It is the cache of ${baseHref}. It is a snapshot of the page. The current page could have changed in the meantime.
Tip: To quickly find your search term on this page, press Ctrl+F or ⌘-F (Mac) and use the find bar.

Les 2x12h : une solution au conflit de temporalités du travail posté ?
Navigation – Plan du site

Les 2x12h : une solution au conflit de temporalités du travail posté ?

The 12-hour shifts system: A way to settle conflicting temporalities in shift work
Béatrice Barthe

Résumés

Les horaires de travail en 2x12h semblent faciliter l’articulation des temporalités mise à mal par le travail posté, articulation avec les dimensions temporelles du fonctionnement humain : les rythmicités biologiques, l’organisation de la vie socio-familiale et la fatigue notamment. Dans un contexte social et économique favorable à la diffusion des 2x12h, cet article propose une synthèse des effets de ces horaires de travail posté sur la santé, sur la vie personnelle des opérateurs concernés et sur le travail. Même si, comparés aux autres systèmes d’horaires, les 2x12h semblent avoir des conséquences moindres sur la santé et la vie personnelle, cette synthèse montre l’importance d’autres facteurs (caractéristiques des personnes, temps d’exposition aux horaires, propriétés du système d’horaires, par exemple) sur ces effets et la nécessité d’intégrer l’analyse du contenu du travail et des exigences du travail dans l’analyse de ces effets. Avant de penser le 2x12h comme une solution au conflit de temporalités du travail posté, la réflexion d’aménagement des horaires de travail se doit d’intégrer une analyse systémique et détaillée du travail, prenant en compte le contenu du travail, les exigences des tâches et les stratégies d’accord des temporalités mises en place par les opérateurs concernés au niveau de leur activité de travail.

Haut de page

Texte intégral

Introduction

Un contexte social et économique favorable au développement des 2x12h

1Les pays Européens connaissent depuis 20 ans une baisse progressive de la durée du travail avec une diversification et une individualisation des horaires de travail (Boissard, Cartron, Gollac & Valeyre, 2002). Si la durée annuelle du travail a graduellement baissé, la tendance depuis quelques années est ainsi à l’allongement des durées quotidiennes de travail. Les nouvelles organisations du travail participent à ce phénomène, notamment les organisations dites « apprenantes » et « au plus juste » (Lean Production). En effet, les analyses portant sur la 3e enquête européenne sur les conditions de travail (Valeyre, 2006) montrent que ces nouvelles organisations, comparées aux organisations tayloriennes, favorisent les longues journées de travail (postes de plus de 10 heures).

2En France, les dernières études de la DARES montrent qu’en 2005, 24 % des salariés habituellement en horaires décalés travaillent 11 heures et plus (Bué et Coutrot, 2009). Les secteurs les plus concernés par ces postes prolongés sont ceux de la santé, du travail social, de la police ainsi que le commerce et les métiers de l’hôtellerie et de la restauration. L’allongement de la durée journalière de travail, ou plus précisément ici de la durée des postes, est observé dans les situations de travail fonctionnant en continu, c’est-à-dire 24 heures/24 heures. À ce propos, les auteurs de l’étude précédemment citée mentionnent que les horaires alternants avec postes longs, donc les 2x12h, sont les plus répandus dans ce groupe de salariés. Cette tendance à l’extension des postes de travail (Quéinnec, Barthe & Verdier, 2000), de jour comme de nuit, avec la mise en place du 2x12h, va de pair avec une législation sur le temps de travail de moins en moins normative et des décisions prises au niveau local par les acteurs.

3Certaines entreprises et établissements se sentent alors démunis face aux choix de postes longs : les sollicitations à propos d’une aide à la mise en place d’horaires de travail en 2x12h sont de plus en plus nombreuses. Ces demandes sont dues à la fois à une nécessaire adaptation aux lois du marché et aux besoins de la consommation, mais elles sont également initiées, depuis quelque temps, par les souhaits des salariés concernés. En effet, se manifeste actuellement un certain enthousiasme pour les 2x12h, au lieu du traditionnel 3x8h. Pourquoi ? De prime abord, cette forme de distribution des temps semble, côté organisation, faciliter l’exigence de continuité du travail posté et, côté opérateurs, permettre de gérer le conflit de temporalités dans lequel les placent ces horaires atypiques et asociaux. Cependant, cette distribution des temps ne règle pas les questions relatives au contenu et aux exigences du travail, voire les rend plus saillantes, d’autant que le travail reste généralement absent de la réflexion.

Des représentations du travail en continu qui plaident en faveur des 2x12h

  • 1  Il existe bien d’autres modes d’organisation temporelle du travail qui impliquent que plusieurs éq (...)

4Le travail en continu est un mode d’organisation du travail qui permet le fonctionnement d’une installation, d’un service, 24 heures sur 24 heures, 365 jours par an. Il implique la succession de plusieurs équipes au même poste (on parle alors de travail posté), pour assurer la continuité de la production ou du service1 (Quéinnec, Teiger, de Terssac, 2008).

5Plus précisément, dans le cadre d’une organisation du travail en 2x12h, ce sont deux postes de travail d’une durée de 12 heures chacun qui se succèdent sur les 24 heures.

Figure 1 : Exemple d’un roulement en 2x12h avec alternance des postes, prises de postes à 7 heures et 19 heures et cycle de rotation : 2 jours (J) – 2 nuits (N) – 4 repos (R).

Figure 1 : Exemple d’un roulement en 2x12h avec alternance des postes, prises de postes à 7 heures et 19 heures et cycle de rotation : 2 jours (J) – 2 nuits (N) – 4 repos (R).

6Ces postes peuvent être alternants, débuter et finir à 7 heures et 19 heures, comme dans l’exemple ci-dessus avec un cycle de rotation de 8 jours : 2 jours de travail, 2 nuits de travail, 4 jours de repos (cf. figure 1). De multiples autres combinaisons sont possibles, notamment au niveau de l’alternance (les équipes peuvent être fixes sur le poste de jour ou celui de nuit), au niveau des horaires de prise et de fin de poste et au niveau du cycle de rotation (avec un nombre de postes consécutifs qui peut être plus ou moins long).

