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Les États-Unis, la propagande et la guerre : de Cuba (1898) à l’Irak (2003)
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Propager des histoires ou des Histoires ?

Les États-Unis, la propagande et la guerre : de Cuba (1898) à l’Irak (2003)

The United States and War Propaganda: from the Spanish-American War in Cuba (1898) to the Invasion of Iraq (2003)
Fredj Maatoug
p. 191-213

Résumé

In 1897 Theodore Roosevelt wrote to a friend “I should welcome almost any war, for I think this country needs one”. He was thinking in his deep consciousness that “the Empire” needed war. In 1898 “the splendid little war” against Spain in Cuba was the answer to this expectation. Many decades later, following the dislocation of the USSR and the end of the Cold War, the USA emerged as the only superpower. It was in this context that the September 11 attacks took place. In 2003, Washington declared war on Iraq despite the international opposition. The USA waged a tremendous PR campaign to convince public opinion of the potential threat of Iraqi weapons of mass destruction and of the involvement of the Saddam Hussein regime in the attacks against the World Trade Center. None of these reasons proved to be true, but the war showed the strength of different political and industrial lobbies.

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Texte intégral

1Envisager la propagande, comme un des leviers de la guerre et comme moyen d’atteindre l’ennemi ou de l’influencer, ou encore de saper le moral de ses troupes et d’infiltrer son opinion publique, tient, sans doute, de l’euphémisme ; sauf, peut-être, lorsque cette propagande s’intéresse à sa propre opinion publique et qu’elle précède même la déclaration d’une guerre, en particulier, lorsqu’elle vise à influencer cette opinion par le mensonge et la manipulation médiatique, dans le but prémédité de lui faire accepter une guerre qui ne sert en définitive que les intérêts d’une minorité influente grâce à ses moyens médiatiques, économiques et politiques.

2Les États-Unis ont bien connu et usé de ce genre de propagande à dessein. On peut citer deux exemples significatifs tirés de leur propre histoire pour étayer cette problématique : la guerre contre l’Espagne à Cuba, en 1898, et l’invasion de l’Irak, en 2003. Ces deux exemples espacés d’un peu plus d’un siècle ont certains points communs. Ainsi, la décision de la guerre est prise par une minorité agissante très consciente de ses intérêts. L’acceptation de soutenir la guerre par l’opinion publique est obtenue grâce à la propagande et à l’utilisation mensongère des médias.

3Pourtant, l’histoire propre de ce pays ne le prédispose pas à une pareille attitude, car les États-Unis sont nés d’une guerre de libération nationale contre la Grande-Bretagne. Pour cela, ils ont toujours voulu se présenter comme une antithèse vivante des ambitions, des calculs et des rivalités des puissances européennes. Ainsi, au moment de la montée du nationalisme et de la course vers les colonies, les Américains ne manquèrent pas de réitérer leur position de principe : ne pas s’empêtrer dans des alliances encombrantes avec l’une ou l’autre des puissances du vieux continent.

4Néanmoins, une question s’impose : les États-Unis allaient-ils refuser indéfiniment d’emboîter le pas à ces puissances coloniales qu’ils étaient censés exécrer? L’histoire allait nous montrer que la réponse était non. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que la formidable expansion économique de la fin du XIXe siècle allait mettre fin à l’innocence originelle voulue par les pères fondateurs de ce pays. Un premier changement allait survenir en 1885. Cette année là, dans un livre (Our Country) devenu célèbre, Josiah Strong renversa la démarche traditionnelle qui était attachée jusque-là au « continentalisme » comme manifestation de la supériorité américaine. Se servant du darwinisme social, il l’appliqua aux champs des relations internationales. Il innova la pensée géopolitique américaine en soutenant que le devoir des races anglo-saxonnes était d’inscrire leur avenir sur les mers. C’est ce cheminement théorique qui mena vers « la splendide petite guerre » contre l’Espagne à  Cuba et qui inaugura l’ère impérialiste des États-Unis. Mais il n’était pas facile d’obtenir le soutien de l’opinion publique américaine imbibée des valeurs de neutralisme héritées des pères fondateurs, George Washington en tête. Il fallut donc recourir à  la propagande pour duper cette opinion et la pousser à  accepter la guerre. Qui était derrière cette propagande ? Qui avait intérêt à ce que cette guerre eût lieu ? La réponse nous montre que des lobbies et des groupes de pression étaient derrière cette incitation à la guerre. Et que ces groupes avaient un outil de propagande redoutable en leur possession : les médias. Cet outil subtil et influent fut largement mis à contribution, pour duper et emporter l’adhésion de l’opinion publique, afin que celle-ci se trouve dans une seule et unique perspective : soutenir la guerre.

5Plus d’un siècle plus tard, dans un contexte de fin de Guerre froide et profitant notamment des attentats du 11 septembre 2001, les néo-conservateurs à la tête de l’État à Washington, vont réussir à  faire accepter, à  leur opinion, la guerre en Irak. Mais là  aussi, ce n’était pas chose facile. Il a fallu recourir à  une formidable machine médiatique qui épaula fortement la classe politique dans sa propagande, truffée de manipulations et de mensonges pour en quelque sorte, vendre cette guerre au peuple américain. De quelle manière les groupes de pression, les lobbies et les minorités influentes aux États-Unis se sont-ils pris pour atteindre leur but? Qui sont ces groupes et ces lobbies? Et quels sont enfin les moyens qui ont été mis en œuvre dans cette propagande pour que la guerre éclate?

Aux origines de l’impérialisme américain 

1. La destinée manifeste

  • 1  Henri Nouailhat, Les États-Unis et le Monde au XXe siècle, Paris : Armand Colin, 2000, 6.
  • 2  Ibid., 22.

