brieftopik, Munich, Beck, 1970. Dans une bibliographie abondante, je voudrais renvoyer enfin à quelques études qui donnent en général un état de la question et une bibliographie antérieure : R. Andrezejwski, « La Structure de la lettre de recommandation antique à la lumière des principes de la rhétorique », Roczniki hum., XX (1972), p. 17-24 ; C. D. Lanham, Salutatio Formulas in Latin Letters to 1200. Syntax, Style and Theory, Munich, Arbeo-Gesellschaft, 1975 ; A. Plantera, « Osservazioni sulle commendatizie da Cicerone a Frontone », AFMG, II (1977), p. 5-36 ; H. Cotton, Documentary Letters of Recommendation in Latin from the Roman Empire, Königstein, Hain, 1981 ; F. Trisoglio, « La lettera di raccomandazione nell’epistolario ciceroniano », Latomus, XLIII, (1984), p. 751-775 ; A. Marcone, « Due epistolari a confronto. Corpus pliniano e corpus simmachiano », s. n., Studi di storia e storiografia antiche per Emilio Gabba, Côme, New Press, 1988, p. 143-154 ; H. Pavis d’Escurac, « Pline le Jeune et les lettres de recommandation », inE. Frézouls (ed.), La mobilité sociale dans le monde romain, Strasbourg, AECR, 1992, p. 55-69. ChPérez, « Prolégomènes à l’étude d’un rouage essentiel dans le fonctionnement des relations d’amicitia et de la vie publique de Cicéron : les messagers », inM.-H. Martoux & É. Geny (eds.), Mélanges Pierre Lévêque, Besançon / Paris, Les Belles Lettres, 1994, p. 293-360 ; A. Gonzalès, « Has epistulas Hermes tulit... Lettres et porteurs de lettres dans la Correspondance de Pline le Jeune », DHA, 24 (1998), p. 73-87 ; A. Bérenger-Badel,« Les Critères de compétence dans les lettres de recommandation de Fronton et de Pline le Jeune », REL, 78 (2001), p. 164-179.

35  Cicéron, Ad familiares XIII, 17, 3.

36  Cf. Cicéron, De officiis ; Senèque, De beneficiis.

37  Cicéron, De officiis I, 7, 20 : huic (iustitiae) coniuncta beneficentia, quam eamdem uel benignitatem uel liberalitatem appellari licet.

38  Senèque, De beneficiis I, 5, 4 ; I, 11, 3 ; III, 9, 2 ; IV, 12, 2, etc. ; M. Lausberg, « Cicero-Seneca-Plinius. Zur Geschichte des römischen Prosabriefs », Anregung, 37 (1991), p. 82-100 ; N. Rudd, « Stratagems of Vanity. Cicero, Ad familiares V, 12 and Pliny’s Letters »,in T. Woodman & J. Powell (eds.), Author and Audience in Latin Literature, Cambridge, Cambridge University Press, 1992, p. 18-33 ; J. Radicke, « Die Selbstdarstellung des Plinius in seinen Briefen »,Hermes, CXXV (1997), p. 447-469 ; A. M. Riggsby, « Self and Community in the Younger Pliny »,Arethusa, 31 (1998), p. 75-97.

39  N. M. Dragicevic, Essai sur le caractère des lettres de Pline le Jeune, diss. Mostar, 1936 ; K. Zelzer, « Zur Frage des Charakters der Briefsammlung des jüngeren Plinius »,WS, 77 (1964), p. 144-161 ; S. Lilja, « On the Nature of Pliny’s Letters», Arctos, 6 (1969), p. 66 ; N. Méthy, op. cit., p. 330-340.

40  Pline, Lettres IV, 1, 2 ; VI, 1, 1-2 ; VI, 6, 1 ; VI, 7, 1-3 ; VI, 4, 3-5 ; VII, 5, 1-2.

41  Pline, Lettres I, 11 ; III, 17, 1-3 ; VIII, 16 ; VIII, 17, 6, etc.

42  Pline, Lettres I, 5, 17 ; I, 11 ; I, 22, 12 ; III, 4, 1 ; III, 18, 11 ; IV, 24, 7 ; V, 18 ; IX, 3, 3 ; IX, 32.

43  Pline, Lettres II, 11, 1 ; II, 11, 25 ; III, 20, 10-12 ; IV, 7, 6 ; IV, 11, 15-16 ; VII, 24, 8 ; VIII, 18, 11-12 ; VIII, 20, 10 ; IX, 2.

44  A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 9.

45  J. Bayet, Littérature latine, Paris, Colin, 1965, p. 403. Sur l’idée que sa correspondance puisse être le résultat d’une conception artificielle des échanges épistolaires, on pourra toujours consulter K. Thraede, op. cit., p. 77. Contre cette idée, voir, entre autres, M. N. Muñoz Martin, op. cit., p. 92-98 ; H. Koskenniemi, Studien zur Idee und Phraseologie des greschischen Briefes bis 400 n. Chr., Helsinki, Suomalainen Kirjall, 1956, p. 57-59 ; N. M. Dragicevic, op. cit., et K. Zelzer, op.cit..

46  C’est en effet le 18 septembre 96 que Domitien fut assassiné et que Nerva lui succéda le même jour. C’est aussi un 18 septembre que Trajan est né.

47  Pline, Panégyrique 92, 4 : nam, quod eos potissimum mensi attribuisti quem tuus natalis exornat, quam pulchrum nobis, quibus edicto, quibus spectaculo celebrare continget diem illum triplici gaudio laetum, qui principem abstulit pessimum, dedit optimum, meliorem optimo genuit !

48  Ovide, Pontiques IV, 4, 35 ; Carmen panegyricum in Pisonem 68 ; Pline, Panégyrique 4, 1 ; Lettres II, 1, 5.

49  M. Durry, Panégyrique de Trajan. Introduction, Les Belles Lettres, Paris, 19643, p. 86 ; M. L. Paladini, « La gratiarum actio dei consoli in Roma attraverso la testimonianza di Plinio il Giovane », Historia, X (1961), p. 356-374 ; B. Radice, « Pliny and the Panegyricus », G&R, XV (1968), p. 166-172.

50  M. Durry, Panégyrique de Trajan, édition commentée, Paris, Les Belles Lettres, 1938 ; J. Mesk, « Die Bearbeitung des Plinian. Panegyricus auf Traian », WS, XXXII (1910), p. 230 sq.

51  Voir les différentes contributions au colloque sur Les années Domitien, Pallas, 40 (1994).

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Pour citer cet article

Référence papier

Antonio Gonzales, « Du politique comme exemplum historique à l’histoire comme exemplum politique. », Cahiers des études anciennes, XLVII | 2010, 433-455.

Référence électronique

Antonio Gonzales, « Du politique comme exemplum historique à l’histoire comme exemplum politique. », Cahiers des études anciennes [En ligne], XLVII | 2010, mis en ligne le 13 mars 2010, consulté le 27 février 2014. URL : http://etudesanciennes.revues.org/153

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Auteur

Antonio Gonzales

Université de Franche-Comté ISTA EA 4011

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Droits d’auteur

© Cahiers des études anciennes

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