7En 2x12h, ou en tout autre système continu, la caractéristique même de continuité peut facilement tendre vers une illusion de stabilité des opérateurs concernés et vers un rêve de présentéisme permanent :

- Une illusion : stabilité des hommes et des femmes au travail

8L’organisation du travail en place tout au long des 24 heures, les moyens attribués, les effectifs, les objectifs à atteindre sont souvent, soit identiques de jour comme de nuit, soit minimes la nuit compte tenu d’une charge supposée (ou réellement) moindre à ce moment-là. Dans les deux cas, l’organisation véhicule bien souvent l’illusion d’un état (physique, biologique, psychologique) constant des personnes au travail quelle que soit l’heure du jour et de la nuit (Quéinnec, 2007). Cette illusion de stabilité des opérateurs et des opératrices vaut également pour la durée du poste. Ceux-ci seraient dans le même état après une heure de travail, trois heures de travail, huit heures, voire 12 heures de travail d’affilée. Ainsi, travailler 50 % du temps en plus (12 heures à la place de 8 heures), ne changerait rien en termes de caractéristiques intrinsèques des hommes et des femmes concernés.

- Un rêve : présence permanente des hommes et des femmes au travail

9Le problème du travail en continu est justement le qualificatif de continu. En effet, afin d’assurer la continuité de la production, d’assurer le suivi des aléas et afin d’éviter les erreurs lors de la coordination du travail, l’idéal serait que ce soit la même personne, la même équipe qui tienne le même poste le matin, puis l’après-midi, puis la nuit, puis… Ceci est d’autant plus ancré que l’illusion de stabilité des opérateurs est forte. Ce rêve, certes caricatural et totalement irréaliste, a été évoqué par un de nos interlocuteurs lors d’une modification des horaires dans un CHU. Il correspond au fantasme d’une présence permanente et continue auprès des patients afin d’assurer la continuité des soins, de leur lever jusqu’à leur coucher, afin de connaître leur évolution, les prescriptions, etc. Dans la réalité, le travail en continu implique nécessairement une prise de relais (Le Bris, Barthe, Marquié & Kerguelen, 2009) et ce transfert peut s’avérer critique dans certains cas. Ainsi, faire deux relèves de postes en 2x12h au lieu de trois en 3x8 peut être considéré comme un moyen de minimiser les risques.

Le point de vue de l’ergonomie sur la question des 2x12h

10Le choix d’une organisation temporelle spécifique, dans une entreprise ou un établissement, est toujours le résultat d’un compromis négocié. Le rôle de l’ergonomie est d’éclairer les choix organisationnels qui seront opérés à partir, notamment, de la description et de la compréhension de l’analyse de l’activité de travail. En effet, l’ergonomie se centre sur le travail tel qu’il est accompli, dans un cadre temporel imposé. L’objet d’étude de l’ergonomie est l’activité de travail que l’homme ou la femme met en œuvre individuellement ou collectivement afin d’atteindre la pluralité de ses buts (buts de performance, de productivité mais également de reconnaissance, de préservation de la santé, etc.) compte tenu des moyens et des contraintes à disposition, l’enveloppe temporelle étant un élément parmi d’autres. Sur la question des 2x12h, l’ergonomie va donc s’attacher à mettre en lien l’activité de travail réalisée avec le moment (l’heure et la durée) au cours duquel cette activité est déployée.

11De ce point de vue, la question des horaires de travail ne peut être traitée indépendamment du contenu du travail à accomplir pendant ces horaires particuliers (travail plutôt physique ou plutôt cognitif, travail actif ou de surveillance, travail isolé ou en équipe, etc.) et indépendamment des populations soumises à ces horaires (homme ou femme, jeune ou âgé, avec des charges familiales ou non, etc.). Ainsi, selon Quéinnec (2007), le temps de travail est toujours pluriel et le temps de travail (les horaires, ici le 2x12h) n’est qu’une composante du temps professionnel. Trois autres composantes nécessitent d’être appréhendées parce qu’elles peuvent s’entrechoquer avec celles des horaires : le temps au travail, qui se réfère à la variabilité du fonctionnement humain, le temps du travail qui délimite la vie de travail et la vie hors travail et le temps dans le travail, qui concerne la dimension temporelle des tâches et plus généralement du processus de production.

12L’objectif de ce texte est d’aborder le sujet actuel des postes longs (12 heures) dans le travail en continu, et ce, du point de vue de l’ergonomie, afin de montrer la nécessité de remettre l’homme et le travail au centre des débats.

13Après avoir présenté le conflit de temporalités des horaires postés, cet article se propose de faire un état de l’art des travaux sur les 2x12h, en dégageant les avantages et les inconvénients de ce système horaire et de montrer l’intérêt d’une démarche ergonomique pour aider les acteurs à faire leurs choix en matière d’organisation temporelle du travail.

1. Le conflit de temporalités des horaires postés : des temps en désaccord

14Les opérateurs travaillant à des horaires postés se trouvent dans une situation de conflit déterminée par des temps en désaccord : les horaires de travail et les dimensions temporelles du fonctionnement humain, à savoir les rythmicités biologiques, l’organisation de la vie sociofamiliale et la fatigue (Quéinnec, Teiger & de Terssac, 2008) (cf. figure 2).