6On peut logiquement parler d’impérialisme des États-Unis à partir de la guerre de Cuba en 1898 et le traité de Paris qui l’a suivie. Pourquoi à cette date? Parce qu’il s’agit là d’une rupture dans l’attitude des États-Unis qui s’étaient confinés jusque là dans l’isolement et la neutralité sur la scène internationale. Cela était fait dans la pure tradition isolationniste conseillée par George Washington lors de son fameux discours d’adieu. Il y disait : « […] pourquoi en liant notre destinée à celle d’une quelconque partie de l’Europe, laisser dépendre notre paix et notre prospérité de l’ambition, de la rivalité, de l’intérêt, de l’humeur ou du caprice des Européens ? »1. Il y avait donc beaucoup de méfiance de la part de Washington dès qu’il s’agissait de relation avec les puissances étrangères. La « doctrine de Monroe » en 1823 s’inscrit dans cette logique de méfiance à l’égard de l’Europe. Mais à partir des années 1850, les principes de cette doctrine commencent à se modifier. Tout en servant de support pour défendre l’Amérique centrale, le Mexique et les Caraïbes des empiètements de la France et de l’Angleterre, elle va bientôt servir de base politique pour l’expansion territoriale. Un concept nouveau fit son apparition à cette époque, celui de « manifest destiny ». En effet, en 1845 John O’Sullivan, directeur de la Democratic Review, s’exprima en ces termes : « notre destinée manifeste (consiste) à nous étendre sur tous les continents que nous a alloués la providence pour le libre développement de nos millions d’habitants qui se multiplient chaque année »2.

  • 3  André Kaspi, Claude-Jean Bertrand, Jean Heffer, La Civilisation américaine, Paris : Presses Univer (...)

7Il faut avoir à l’esprit les gains territoriaux des États-Unis à cette époque pour mettre ce concept dans son contexte historique. Car il y avait eu l’annexion du Texas et les guerres avec le Mexique après quoi les États-Unis réussirent à annexer d’importants territoires dans le sud-ouest. Aussi « sur le continent américain, […] les États-Unis ne cessent de s’étendre. Ils achètent en 1803 la Louisiane aux français, envahissent peu après la Floride espagnole, et obtiennent du Mexique au milieu du XIXe siècle les territoires à l’ouest des grandes plaines »3.

2. La fin de la frontière

8Les limites territoriales des États-Unis furent atteintes en 1848, et on commença aussitôt à penser à des acquisitions, hors du continent. Déjà en 1853, le président Pierce, aurait souhaité acheter Cuba à l’Espagne. Mais, on ne le fit pas. En revanche, en 1867, on acheta purement et simplement l’Alaska aux Russes.

9Par ailleurs, cette époque marque la  « fin de la frontière » avec l’occupation de tout le territoire continental par les États-uniens. Mais qu’est-ce que la frontière dans le contexte des États-Unis d’Amérique ? Il s’agit de cette limite mouvante qui marque l’extrême avance de la société civilisée. Ce fut la fin d’une époque et le commencement d’une autre. Une tendance expansionniste allait se confirmer, dès lors, jour après jour. Signalons, à titre d’exemple, les tentatives d’annexion d’Haïti à partir de 1893, la querelle frontalière entre le Venezuela et la Guyane britannique en 1895 et la mise au point du secrétaire d’État Olney (20 juillet 1895) au gouvernement britannique réaffirmant avec force les principes de la doctrine de Monroe et étalant l’argument d’invulnérabilité des États-Unis « contre n’importe quelle puissance ».

3. Le commerce extérieur et la nécessité d’une puissante marine militaire

  • 4  Cette publication a pour titre: The Influence of Sea Power upon History, 1660-1783.
  • 5  Henri Nouailhat, Les États-Unis et le Monde au XXe siècle, op. cit., 25.
  • 6  Ibid., 25.

10Il y a un nom qui influença sensiblement la pensée stratégique et politique des responsables américains à la fin du XIXe siècle, c’est celui du capitaine Mahan. Ce dernier insistait dans ses cours d’histoire et de tactiques navales  publiés en 18904, sur l’importance de la maîtrise des mers. Il en conclut qu’à l’instar de la Grande-Bretagne, les États-Unis peuvent et doivent devenir une grande puissance navale. Ils étaient, selon lui, destinés à devenir une puissance commerciale mondiale. Pour cette raison, « dans une série d’articles parus dans diverses revues entre 1890 et 1897 […] il s’emploie à convaincre ses compatriotes de son interprétation de la destinée impériale des États-Unis »5. Ainsi et pour la même raison, ils devraient, selon lui, une fois le développement intérieur du pays terminé, commencer à « regarder au-delà de leurs frontières, notamment pour développer le commerce et ne pas laisser les pays européens s’emparer de tous les marchés »6. Exprimant la même idée, Henry Cabot Lodge, Sénateur du Massachusetts écrivait dans la presse, presque à la même époque, ceci :

  • 7  Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, Marseille : Agone, 2002, 1 (...)

Dans l’intérêt de notre commerce […], nous devrions construire le canal de Panama et, pour protéger ce canal comme pour assurer notre suprématie commerciale dans le Pacifique, nous devrions contrôler les Îles Hawaii et conforter notre influence sur Samoa. […] En outre, lorsque le canal de Panama sera construit, Cuba deviendra une nécessité. […] Les grandes nations annexent rapidement, en vue d’assurer leur future expansion et leur sécurité, toutes les terres inoccupées du globe. […] En tant que membre de ce cercle des grandes nations, les États-Unis ne peuvent pas ne pas suivre cette voie7.

  • 8 Ibid.
  • 9 Ibid.

11Ainsi les forces d’expansion américaines étaient sur la rampe de lancement, prêtes à se lancer dans la grande aventure coloniale. De nombreux facteurs les poussaient vers des horizons nouveaux et vers des perspectives impérialistes inédites. Parmi ces facteurs, viennent en premier lieu la destinée manifeste, la fin de la « frontière » et surtout un marché interne regorgeant de surproduction qui ne demandait que des voies de sortie pour conquérir les marchés extérieurs. Le tout était accompagné d’une frénésie coloniale planétaire. Dans la même période, les puissances industrielles européennes s’engagèrent dans une course sans merci vers les colonies, en quête de marchés et de matières premières. Peu avant la guerre de Cuba, le Washington Post écrivait à ce propos ce qui suit : « Un nouveau sentiment semble nous habiter : la conscience de notre propre force. Et, avec elle, un nouvel appétit : le désir d’en faire démonstration […] Nous sommes confrontés à un étrange destin, le goût de l’empire règne sur chacun de nous comme le goût du sang règne sur la jungle »8. Et nous sommes en droit de nous demander si ce goût était instinctif dans la bouche du peuple américain, ou s’il était, selon l’historien américain Howard Zinn, « plutôt fabriqué, encouragé, promu et avivé par les magnats de la presse, l’armée, le gouvernement et les universitaires obséquieux de l’époque ?9 ».

  • 10 Ibid., 18.

12La déclaration faite par le Département d’État en 1898 est largement édifiante. Cette déclaration disait en substance : « Il semble à peu près certain que tous les ans nous aurons à faire face à une surproduction croissante de biens qui devront être lancés sur les marchés étrangers si nous voulons que les travailleurs américains travaillent toute l’année. L’augmentation de la consommation étrangère des biens produits dans nos manufactures et nos ateliers est, d’ores et déjà, devenue une question cruciale pour les autorités de ce pays comme pour le commerce en général »10. Dès lors, la voie fut libre face à l’expansionnisme des États-Unis. Un expansionnisme qui n’allait plus s’arrêter. Il continue encore aujourd’hui, plus d’un siècle après, avec les conséquences désastreuses qui en découlent. Ainsi, au-delà de l’incompréhension entre les nations, l’invasion de l’Irak généra une effroyable explosion de violence aveugle, de haine et de souffrance et une longue cohorte de victimes innocentes.

La révolution Cubaine et l’intervention des États-Unis

1. Vers l’insurrection de 1895

  • 11  Yves Henri Nouailhat, Les États-Unis et le Monde au XXe siècle, op. cit., 29.

13Suite à la loi tarifaire Wilson-Gorman qui a augmenté les droits de douane sur le sucre cubain de 40%, nous pouvons dire que la politique américaine de tarification contribua sensiblement à l’exaspération des Cubains. Il faut savoir qu’ « étant donné que le sucre représentait 80% des ressources de l’île, le résultat fut catastrophique »11. En imposant une taxe sur le sucre brut, les États-Unis ajoutèrent à la souffrance politique des Cubains une souffrance économique.

  • 12  John M. Blum, William S. Mcfeely, Edmund S. Morgan, et al., The National Experience, a History of (...)

14Par ailleurs, les autorités espagnoles eurent recours à des méthodes extrêmement violentes. De leur côté, les insurgés cubains en colère s’acharnèrent sur les fabriques et les champs de cannes à sucre appartenant aux partisans de l’Espagne. Par cette politique de la terre brûlée, les révoltés voulaient en fait provoquer la défaite des Espagnols en épuisant leurs ressources. Le commandant espagnol, le général Valeriano Weyler, répondit par une politique brutale de regroupement forcé dite politique de « reconcentration ». Il enferma l’entière population qui venait des provinces lointaines et des vastes contrées cubaines, composée de femmes, d’enfants et de personnes âgées dans des villes et des cités fortifiées, entourées de fils barbelés et sous une garde armée musclée. Ces populations étaient laissées sans sanitaire et nourriture, livrées à elles-mêmes et affrontant la faim et les maladies. Le résultat fut catastrophique. « Il est généralement admis qu’en deux ans, plus de 200 000, ou près du huitième de la population totale, ont été exterminés »12. Vu l’ampleur de la souffrance des rebelles, leur cause provoqua une sympathie profonde parmi les Américains. La presse, de son côté, s’empara de ces événements pour décrire sur un ton pathétique, à dessein, pour gonfler et exagérer les atrocités espagnoles.

2. Le rôle de la presse et le milieu des affaires

  • 13  Ibid., 542.

15La « presse jaune » de New York était parmi les fervents défenseurs de l’idée d’intervention dans ce conflit. Il y avait notamment « William Randolph Hearst’s New York Journal et Joseph Pulitzer’s New York World »13. La presse fit envoyer toute une équipe de reporters et d’artistes pour couvrir le conflit cubain et pour envoyer des récits et des images vivantes. Grâce à ces récits et images, les États-Unis furent traversés par une vaste vague de sympathie pour les insurgés. Cependant, malgré le travail inlassable de trois ans de cette presse à sensation, l’opinion publique resta sur sa position : contre la déclaration de guerre à l’Espagne.

  • 14  Il faut souligner que les hommes d’affaires s’étaient dès le début intéressés à la révolte des Cub (...)
  • 15  Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, op. cit., 21.
  • 16  John M. Blum, William S. Mcfeely, Edmund S. Morgan, (et al.), The National Experience, a History o (...)
  • 17  Bernard Vincent (Dir.), Histoire des États-Unis, Nancy : Presses Universitaires de Nancy, 1994, 16 (...)

16En revanche, l’évolution de l’opinion des leaders du monde des affaires fut autre. S’ils n’étaient pas pour l’intervention de leur pays au début, une partie importante parmi eux finit par faire le choix de l’intervention14. Les journaux religieux protestants ainsi que ceux des démocrates et des républicains, avaient fini par se rallier à l’idée de la guerre. Même si, pour justifier le changement de leur attitude, ils insistèrent sur le mobile purement humanitaire et se défendirent de tout désir annexionniste ou appétit de gain territorial. Un exemple précédent avait vu s’opérer les mêmes conversions. Il avait eu lieu lors des événements de Chine en 1897-1898. Ce fut « à ce moment là que le Journal of Commerce, de New York, apparemment ardent défenseur du développement pacifique du libre échange, se mit à exiger vigoureusement le recours au colonialisme militaire classique »15. Toujours est-il, que les voies qui ne cessaient de monter pour appeler à intervenir, le firent en dénonçant « la barbarie » espagnole et surtout les atrocités commises par le commandant en chef espagnol « Weyler le boucher ». Un autre groupe était lui aussi pour la guerre, mais purement et ouvertement pour des considérations expansionnistes et impérialistes. À la tête de ce groupe se trouvaient Théodore Roosevelt, Cabot Lodge et A. T. Mahan, qui étaient également pour la guerre mais « dans le seul but de conquête, d’expansion et de gloire militaire »16. En effet, « l’expansionnisme américain prend des formes plus guerrières avec Théodore Roosevelt, plus financières avec Taft, plus moralisantes avec Woodrow Wilson. Mais un fait est certain : les États-Unis sont devenus une grande puissance mondiale »17. Et une grande puissance avait besoin de marchés extérieurs, d’espaces et de territoires pour exprimer sa « suprématie » et « défendre ses intérêts », à l’instar des autres grandes puissances.