Figure 2 : Modèle du conflit supporté par les opérateurs en horaires atypiques (d’après Quéinnec, Teiger, de Terssac, 2008)

Figure 2 : Modèle du conflit supporté par les opérateurs en horaires atypiques (d’après Quéinnec, Teiger, de Terssac, 2008)

1.1. Rythmicités biologiques

15L’homme est soumis à des rythmicités biologiques qui s’expriment par une variation temporelle de ses fonctions physiologiques et de ses activités comportementales (Reinberg, 1989). La manifestation la plus perceptible de la rythmicité circadienne du fonctionnement de l’organisme (variation au cours des 24 heures) est l’alternance veille/sommeil. Elle se caractérise au niveau comportemental par une variation de la vigilance avec un maximum dans la journée et un minimum en milieu de nuit. La situation de travail de nuit impose aux opérateurs de fonctionner à l’inverse de cette rythmicité : le travail doit être accompli lorsque l’organisme est le moins apte à le faire et la prise de repos n’est possible qu’à des heures où l’organisme est en état d’activation physiologique intense.

1.2. Organisation de la vie sociofamiliale

16Au-delà du point de vue physiologique, la quantité et la qualité du sommeil dépendent des conditions de vie familiale : qualité du logement, environnement sonore, activité domestique, garde des enfants, etc., parce que travailler la nuit et en horaires postés c’est également vivre à contre sens de l’organisation familiale, amicale et sociale en général. L’opérateur (ou l’opératrice) posté(e) est amené(e) à travailler à des moments où sont socialement datées et horodatées des activités parentales (heure d’ouverture et de fermeture de l’école, heure des devoirs), familiales (heure du dîner, fin de semaine), sportives (entraînements et matchs des sports collectifs), amicales (soirées de fin de semaine), etc. À l’inverse, il peut se retrouver libre, à d’autres moments, sans qu’il soit possible d’accomplir ces mêmes activités car elles ne sont pas socialement programmées à ces moments-là. Ainsi Prunier-Poulmaire et Gadbois (2004) évoquent les avantages à travailler en horaires postés, en lien avec le temps libéré en semaine, mais insistent sur le fait que ce n’est pas de la compensation.

1.3. Fatigue

17Compte tenu des rythmicités biologiques, physiologiques et psychologiques auxquelles il est soumis, l’homme n’est pas stable tout au long des 24 heures. À ces rythmicités circadiennes se surajoute la fatigue due à la durée de la veille. Dans une situation de travail de nuit, la privation de sommeil renforce une accumulation croissante de fatigue tout au long du poste de travail. De plus, les exigences du travail et l’activité de travail déployée peuvent augmenter la sensation de fatigue au cours du travail.

18Les horaires postés, et ce, quel que soit le système horaire choisi (4x6h, 3x8h, 2x12h et tout autre système de rotation), entrent en contradiction avec les dimensions temporelles du fonctionnement des individus. Ce conflit de temporalités du travail posté a des répercussions au niveau de la santé des opérateurs concernés, au niveau de leur vie sociale et familiale et au niveau du travail accompli durant ces horaires. Ces conséquences, qui font l’objet de la partie suivante, seront présentées au regard de la spécificité des 2x12h. En effet, parmi les différents systèmes horaires postés, le 2x12h semble avoir des conséquences moindres sur la santé et la vie personnelle.

2. Le 2x12h : solution pour limiter les désaccords du conflit de temporalités ?

19Les attraits du système 2x12h le plus souvent cités par l’organisation sont qu’il nécessite un effectif moindre, qu’il facilite la gestion des emplois du temps et des remplacements et qu’il diminue le nombre de relèves de poste et donc, selon l’organisation, de perte potentielle d’information. Du point de vue des opérateurs, l’intérêt des postes de travail prolongés (jour et nuit) réside dans la diminution du nombre de vacations : travailler plus longtemps dans la journée c’est travailler moins de fois dans l’année (entre 40 et 50 postes en moins qu’en 3x8h). Le temps ainsi libéré pour la vie familiale et sociale, ainsi que la diminution des frais de transports sont avancés comme des avantages indéniables à ce système horaire. Mais sont-ce des effets généralisables et qu’en est-il des autres effets potentiels ?

20Nous avons peu de recul sur la question des effets des postes prolongés, malgré la publication d’articles sur le sujet depuis les années 1980. Les méthodologies extrêmement différentes des travaux rendent une synthèse difficile, même si quelques textes ont fait cet effort de rassemblement et de confrontation (par exemple : Smith, Folkard, Tucker & MacDonald, 1998 ; Driscoll, Grunstein & Rogers, 2007). Parmi eux, la synthèse proposée par Knauth (2007) se base sur 105 textes publiés en anglais ou en allemand : articles, chapitres d’ouvrages et actes des 16 congrès (de 1969 à 2003) « International Symposia on Night and Shiftwork ». Il classifie ainsi les travaux à partir de seize types d’effets potentiels positifs ou négatifs de ce système horaire par rapport au classique 3x8h (cf. figure 3) : la santé, la durée et qualité du sommeil, l’exposition aux toxiques, la fatigue et la vigilance, la performance, l’absentéisme, le travail au noir, les heures supplémentaires, les accidents, la vie hors travail (familiale et sociale) la satisfaction concernant les horaires, les trajets (coût, durée, en voiture), les relèves de postes, la communication (avec la hiérarchie et les collègues).

Figure 3 : Potential negative and positive effects of extended work hours (d’après Knauth, 2007)

Figure 3 : Potential negative and positive effects of extended work hours (d’après Knauth, 2007)

21Le contenu de cette synthèse montre un tableau mitigé, toutes les études n’allant pas dans un même sens pour un effet particulier. Seules les conclusions de cette synthèse concernant les effets des horaires postés et des 2x12h sur la santé et la vie personnelle des individus et ceux sur le travail vont être reprises et discutées.