17Au moment de la révolution cubaine, les États-Unis étaient traversés par un courant de sympathie très fort à son égard. Cette sympathie trouvait son explication dans une certaine forme d’identification. Laquelle identification était fondée tout d’abord sur le sentiment que, les Cubains étaient en 1897-98 en train de passer par la même phase historique que les Américains en 1776. Comme eux, mais avec un décalage de plus d’un siècle, ils étaient en lutte pour leur libération nationale. Mais au niveau de l’administration américaine, l’ultimatum adressé à l’Espagne ne fit aucune allusion à la liberté des Cubains. Le souci premier de cette administration était focalisé sur le « bon fonctionnement du commerce » et les « conditions de prospérité ». Il ne fallait surtout pas que ces deux facteurs soient affectés par cette guerre entre les autorités espagnoles et les insurgés.

3. La « Splendide petite guerre » aura bien lieu

  • 18  Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, op. cit., 24.
  • 19  Ibid.

18Lorsque le « Maine » fut frappé en février 1998 par une mystérieuse explosion et envoyé au fond de l’eau avec ses deux cent soixante-huit hommes d’équipage, l’émotion et l’indignation furent très vives aux États-Unis. Malgré sa fameuse hésitation, le président McKinley commença à envisager sérieusement la guerre. Le Commercial Advertiser de New York, opposé au début de la guerre, « exigea, le 10 mars 1998, une intervention à Cuba… ». Comme le défenseur de l’indépendance cubaine rejetait en même temps l’impérialisme américain, on réussit à trouver une parade. Au Congrès, on passa « l’amendement Teller par lequel les États-Unis s’engageaient à ne pas annexer Cuba ». Mais au printemps, les milieux d’affaire changèrent de position. Désormais, ils voulaient la guerre. Car, à leur avis, la politique de la voie pacifique n’était plus suffisante. On trouva aussitôt l’écho de ce revirement dans le Journal of Commerce. Rectifiant le tir, ce dernier exprima la position nouvelle par les termes suivants : « l’amendement Teller […] doit être interprété dans un sens quelque peu différent de celui que son rédacteur lui avait attribué »18. Jugeant que la guerre pouvait leur profiter, certains intérêts privés se manifestèrent aussitôt. La Chambre de Commerce à Pittsburgh exigea ainsi l’usage de la force. Et ce fut au tour du Chattanooga Tradesman d’annoncer que la probabilité d’une guerre avait « grandement stimulé l’activité sidérurgique ». Enfonçant le clou, il ajouta qu’ « une guerre accroîtrait très sérieusement l’activité des transports »19. On ne pouvait être plus explicite. Le lobby des affaires avait choisi le camp de la guerre et entendait bien le faire savoir.

  • 20  Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, op. cit., 24.
  • 21  Ibid., 24.

19Depuis la destruction du « Maine », les fournisseurs d’obus, de munitions, de matériel d’artillerie et d’autres produits avaient assiégé le département de la Marine poussant à la guerre. Dans une longue lettre à McKinley, datée du 21 mars 1898, Henry Cabot Lodge assura que les banquiers, les agents de change, les hommes d’affaires, les patrons de presse et les ecclésiastiques avec qui il avait discuté à Boston, à Lynn et à Nahan souhaitaient tous que la question cubaine fût « résolue ». Précisant sa pensée, il ajouta que, de leur point de vue, « pour les affaires, il valait mieux un bon choc et puis plus rien [plutôt] qu’une succession de spasmes tels que nous en aurons si cette guerre à Cuba continue »20. Le 25 mars, un télégramme envoyé par l’un des conseillers de Mckinley à la Maison Blanche, tomba. Il y disait en substance : « Ici les grandes entreprises croient à présent que nous aurons la guerre et elles l’accueilleront comme un soulagement après tout ce suspense »21.

  • 22  Yves-Henri Nouailhat, Les États-Unis et le Monde au XXe siècle, op. cit., 32.

20Ainsi les États-Unis étaient portés par un mouvement inexorable vers la guerre. Alors peut-on résumer la situation comme George F. Kenâan et Charles E. Osgood, en disant ceci : « une opinion publique excitée par des journalistes a contraint un président faible et hésitant à déclencher la guerre ?22 ». Oui, dans une certaine mesure. Parce que le mouvement qui poussait vers la guerre était beaucoup plus complexe. Il est vrai que les passions étaient déchaînées et qu’une forte charge émotionnelle accompagnait cet épisode. La presse à sensation (yellow press) joua un grand rôle. Mais elle n’était pas la seule. Les journaux du Middle West étaient encore plus favorables à la guerre, pour ne pas parler de la presse traditionnelle, la presse des affaires et la presse religieuse, qui constituaient près des deux tiers des journaux. Cette presse pondérée qui, jusque-là, avait gardé ses distances avec la presse à sensation, avait fini par rejoindre cette dernière pour adopter à son tour la logique de guerre.

  • 23  Ibid.

21Il faut souligner, par ailleurs, qu’outre les élites, la fièvre impérialiste gagna peu à peu les éléments de la classe moyenne et bientôt, même les éléments de la classe la plus défavorisée. Notamment ceux qui se sentaient menacés par les grands changements sociaux et économiques de la société américaine de l’époque. Pour ceux-ci, le passage d’une Amérique rurale traditionnelle avec ses certitudes, ses notables et ses traditions à une atmosphère de concurrence effrénée était trop rapide. Ce passage les avait déstabilisé et les avait mis dans le désarroi. En plus, un étonnant transfert s’était opéré. En effet, ces angoisses et ces anxiétés des Américains des zones rurales et des petites villes de l’Est ou du Middle West, s’étaient transférées d’une manière irrationnelle, selon Ernest May, sur les Cubains souffrant sous l’oppression espagnole. Ainsi, « pour le peuple comme pour le gouvernement américains, la guerre avec l’Espagne monarchique, catholique, latine, n’avait peut-être pas d’autre but que de porter remède à leurs propres inquiétudes »23.