2.1. Une meilleure santé des opérateurs postés en 2x12h ?

22Les effets sur la santé des opérateurs postés sont avérés et multiples : perturbations des fonctions digestives, détérioration quantitative et qualitative du sommeil, troubles nerveux et augmentation des risques cardio-vasculaires (Gadbois, 1998, pour une synthèse). Il semblerait que le travail en 2x12 ait des effets plus favorables sur le bien-être physique et physiologique des opérateurs si on le compare aux autres systèmes d’horaires postés. Par exemple, une étude réalisée auprès de douaniers montre que ceux travaillant en 2x12h souffrent significativement moins de troubles intestinaux que ceux qui travaillent en 3x8h et en 4x6h (Prunier-Poulmaire, Gadbois & Foret, 1997). En plus de trouver ce même effet sur la sphère digestive, une étude de Williamson, Gower & Clarke (1994) montre que le passage au 2x12h dans une entreprise d’informatique s’est accompagné au bout de 12 mois d’un effet bénéfique sur la santé mentale des programmeurs travaillant en horaires postés (amélioration de l’humeur pendant le travail) et d’une réduction du sentiment de fatigue entre les périodes de travail. Sur ce dernier point, la littérature n’est pas unanime. Parmi les 27 études reprises par Knauth (2007) qui ont étudié la relation entre les postes prolongés (2x12h) et la qualité et la durée du sommeil entre les postes, la moitié d’entre elles (13) conclut au contraire à un effet négatif par rapport aux 3x8h, six études n’observent pas de différence, et huit concluent à un effet positif du 2x12h. Ces différences proviennent essentiellement de l’organisation de la vie sociofamiliale des personnes concernées par ces horaires de travail.

2.2. Une vie personnelle, familiale et sociale plus facile à concilier ?

23Les travailleurs postés rencontrent en effet de sérieuses difficultés dans leur vie personnelle, familiale et sociale, du fait du peu de temps qu’ils ont la possibilité de partager avec leur famille et leurs amis. Les effets négatifs de la pratique de tels horaires sur la vie hors travail sont connus et reconnus : altération des relations conjugales, altération des relations parentales, isolement social (Prunier-Poulmaire & Gadbois, 2004).

24Compte tenu du nombre moindre de postes à faire pendant l’année en 2x12h, les postes prolongés sont généralement plébiscités par les salariés pour l’amélioration qu’ils permettent dans la conciliation de la vie au travail et de la vie hors travail (Knauth, 2007).

25Ceci étant, l’équation n’est toujours pas simple : le temps hors travail « gagné » par le nombre moindre de postes pendant l’année n’implique pas qu’il soit systématiquement investi dans la gestion de la vie personnelle, familiale ou sociale. Sur ce point, l’étude de Kundi, Koller, Stephan, Lehner, Kaindlsdorfer & Rottenbücher (1995) menée auprès d’infirmières travaillant en 3x8h et en 2x12h est éloquente. Tout d’abord elle montre que les deux systèmes d’horaires postés rendent aussi difficile la conciliation travail/hors travail, mais surtout elle indique que le besoin de compensation et de récupération induit par la longueur des postes des infirmières en 2x12h rabaisse le temps potentiel à consacrer à la vie hors travail au même niveau que celles qui travaillent en 3x8h.

2.3. Et la vigilance ?

26Contrairement à l’illusion de stabilité du fonctionnement humain, travailler en postes prolongés, c’est-à-dire 50 % du temps de travail en plus, a des répercussions importantes sur les caractéristiques internes des hommes et des femmes concernés et notamment sur la vigilance. La vigilance détermine la capacité d’attention d’un individu en train de réaliser une tâche, sa capacité à réagir à un événement imprévu, c’est donc une notion importante en situation de travail. Elle peut être mesurée de différentes façons : questionnaire, temps de réaction, auto estimation à partir d’échelle analogique, etc. La baisse de la vigilance au cours du poste de travail a été maintes fois démontrée dans diverses situations de travail : industrie chimique, plate-forme pétrolière (Åkerstedt, Kecklund, Gillberg, Lowden & Bjorvatn., 1998), pompiers (Paley, & Tepas, 1994), hôpitaux (Barthe & Quéinnec, 2005). Par exemple, la figure 4 montre l’augmentation progressive des niveaux de somnolence d’infirmières au cours de postes de nuits longs (11 h 30), mesurés avec une échelle analogique visuelle de 10 cm.

Figure 4 : Niveau de somnolence des IDE, travaillant dans un service hospitalier de néonatalogie, au cours des postes de nuits longs (19 h 45-7 h 15) (Barthe & Quéinnec, 2005)

Figure 4 : Niveau de somnolence des IDE, travaillant dans un service hospitalier de néonatalogie, au cours des postes de nuits longs (19 h 45-7 h 15) (Barthe & Quéinnec, 2005)

27La durée du poste (et a fortiori la durée de la veille lors des postes de nuit) est fortement impliquée dans les déterminants du niveau de somnolence. Folkard et Åkerstedt (1992) ont développé un modèle prédictif de la variation de la vigilance au cours des 24 heures, qui est sous tendu par 3 processus : la rythmicité circadienne, la durée de la veille (durée du poste) et, dans une moindre mesure, le processus d’inertie hypnique. De plus, la charge de travail amplifie l’effet de la durée du poste sur le niveau de vigilance.

2.4. Des incidences potentiellement négatives sur la fiabilité et la sécurité

28La longueur du poste de travail a des effets qui peuvent présenter des risques sur le travail et sur les individus en termes d’accidentologie et d’intégrité physique. Concernant les risques d’accidents du travail, sur les dix-huit études recensées dans la synthèse de Knauth (2007), la moitié conclut à une augmentation du risque d’accident du travail en situation de postes prolongés, cinq ne trouvent aucun effet significatif et quatre études montrent que les 3x8h sont plus concernés par les accidents du travail que les 2x12h. Ceci étant, parmi les études qui ne montrent pas d’effet des 2x12h, deux d’entre elles sont basées sur des interviews avec des managers, données ne témoignant pas forcément de l’exacte réalité. En revanche, les travaux qui cherchent à calculer un risque d’accidents à partir de faits réellement survenus montrent que la durée du travail est en cause. Par exemple, l’analyse de 1,2 million d’accidents du travail en Allemagne selon leur moment d’occurrence (Hänecke, Tiedemann, Nachreiner & Grzech-Sukalo, 1998) montre une augmentation exponentielle du risque d’accident du travail à partir de la neuvième heure de travail consécutive. La durée du travail n’est pas le seul facteur impliqué : le risque d’accident augmente à partir de la huitième heure de travail lorsque le travail est accompli de nuit. Ainsi les postes de 12 heures posent des problèmes de sécurité et de fiabilité (Smith, Folkard, Tucker & MacDonald, 1998).

29Les incidences potentiellement négatives des postes longs se situent également au niveau de la reprise en main du processus de travail. En effet, les périodes d’absence des opérateurs en 2x12h, selon le cycle de rotation en place, peuvent être longues : 4 jours, 6 jours, 9 jours, ou plus selon les cas. Or, pendant ce temps d’absence de l’opérateur, le travail continue, de nouvelles directives sont, par exemple, transmises, de nouvelles informations sont données, des aléas surviennent, ils sont gérés d’une certaine façon, de nouveaux problèmes émergent, etc. À son retour, l’opérateur a besoin d’avoir connaissance de ce qui a changé et aussi de ce qui n’a pas changé : il doit mettre à jour la représentation qu’il a de la situation de travail (Andorre & Quéinnec, 1996). Si cette phase préalable d’actualisation de la représentation de la situation n’est pas possible cela peut avoir des conséquences préjudiciables sur la fiabilité et la sécurité.

2.5. Les 2x12h : une solution soumise à conditions

30Les impacts des 2x12h sur les personnes et sur le travail ne sont pas clairement identifiables. Les synthèses sont mitigées, en partie du fait des différences méthodologiques des travaux (Knauth, 2007 ; Driscoll, Grunstein & Rogers, 2007). Une grande partie des études ne montre pas d’effets de la durée prolongée du poste (2x12h comparé au 3x8h) sur la santé des personnes (Loudoun, 2008) ou sur le résultat du travail (Williamson et al.,1994). Elles mentionnent néanmoins que les relations sont plus complexes. En effet, le système 2x12h reste d’un côté attractif du fait du nombre moindre de postes à faire pendant l’année et, d’un autre côté, la longueur des postes peut générer des problèmes de fatigue et de sécurité. Les points clés que l’on peut avancer comme avantages et inconvénients du 2x12h sont toutefois soumis à plusieurs conditions (cf. figure 5).

Figure 5 : Avantages et inconvénients des 2h12h : des points clés soumis à conditions

Figure 5 : Avantages et inconvénients des 2h12h : des points clés soumis à conditions

31Tout d’abord, ces points clés sont à accorder aux différences interindividuelles des personnes travaillant en horaires postés. En effet, l’âge, les charges familiales, le temps d’exposition aux horaires postés sont autant de facteurs qui vont peser sur les effets des 2x12h. Par exemple les plus âgés sont plus réticents au passage en 2x12h que les plus jeunes (Northrup, Wilson & Rose, 1979, citée par Knauth, 2007). De même, les possibilités de récupération de la dette de sommeil et de la fatigue inhérente aux postes longs sont conditionnées par les charges familiales.

32Au-delà de la durée des postes, d’autres caractéristiques du système horaire jouent un rôle crucial. À ce propos, Smith, Hammond, MacDonald et Folkard (1998) évaluent après six mois une expérimentation de 2x12h (au lieu de 3x8h) mise en place dans la police anglaise sur deux sites. Les résultats de l’étude ne montrent aucune différence avec l’ancien système horaire 3x8h au niveau du sommeil, de la vigilance, du bien être psychologique (mesuré avec le GHQ) et de la satisfaction des policiers concernés. Cependant, ils révèlent des différences entre les deux sites passés aux 2x12h, des différences liées à d’autres caractéristiques du système horaire en place. En effet, dans le premier site la prise de poste est plus matinale que dans le second (respectivement 6 heures et 7 h 15). De plus, dans le premier site, l’organisation du travail et du temps de travail est qualifiée de rigide, dans le second de flexible parce que les officiers de police ont la possibilité de négocier leurs horaires et leur roulement. Les résultats montrent que les opérateurs qui travaillent dans l’organisation du travail la plus flexible, et qui commencent leur poste du matin à 7 h 15, ont une meilleure qualité du sommeil, un meilleur niveau de vigilance, une meilleur santé psychologique et une plus grande satisfaction que ceux qui travaillent dans le premier site.

33Enfin, les effets des 2x12h sur les individus et le travail ne sont pas tranchés et ne peuvent pas l’être tant que le contenu du travail ne sera pas investigué et mis en lien avec les horaires et la durée des postes. Ainsi les réponses ne peuvent être que contextualisées et locales.

3. Des stratégies mises en place pour accorder les temporalités des individus et celles du travail

34Les opérateurs et les opératrices travaillant en horaires de nuit et/ou en horaires postés mettent en place des régulations pour accorder les différentes temporalités, dans le travail, mais également dans le « hors travail ». Les effets des postes de nuits prolongés (12 heures consécutives de travail) sur l’activité de travail sont encore mal connus en ergonomie, ceci étant des éléments de connaissances sur l’activité de travail peuvent être inférés à partir des études sur le travail posté et le travail de nuit (pour une synthèse, voir Barthe, Quéinnec & Verdier, 2004).

3.1. Des stratégies d’accords dans le travail

35Pour faire face à la fatigue et à la baisse de la vigilance induites par les horaires atypiques de travail et plus précisément les horaires de nuit, les opérateurs et opératrices réorganisent leur activité de travail afin de répondre aux objectifs de travail tout en gérant leur état physiologique interne. Ces réorganisations se manifestent par des changements de stratégies de travail compatibles avec l’état momentané des travailleurs. Ces ajustements de l’activité de travail ont été mis à jour dans plusieurs secteurs : contrôle de processus, contrôle de satellites, industrie chimique et pétrolière (Dorel & Quéinnec, 1980 ; Andorre & Quéinnec, 1996), presse quotidienne et secteur hospitalier, (Barthe, 2000, Toupin, 2006).