La fin de la Guerre froide et le « Projet pour le nouveau siècle américain »

  • 24  Georges Corm, Le Proche-Orient éclaté 1956-2006, Paris : Gallimard, 4ème édition, 2005, 599.

22À la fin des années 1990, les États-Unis entrèrent dans une ère bénie. Tout allait pour le mieux pour cette hyper puissance. Débarrassée de son redoutable concurrent, l’Union soviétique, elle était enfin victorieuse sur la ligne d’arrivée, à l’issue de la Guerre froide. Et de quelle manière ! L’histoire donna raison à la grande puissance libérale, aux champions du libéralisme économique. Le démantèlement de l’Empire soviétique, la réunification de l’Allemagne et le retour à la liberté des pays de l’Europe de l’Est firent retrouver aux États-Unis, plus qu’une assurance, une confirmation et une foi dans son bon droit. Mais ce fut surtout leur succès militaire éclatant dans la guerre du Golfe de 1991 contre l’Irak qui avait fini par chasser de l’esprit des États-uniens le syndrome du Vietnam. Il faut, par ailleurs, ajouter à ces facteurs politiques, « des facteurs économiques perçus eux aussi comme très positifs par l’opinion occidentale. Il s’agit principalement des réformes économiques de type libéral que [menaient] tous les pays du tiers-monde qui […] se [voyaient] obligés de suivre les recettes d’ « ajustement structurel » de la Banque mondiale et du fonds monétaire international »24. Ce fut le début de la mondialisation de l’économie libérale si chère au pays de l’Oncle Sam. Même la Chine communiste montra patte blanche et accepta les investissements de grandes sociétés multinationales dans certains secteurs sur son territoire.

1. Le contexte du 11 septembre 2001

23Le 11 septembre 2001, survint un véritable tournant dans les relations internationales contemporaines. Peu d’événements eurent, de nos jours, un impact aussi fort et aussi lourd de conséquences. Les États-Unis eurent pour la première fois, dans leur courte histoire la sensation du danger et de la menace. Ils se sentirent fragiles, enfin presque comme tout le monde. Ils découvrirent à leur corps défendant la terrible vérité qui consiste à montrer que leur territoire n’était plus le sanctuaire qu’ils croyaient être. L’image du Monde arabe, d’où venaient les assaillants du World Trade Center et du Pentagone, en sortit fortement entachée. Le sentiment anti-arabe et anti-islamique en Amérique du Nord, mais également en Europe occidentale, autrefois latent, s’exprima ouvertement. Pratiquement, tous les journaux et toutes les chaînes de télévision en Occident, ne parlèrent après le 11 septembre que de « fanatisme », de « terrorisme islamique », de « fous de Dieu », de leur « haine de la civilisation et de l’Occident », etc. Du coup, toute la région qui va de la Mauritanie sur les côtes de l’Atlantique jusqu’au Pakistan et même au-delà, jusqu’en Indonésie, fut désignée comme région à risque. Toutes les populations musulmanes originaires de cet espace géographique étaient devenues suspectes aux yeux des responsables de sécurité états-uniens. Une psychose de la méfiance prit forme. Aussitôt, la théorie de Samuel Huntington sur le choc des civilisations eut le vent en poupe. On s’y intéressa de plus en plus. Et cette théorie gagna même de nouveaux adeptes, notamment parmi les néo-conservateurs aux États-Unis et en Europe.

2. Désigner l’ennemi : l’Irak est la cible

24Les États-Unis entamèrent leur « croisade » contre le terrorisme en attaquant l’Afghanistan des Talibans qui, disaient-ils, servait de sanctuaire pour Al-Qaïda de Ben Laden. Au bout de quelques semaines de bombardement, le régime des Talibans en place était défait. La victoire américaine ne faisait de doute pour personne. Et on se dépêcha de mettre en place un pouvoir politique « ami » sous l’autorité de Hamid Karzaï. Mais le but essentiel de la « croisade » était ailleurs. La pièce maîtresse du plan de guerre américain était l’Irak. Pour cette raison, on mit très vite le cap sur Bagdad. Mais il restait le mobile. Il fallait expliquer, démontrer et convaincre l’opinion publique pour quelle raison on voulait attaquer l’Irak.  

25Aussitôt, une campagne médiatique énorme se mit en place pour diaboliser le régime irakien. Washington avait énuméré de nombreux griefs à l’encontre de ce dernier. On peut énumérer quelques-uns de ces griefs, à titre d’exemple :

  • L’Irak détiendrait ou chercherait à développer des armes de destruction massive : nucléaires, chimiques et biologiques.

  • L’Irak n’aurait pas respecté les résolutions des Nations Unies votées après la 2ème guerre du golfe de janvier- mars 1991.

  • L’Irak se serait rendu coupable de violations des droits de l’homme.

    • 25  L’animosité entre Ben Laden et le régime baasiste de Saddam Hussein était notoire. L’idéologie du (...)

    L’Irak aurait des relations avec l’organisation terroriste d’Al- Qaïda25.

  • L’Irak abriterait des organisations radicales palestiniennes et remettrait 25 000 dollars à la famille de chacun des kamikazes palestiniens auteur d’attentat contre les Israéliens.

26La propagande contre l’Irak revêtit ainsi plusieurs aspects à la fois. L’Islam était de plus en plus perçu comme une religion hostile, or l’Irak est un pays musulman. Sur le plan de la culture politique,  les Américains sont très attachés à la démocratie. Pour eux, tout forfait et toute entrave aux principes démocratiques sont intolérables. Que dire alors d’un régime considéré par les médias, dans une unanimité parfaite, comme despote et répressif ? Certains journaux, parmi les plus grands des États-Unis, le comparent facilement au régime hitlérien. Le dernier critère de jugement enfin, est d’ordre militaire et stratégique. En détenant des armes de destruction massive, le régime de Saddam Hussein deviendrait synonyme de menace non seulement pour  les États-Unis mais aussi pour toute la civilisation occidentale.