36Ce sont par exemple des transferts de tâches en début ou en fin de poste de nuit, l’utilisation de stratégies ou de modes opératoires différents, plus rapides à certains moments du poste, la mise en place d’une dynamique collective (coopérations spontanées, entraides, communications), des prises de repos officieuses au cours du poste de nuit avec prise de relais au sein de l’équipe, etc.

37L’ensemble de ces ajustements de l’activité nocturne de travail témoigne de la mise en place d’un mécanisme d’anticipation de l’état physiologique futur des opérateurs. Ce mécanisme peut être illustré par une étude accomplie il y a quelques années dans un service de néonatalogie. Dans ce service hospitalier, travaille, lors du poste de nuit prolongé, une équipe composée de 5 infirmières et auxiliaires puéricultrices, qui doit prodiguer des soins à l’ensemble des bébés accueillis, à 4 moments du poste de nuit (20 heures, 23 heures, 02 heures et 05 heures) (Barthe & Quéinnec, 2005). L’étude montre que les membres de l’équipe de travail modifient leur activité de soins de 02 heures, ce qui se traduit par le transfert de certains soins secondaires en fin de nuit et par des changements de stratégies d’alimentation. Cette réorganisation de l’activité de soins lors de la période de soins de 02 heures permet aux opératrices, d’une part de rester moins longtemps mobilisées, et d’autre part d’accroître le temps de repos avant la dernière période de soins du poste de nuit (celle de 05 heures) pendant laquelle elles se sentent le plus fatiguées. La relation entre état fonctionnel et réorganisation de l’activité de travail n’est donc pas directe. Elle reflète un mécanisme d’anticipation de la fatigue de la fin du poste de nuit résultant de l’accumulation de la durée de veille.

3.2. Des stratégies d’accords en dehors du travail

38De la même façon, des travaux sur le travail posté montrent l’existence de stratégies mises en place par les personnes concernées en dehors du travail, pour récupérer de leur dette de sommeil et pour concilier leurs horaires avec leur vie familiale et sociale (pour une synthèse, voir Prunier-Poulmaire et Gadbois, 2004). Ces stratégies se manifestent d’une part par l’existence d’une organisation individuelle autour du sommeil et des repas : planification de siestes avant le poste de nuit ou de soir, réveil afin de prendre les repas en famille, etc. D’autre part, des « accords » sont trouvés au sein de la famille, par exemple lorsque la conjointe et les enfants vivent au plus près du rythme des horaires de l’opérateur posté (ces travaux ayant quasiment tous été accomplis auprès d’une population masculine). Mais cela se complique lorsque l’opérateur posté est une femme. Il semblerait qu’il existe un accord différencié du conflit de temporalités selon le genre (Barthe & Abbas, 2009), avec : (1) des difficultés extrêmes à gérer la vie familiale, par exemple à trouver un moyen de garde pour ses enfants lorsque les horaires atypiques de travail sont peu prévisibles (Prévost & Messing, 2001) ; (2) des stratégies de choix d’horaires en nuits fixes, afin de s’occuper des enfants en journée, mais ce, au détriment du sommeil et (3) des stratégies de gestion réciproque du hors travail dans le travail et vice versa. À ce propos, Bouffartigue et Bouteiller (2006) évoquent en parlant d’infirmières leurs « compétences temporelles leur permettant de « jongler » en permanence avec leurs temps et ceux d’autrui, dans le travail – comme dans le hors travail – et entre le travail et le hors travail ».

4. Des questions à se poser avant de penser le 2x12h comme la solution

Diversité des aménagements en 2x12h : quels 2x12h ?

39Le travail posté recouvre une multitude de réalités : le classique 3x8h et le nouveau 2x12h n’en sont que des exemples et ces termes génériques ne disent que peu de choses sur le système global et complexe d’horaires mis en place.

40En effet, hormis la durée des postes, les formes de travail posté peuvent présenter une très grande diversité selon le mode de travail (continu, semi-continu ou discontinu), la fixité ou l’alternance des postes, l’intervalle entre deux postes, la vitesse de rotation, le sens de rotation, l’horaire de prise de poste, le temps de chevauchement entre les équipes, pour ne citer que les principales caractéristiques des horaires (Quéinnec, Teiger & de Terssac, 2008). Par exemple, un système en 2x12h ne préjuge en rien du positionnement des jours et des nuits travaillées dans le cycle de rotation. Ainsi, les différentes possibilités au niveau du planning peuvent aboutir à des semaines plus ou moins comprimées (de 2 postes par semaine jusqu’à 4 postes), avec en enchaînement des jours ou des nuits consécutives plus ou moins rapide, les semaines comprimées allant de pair avec de longues périodes de repos (8 ou 9 jours). Même si les semaines comprimées peuvent être plébiscitées par les salariés, elles sont sources de fatigue accrue et la reprise, après les longues périodes de repos qu’elles impliquent, pose des problèmes de suivi du travail et de perte de la dynamique collective.

41De la même façon, un système d’horaires en 2x12h peut présenter une grande diversité selon les autres éléments organisationnels auxquels il est couplé : les effectifs, la possibilité ou non de dormir durant le poste de nuit, les supports de transmission entre les différentes équipes, etc. sont autant d’éléments susceptibles de pallier certains inconvénients des postes de 12 heures. Par exemple, même si l’instauration officielle de siestes nocturnes est une pratique peu courante en France, on sait que cet aménagement présente des indices encourageants concernant ses effets bénéfiques sur la sécurité, la fiabilité, et la santé des opérateurs (Tirilly, 2002).

Contenu du travail : quel travail en 2x12h ?