27Cette campagne réussit à atteindre le but escompté. Ainsi, le régime irakien symbolisa aux yeux de l’opinion publique états-unienne non seulement le mal absolu mais surtout, crut-on, un danger sérieux et imminent pour la sécurité des États-Unis. Dès lors, on entendit le plus humble des citoyens américains égrener les raisons impérieuses de la nécessité d’aller s’occuper du cas de l’Irak et de Saddam (Hussein) – comme on s’était mis à l’appeler familièrement – en personne. Les médias jouèrent un rôle d’une grande complicité avec l’administration Bush junior dans la ruée vers la guerre et l’invasion de l’Irak. On présenta cette guerre comme juste et indispensable pour la sécurité des États-Unis, et donc inévitable. Les grands journaux de référence comme le New York Times ou le Washington Post et les chaînes de télévision à l’instar de Fox News, de CBS et de CNN, mais aussi des magazines et de grandes maisons d’édition, montèrent jour après jour une argumentation démontrant la culpabilité du régime irakien, à tel point qu’on était arrivé à la situation où n’importe quel « citoyen lambda » qui regardait ces chaînes de télévision, tenait des propos excités sur la malfaisance de Saddam et sur la nécessité de le stopper à temps.

  • 26  Edouard Saïd, « Une autre façon de voir les États-Unis », Le Monde diplomatique, mars 2003. (...)
  • 27  Ibid.

28Tout cela était accompagné d’une ferveur patriotique comme seule l’Amérique en connaît. Car l’une des spécificités de ce pays réside dans ce patriotisme à fleur de peau, très particulier. On ne voit dans aucun autre pays une certitude équivalente à l’équation suivante : l’Amérique = le Bien = loyauté et amour parfait. Ce genre de patriotisme engendre d’autres spécificités.  « La vénération est inconditionnelle envers les pères fondateurs ainsi qu’envers la constitution, document étonnant en effet », disait Edouard Saïd, « mais néanmoins humain »26. Il ajouta plus loin : « dans aucun autre pays, le drapeau ne tient à ce point le rôle d’icône centrale. On le voit partout, sur les taxis, au revers des vestons, devant les fenêtres et sur les toits des maisons »27. La propagande de la guerre se marie très bien avec un patriotisme à fleur de peau. L’histoire n’a pas cessé de le montrer.

29C’est à partir de cette réalité que le président George W. Bush, put facilement, avec ses amis néo-conservateurs, Richard Cheney, Donald Rumsfeld, Condoleeza Rice et d’autres encore, acquérir l’opinion publique de son pays en faveur de la « guerre préventive » contre le terrorisme. Ils furent aidés en cela amplement, par une presse et par des lobbies à l’influence et aux moyens redoutables, et qui étaient convaincus que leur intérêt supérieur leur dictait d’aller en Irak. Mais qui sont donc ces lobbies ?

3. Disqualifier et délégitimer l’ennemi

30Lorsque George W. Bush s’étonna après le 11 septembre 2001 pourquoi « Ils » haïssaient le mode de vie la démocratie occidentale et américaine en particulier, il visait pèle mêle les terroristes, les extrémistes et les islamistes. Mais on doit se poser la question suivante : était-ce vrai que tous ces gens avaient pour seul mobile la haine de la démocratie et de son mode de vie ? Si seulement on avait pris le temps de le vérifier ? Peu importe. C’est en tous les cas avec de pareils arguments que les experts en communication de la Maison Blanche avaient réussi à remporter l’adhésion de l’opinion publique à la guerre. Qui parmi les citoyens états-uniens ou occidentaux refusera qu’on livre bataille aux ennemis de la démocratie ? À part les intellectuels et ceux qui, pour une raison ou une autre refusent de croire ce que la plupart des journaux, des radios et des chaînes de télévision leur servit à longueur de journée, personne. Ce fut une scène pathétique lorsque le président George W. Bush se demanda d’une manière on ne peut plus candide : « Pourquoi nous déteste-t-on tant ? ». Seulement, cette question et cet étonnement n’étaient que pure répétition théâtrale destinée à endormir l’opinion publique à dessein. En réalité, les motivations d’Al- Qaïda, si on ne prend que cet exemple, et selon les déclarations de Ben Laden lui-même, étaient d’ordre strictement politique : la présence américaine en Arabie Saoudite et au Moyen-Orient et le soutien politique et militaire à Israël plus prédateur que jamais. Mais cette face de la vérité resta, et reste toujours absente de la plupart des médias, notamment des médias les plus influents. En réalité, le sentiment d’impuissance face à l’injustice perpétrée par les États-Unis et Israël reste le vecteur, de loin le plus dominant de la frustration de l’opinion dans le monde arabo-musulman et de sa haine à l’égard de la politique de Washington.

  • 28  Hicham Ben Yaïche, « 11 septembre, Attentats : mensonges, dérapages et intoxication », Université (...)

31Il est tout à fait remarquable que cette réalité ne soit presque jamais reflétée lors des innombrables débats télévisés ou sur les pages des journaux de référence. Que le gouvernement des États-Unis cache cette raison à son opinion publique passe, car c’est en quelque sorte  dans la logique des choses, mais que des intellectuels en Europe et en France, comme André Glucksmann et Alain Finkielkraut le fassent sur les plateaux des chaînes publiques, laisse songeur. Pourquoi ces intellectuels, qui avaient fait main basse sur cette question en France, pays qui s’opposa farouchement à la guerre, cherchaient-ils à égarer l’opinion publique sur les raisons véritables du conflit ? À qui profiteraient cette malversation et ce manquement de rigueur ? « La confusion [était] telle que certains [étaient] poussés à croire que si les États-Unis [avaient] été attaqués le 11 septembre 2001, c’était parce qu’il n’y avait pas de démocratie dans le monde arabe »28. Ainsi on saurait ce qu’il restait à faire : démocratiser le Monde arabe par tous les moyens. Les choses auraient été très simples si telle était la vérité. Mais ce n’était pas le cas. Ce simplisme avait un effet ravageur. Lorsqu’on vit l’hystérie guerrière collective, on ne pouvait que se demander dans quel monde nous vivions ! Les enjeux économiques et stratégiques valaient-ils tant de haine, de souffrance et de morts ? Il n’est pas sûr que l’opinion publique, une fois libérée de l’effet des médias et de l’emprise des lobbies, ait eu la même position à l’égard des politiques qui ont poussé à cette guerre et à cette tragédie.