42Comment expliquer que le 2x12h fonctionne dans certaines situations et pas dans d’autres ? Kogi (1991) fait référence à l’expérience de Singapour qui a remplacé le 3x8h par le 2x12h en 1983, très rapidement et dans de très nombreuses entreprises. Les bénéfices attendus étaient de permettre une réduction d’énergie, de gérer les problèmes de congestion du trafic et de faire profiter de plus de temps libre aux salariés. Ce système n’a pas duré longtemps. Beaucoup d’entreprises ont abandonné ce dispositif en moins d’un an à cause de trop nombreuses plaintes au niveau de la santé physique des personnes concernées, ainsi que des difficultés sur la vie sociofamiliale. Pour les mêmes raisons, Knauth (2007), dans ses recommandations, ne préconise pas les postes prolongés lorsque les exigences physiques du travail sont importantes. On ne peut donc envisager un système d’horaires de travail et ses effets qu’à partir d’une analyse systémique du travail, prenant en compte le contenu du travail et les caractéristiques des personnes concernées.

43Au-delà de l’enveloppe temporelle, la réflexion doit se centrer sur les conditions de réalisation du travail (Kogi, 1991, Quéinnec et al.,2008). L’analyse détaillée de l’activité de travail du poste de nuit, analyse spécifique et locale, permet de mettre à jour les « accords » ou recherches d’équilibre dans le travail que les opérateurs et les opératrices inventent et construisent. Et c’est l’identification de ces régulations et leur interprétation qui permettront de trouver des aménagements efficaces.

44Des axes de recherche sur les 2x12h et plus généralement sur les postes longs méritent d’être investigués, et ce rapidement, parce que l’enjeu social est fort : que répondre aux demandes récentes des salariés qui souhaitent faire des postes de nuit de 13 heures voire de 14 heures ?

45Ces axes concernent d’une part la poursuite de travaux visant à produire des connaissances sur le travail réalisé durant les postes longs et sur les effets sur les individus. D’autre part, des recherches en situations de travail doivent être menées sur les effets des aménagements du travail en 2x12h sur les individus et sur le résultat du travail. Ces aménagements relèvent du contenu des relèves de postes, de la mise en place de siestes nocturnes, des effectifs et de la dimension collective du travail, etc.

Haut de page

Bibliographie

Åkerstedt, T., Kecklund, G., Gillberg, M., Lowden, A., & Bjorvatn, B., 1998. « Subjective sleepiness in shift work » in Y. Touitou (Ed.), Biological Clocks, Mecanisms and Applications (p. 235-242). Amsterdam : Elsevier.

Andorre, V., & Quéinnec, Y., 1996. « La prise de poste en salle de contrôle de processus continu : approche chronopsychologique ». Le Travail Humain, 59, 4, 335-354.

Barthe B., 2000. Travailler la nuit au sein d’un collectif : quels bénéfices ? in T.H. Benchekroun & A. Weill-Fassina (Eds.), Le travail collectif. Perspectives actuelles en ergonomie (p. 235-255). Toulouse : Octarès Éditions.

Barthe B. & Abbas L., 2009. Atypical schedules and gender : new questions for ergonomics ? 17th World Congress on Ergonomics (IEA), Beijing, China (8-12 August).

Barthe B. & Quéinnec Y., 2005. Work activity during night shifts in a hospital’s neonatal department : How nurses reorganize health care to adapt to their alertness decrease. Ergonomia IJE & HF, 27 (2), 119-129.

Barthe B., Quéinnec Y. & Verdier F., 2004. « L’analyse de l’activité de travail en postes de nuit : bilan de 25 ans de recherches et perspectives », Le Travail Humain, 67,1, 41-61.

Boissard P., Cartron D., Gollac M., & Valeyre A., 2002. Temps et travail : la durée du travail, Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, Luxembourg : Office des publications officielles des Communautés européennes.

Bouffartigue P., & Bouteiller J., 2006. « Jongleuses en blouse blanche. La construction sociale des compétences temporelles chez les infirmières hospitalières ». Temporalités, 1, 4,

Bué J. & Coutrot T., 2009. « Horaires atypiques et contraintes dans le travail : une typologie en six catégories ». Premières Synthèses Premières Information. DARES. Mai 2009, 22.2

Dorel M., & Quéinnec Y., 1980. « Régulation individuelle et interindividuelle en situation d’horaires alternants ».Bulletin de Psychologie, XXXIII, 344, 465-471.

Driscoll T., Grunstein R., & Rogers, N., 2007. « A systematic review of the neurobehavioural and physiological effects of shiftwork systmes », Sleep Medicine Reviews, 11, 179-194.

Folkard S., & Åkerstedt T., 1992. « A Three-Process Model of the Regulation of Alertness-Sleepiness » in R.J. Broughton & R.D. Ogilvie (Eds.), Sleep, Arousal, and Performance (p. 11-26). Boston : Birkhäuser.

Gadbois C., 1998, Horaires postés et santé. In Encyclopédie Médico Chirurgicale (Elsevier, Paris), Toxicologie-Pathologie professionnelle, 16-785-A-10, 6p.

Hänecke K., Tiedemann, S., Nachreiner, F., & Grzech-Sukalo, H., 1998. « Accident risk as a function of hour at work and time of day as determined from accident data and exposure models for the German working population », Scandinavian Journal of Work, Environment & Health, 24, suppl 3, 43-48.

Knauth P., 2007. « Extended Work Periods », Industrial Health 45, 125-136.

Kogi K., 1991. « Job content and working time : the scope for joint change ». Ergonomics, 34, 6, 757-773.

Kundi M., Koller M., Stephan H., Lehner L., Kaindlsdorfer S. & Rottenbücher S., 1995. « Attitudes of nurses towards 8-h and 12-h shift systems », Work and Stress, 9, 134-139.

Le Bris V., Barthe, B., Marquié J.C. & Kerguelen A., 2009. Content of handovers during shift changeover in discontinuous schedules. 17 th World Congress on Ergonomics (IEA), Beijing, China (8-12 August).

Loudoun R., 2008. « Balancing shiftwork and life outside work : Do 12-h shifts make a différence », Applied Ergonomics, 572-579.

Paley M.J., & Tepas D.I., 1994. Fatigue and the Shiftworker : Firefighters Working on a Rotating Shift Schedule. Human Factors, 36, 2, 269-284.

Prévost J. & Messing K., 2001. « Stratégies de conciliation d’un horaire de travail variable avec des responsabilités familiales », Le Travail Humain, 64, 2, 119-143

Prunier-Poulmaire S., Gadbois C. & Foret J., 1997. « Unfavorable effects of 6-hour shift system ». International Journal of Occupationnal Environnemental Health, 3, suppl. 2, S100, S107.

Prunier-Poulmaire S. & Gadbois C., 2004. « Temps et rythmes de travail », in E. Brangier, A. Lancry & C. Louche (Eds.) Les dimensions humaines du travail. Théories et pratiques de la psychologie du travail et des organisations, Presses Universitaires de Nancy, p. 181-211.

Quéinnec, Y., 2007. « Horário », Laboreal, 3, 2, 90-91.

Quéinnec Y., Barthe B., & Verdier F., 2000. « Réduction du temps de travail et organisation de l’activité de travail : des rapports ambigus et complexes » in D.G. Tremblay & G. de Terssac (Eds.), Où va le temps de travail ? Presses universitaires de Montréal et Octarès Éditions, Toulouse, p. 133-142.

Quéinnec Y., Teiger C., & Terssac de G., 2008. Repères pour négocier le travail posté. 3e édition, Toulouse, Octarès Éditions.

Reinberg A., 1989. Les rythmes biologiques, Paris, PUF.

Smith L., Folkard S., Tucker P. & Macdonald I., 1998. « Work shift duration : a review comparing eight hour and 12 hour shift systems », Occup Environ Med, 55, 217-229.

Smith L., Hammond, T., Macdonald I., & Folkard S., 1998. « 12-h shifts are popular but are they a solution ? » International Journal of Industrial Ergonomics, 21, 323-331.

Tirilly G., 2002. Ajustement du rythme veille/sommeil et de la vigilance aux horaires fractionnés en mer. Influence des facteurs circadiens et sociaux. Thèse de doctorat nouveau régime, Toulouse : Université Toulouse 2 Le Mirail, 207 p.

Toupin C., 2006. « Du crépuscule à l’aube : l’élaboration de compromis dans l’activité d’infirmières de nuit ». Temporalités, 4, 43-60.

Valeyre A., 2006. Organisation du travail, conditions de travail et santé au travail dans l’Union Européenne, Rapport DARES. 97 p.

Williamson A., Gower C. & Clarke B., 1994. « Changing the hours of shiftwork : a comparison of 8- and 12h-hour shift rosters in a goup of computer operators », Ergonomics, 37, 2, 287-298.

Haut de page

Notes

1  Il existe bien d’autres modes d’organisation temporelle du travail qui impliquent que plusieurs équipes se succèdent (travail posté) dont les plus connus sont le travail semi-continu (24h/24h avec arrêt en fin de semaine) et le travail discontinu (24h/24h avec arrêt en fin de semaine et en fin de journée). Dans un souci de clarté, le texte n’abordera que le travail en continu, même si les mêmes questions peuvent se poser dans les autres modes de travail posté.

Haut de page

Table des illustrations

Titre Figure 1 : Exemple d’un roulement en 2x12h avec alternance des postes, prises de postes à 7 heures et 19 heures et cycle de rotation : 2 jours (J) – 2 nuits (N) – 4 repos (R).
URL http://temporalites.revues.org/docannexe/image/1137/img-1.png
Fichier image/png, 31k
Titre Figure 2 : Modèle du conflit supporté par les opérateurs en horaires atypiques (d’après Quéinnec, Teiger, de Terssac, 2008)
URL http://temporalites.revues.org/docannexe/image/1137/img-2.png
Fichier image/png, 14k
Titre Figure 3 : Potential negative and positive effects of extended work hours (d’après Knauth, 2007)
URL http://temporalites.revues.org/docannexe/image/1137/img-3.png
Fichier image/png, 31k
Titre Figure 4 : Niveau de somnolence des IDE, travaillant dans un service hospitalier de néonatalogie, au cours des postes de nuits longs (19 h 45-7 h 15) (Barthe & Quéinnec, 2005)
URL http://temporalites.revues.org/docannexe/image/1137/img-4.png
Fichier image/png, 7,6k
Titre Figure 5 : Avantages et inconvénients des 2h12h : des points clés soumis à conditions
URL http://temporalites.revues.org/docannexe/image/1137/img-5.png
Fichier image/png, 136k
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Béatrice Barthe, « Les 2x12h : une solution au conflit de temporalités du travail posté ? », Temporalités [En ligne], 10 | 2009, mis en ligne le 30 novembre 2009, consulté le 06 mars 2014. URL : http://temporalites.revues.org/1137

Haut de page

Auteur

Béatrice Barthe

Maître de Conférences en Ergonomie. Université de Toulouse 2 – Le Mirail – CLLE-LTC, UMR 5263 CNRS, Maison de la recherche, 5 allée Antonio Machado, 31058 Toulouse cedex 9, bbarthe@univ-tlse2.fr

Haut de page

Droits d’auteur

© Temporalités

Haut de page
  •  
    • Titre :
      Temporalités
      Revue de sciences humaines et sociales
      En bref :
      Revue interdisciplinaire de sciences sociales centrée sur la question des temps sociaux, leur production, leurs usages, leurs figures
      A multidisciplinary journal centred on the analysis of temporality in a social perspective
      Sujets :
      Sociologie, Histoire
    • Dir. de publication :
      Claude Dubar
      Éditeur :
      ADR Temporalités
      Support :
      Papier et électronique
      EISSN :
      2102-5878
      ISSN imprimé :
      1777-9006
    • Accès :
      Open access Freemium
    • Voir la notice dans le catalogue OpenEdition
  • DOI / Références