La machine américaine de propagande et ses relais

  • 29  L’image fit le tour du monde. Elle montrait Colin Powell, qui était secrétaire d’État des États-Un (...)
  • 30  À savoir l’Union Démocratique du Kurdistan de Jalal Talabani, l’actuel président irakien, et le Pa (...)

32Pour envahir l’Irak, l’administration américaine usa des moyens de propagande les plus classiques mais avec des procédés nouveaux. On recourut à une vaste et longue campagne médiatique. On fit des pressions sur certains pays. On ne recula devant aucun procédé. On usa du chantage et de l’intimidation à l’encontre de ceux qui voulaient prendre leur distance vis-à-vis d’une Amérique, certes blessée mais qui allait vite, trop vite en besogne. Il y avait une certaine gêne vis-à-vis de cette administration qui  désigna ses ennemis avec beaucoup de hâte, d’une façon arbitraire et selon les humeurs du moment. On brandit le slogan manichéen selon lequel : « ou, on est avec nous dans la guerre contre le terrorisme, ou on est avec les terroristes ». La menace était à peine voilée. Tous les moyens étaient employés pour enrôler, bon gré, mal gré, le maximum de pays dans cette « croisade », selon les propres termes de George W. Bush, contre le terrorisme. Utilisant le canal de l’ONU, le secrétaire d’État américain se livra à une  mise en scène théâtrale dans le but de frapper les esprits et de convaincre les opinions, américaine d’abord et internationale ensuite, que l’Irak avait fabriqué, stocké et caché des armes de destruction massive. Il brandit devant les caméras un flacon censé contenir des produits chimiques toxiques, suggérant que l’Irak avait les mêmes mais qu’il les aurait cachés aux yeux des inspecteurs des Nations Unies. Cette mise en scène se révéla pathétique lorsque le monde finit par découvrir la vérité. Washington affirma, à qui voulait l’entendre, que l’Irak constituait une menace potentielle majeure et un danger imminent pour la communauté internationale29. Les chaînes de télévision, notamment Fox News, CBS et CNN, les radios et la presse écrite comme le Wall Street Journal,le New York Times et le Washington Post, avaient été mis à contribution. Par ailleurs, on employa dans cette entreprise des relais américains, comme les néo-conservateurs et les associations de la société civile, mais également des relais irakiens. Ces derniers étaient composés surtout des partis d’opposition, ceux du Congrès National irakien d’Ahmed Chalabi, du Conseil Supérieur de la révolution, mouvement d’obédience chiite ainsi que des deux partis Kurdes30. Il faut ajouter à cela les ONG irakiennes qui étaient soutenues, financées et entraînées par Washington, dans le but de servir de couverture pour envahir ce pays.

1. Les néo-conservateurs

33On commença à parler des néo-conservateurs aux États-Unis d’une manière récurrente après la fin de la Guerre froide. Et c’est surtout après le 11 septembre 2001 qu’on parla d’eux avec plus d’insistance. Mais qui sont-ils donc les « néo-cons », comme on les appelle aux États-Unis? Quelle politique veulent-ils appliquer ? Et enfin, ont-ils les moyens de leur politique ?

34Les néo-conservateurs n’appartiennent pas spécifiquement à un parti politique. Ils sont cependant pour la plupart de droite et donc républicains. Certains sont à l’origine démocrates, comme Richard Perle. Ceci ne l’empêche pas d’être un conservateur parmi les conservateurs. Certains lui trouvent même un côté obscur, ce qui les pousse à le surnommer « le prince des ténèbres ». Les néo-cons se répartissent sur plusieurs activités allant de la sphère universitaire, comme Paul Wolfowitz, à l’origine, ou Térence Marshall, professeur à l’Université de Paris X, à celle de la recherche, ayant pour spécialité d’étudier les groupuscules islamistes au Moyen-Orient, en passant par le conseil politique ou le journalisme (Wall Street Journal). Certains sont des professionnels de la politique à l’instar de Condoleeza Rice, qui, elle aussi, était auparavant professeur à l’Université de Standford.

35On compte parmi les néo-conservateurs qui entourent le président George W. Bush, Richard Cheney, le Vice-président, ainsi que le secrétaire d’État à la défense, Donald Rumsfeld. Paul Wolfowitz, l’ancien secrétaire adjoint à la défense entre 2001 et 2005, et qui a été nommé ensuite directeur de la Banque Mondiale, fait lui aussi partie des amis néo-cons proches du président. On trouve également Irving Kristoll, philosophe et « parrain » du néo-conservatisme, William Kristoll, rédacteur en chef du Weekly Standard, Elliott Abrams, conseiller de George W. Bush pour les affaires du Moyen-Orient, David Frum, auteur du livre L’Axe du Mal, Zalmay Khalilzad, ambassadeur des États-Unis en Afghanistan de 2002 à 2005, puis à Bagdad à partir de 2005 et le précité Richard Perle, un inconditionnel d’Israël et spécialement du chef du Likoud israélien Ariel Sharon. Viennent aussi dans cette liste des néo-conservateurs, Gary Schmitt, président démocrate du « Project for the New American Century » (PNAC), Yves Roucaute, théoricien du néo-conservatisme, professeur à l’Université de Paris X et président de l’Institut « Europe Libre » et Lucien-Samir Oulahbib, écrivain et enseignant… La liste est loin d’être exhaustive.

36Quelle politique les néo-cons veulent-ils appliquer ? Principalement, leur volonté affichée est d’établir un nouvel ordre mondial. Pour ce faire, ils critiquent l’ONU qui est selon eux incompétente et immorale. Pour eux, cet organisme international est synonyme de gabegie et de corruption. Ils détestent les grandes conférences internationales et préfèrent les coalitions plus restreintes. Leur soutien à Israël est indéfectible. Par ailleurs, ils donnent dans leur pensée une place prépondérante à la puissance militaire de l’État républicain dans les relations internationales. Ceci explique l’intitulé de leur manifeste de 1996 : « Projet pour le nouveau siècle américain » (Project for the New American Century). On peut résumer leur agenda pour les Etats-Unis, en ce début de XXIe siècle, de la manière suivante :

  • Le refus du déclin de la puissance américaine en tant que première puissance républicaine dans le monde.

  • La revalorisation de l’outil militaire états-unien pour répondre aux agressions d’où qu’elles viennent.

  • La fin de la complaisance envers les dictatures.

  • La clarté morale et l’hégémonie bienveillante des États-Unis partout dans le monde.

37Ainsi, en examinant le projet des néo-conservateurs, nous allons remarquer inévitablement leur alliance avec le complexe militaro-industriel, les cartels pétroliers et enfin le lobby pro-israélien. Cette alliance s’est avérée résistante à toute épreuve. La relation avec Israël s’est révélée, quant à elle, stratégique.

2. Les relais irakiens de la propagande américaine

38Outre les organisations et associations américaines, les États-Unis comptent beaucoup sur des relais irakiens ou irako-américains qui s’activent en Irak. Ainsi la Fondation de Défense des Démocraties, très présente en Irak, concentra toute son énergie sur la promotion de la politique de colonisation dans ce pays par l’organisation des congrès et des cercles d’étude. Cette fondation vit le jour au début de l’année 2001 à Washington sous le nom de : « Initiative pour l’enseignement » (Omit). Elle fut créée par des milliardaires américains dont la plupart sont pro- israéliens.

39Après le 11 septembre, cette fondation changea de nom tout en gardant le même cap. D’un budget annuel de 3 millions de dollars, budget qu’elle recevait sous forme de dons en provenance de vingt-sept milliardaires, cette fondation compte des membres très proches ou actifs au sein de l’AIPAC. Ceux-ci se réunissaient deux fois par an pour mettre en place des projets communs. Selon un rapport de Joffrey Blankford, datant du 16 mars 2006, cette organisation est l’une des plus fortes et des plus influentes organisations du lobby sioniste aux États-Unis. Elle compte en son sein des noms connus pour leur soutien à Israël parmi lesquels des néo-conservateurs. Elle est puissante dans le domaine des médias puisqu’elle est la source de sept articles quotidiens paraissant dans les journaux les plus lus dans ce pays. Pour prononcer son premier discours défendant sa politique en Irak, George Bush choisit le siège de cette fondation. Sur son site électronique, cette dernière se vante d’avoir diligenté une équipe d’avocats auprès de la Cour de Justice de Lahaye (CIJ) pour défendre le droit d’Israël à construire le Mur de séparation. Ce mur engloutit pourtant des milliers d’hectares des terres agricoles et des villes palestiniennes. Le conseil d’administration de cette fondation est présidé par Jane Kirkpatrik (ancienne ambassadrice des E.U. à l’ONU) ainsi que par le milliardaire Steeve Forbes. Parmi ses conseillers, on trouve des néo-conservateurs comme Not Gengrich, William Kristoll, Richard Perle et James Woosley, l’ancien patron de la CIA. Quant au président, qui est Clifford May, il fut président du Comité national des républicains pour l’information et la communication. Il est connu pour ses relations tentaculaires avec le monde des médias.

40Un mois avant l’invasion de l’Irak, cette fondation procéda à la création d’une nouvelle association qui s’appelle « Femmes pour un Irak libre » avec une cinquantaine de femmes irakiennes. Nous trouvons parmi celles-ci Safya Al-Suhayl (actuel député au parlement irakien),  Rand Al-Rahim Franckie (ex-ambassadrice d’Irak aux États-Unis), Zakya Ismaïl Hakki, Tanya Kelly, Catherine Michaël, Alae Talabani et Zeinab Souaïj. Cette fondation travailla, par ailleurs, avec cette dernière qui est en même temps directrice du Congrès Islamique Américain (AIC) ainsi qu’avec l’organisation féminine de droite : le « Cercle de la Femme indépendante » (Al Mountada). Ce cercle est en liaison très étroite avec la femme du vice-président des États-Unis, Richard Cheney, qui est aussi néo-conservatrice que son époux. Le travail accompli porta sur la création de la « Fondation éducative de la Femme Irakienne » qui remporta de nombreux contrats dans le domaine de l’enseignement et dans le grand chantier idéologique du changement des manuels scolaires en Irak. Zeinab Souaïj remporta, au nom de sa fondation, une aide financière du gouvernement américain dans le cadre de deux programmes annoncés par le secrétaire d’État Colin Powell le 8 mars 2004. Ces deux programmes avaient pour titre : « Initiative Démocratique des femmes irakiennes » et « Filiale des femmes américano-irakiennes ».

41La « Fondation de défense des démocraties » soutient, par ailleurs, l’action de « l’Institut irakien ». Celui-ci est un organisme fondé par Basel Al-Rahim, Kenâan Makkyé et Rand Al-Rahim Franckie à Washington en 1991. Il réussit à obtenir lui aussi une aide matérielle substantielle de la part des néo-cons. L’un de ses directeurs n’est autre que Borhom Salah, l’une des grandes figures du gouvernement irakien d’Al Maliki. L’institut reçut une aide d’un million de dollars en 2000 et de deux millions de dollars en 2001. Nous remarquons que Basel Al-Rahim est directeur de la filiale des banques « Margent Bridge » dont l’activité au Moyen-Orient est très connue. Il fut désigné, par ailleurs, comme consultant au ministère de l’industrie irakienne en 2004.

42En outre, la fondation est en liaison très étroite avec le département d’État ainsi que le Pentagone. Ils la chargèrent tous deux de la mission qui consiste à former des « leaders » de la société civile irakienne en 2004 et 2005 dans les domaines des médias et de la démocratie. Dans la même perspective, cette fondation organisa un voyage aux États-Unis pour un certain nombre de chefs d’organisation de la société civile irakienne. Ce voyage se déroula durant l’été et l’automne de 2004 juste avant les élections présidentielles. Ils  parlèrent longuement durant leur séjour aux États-Unis de leur « souffrance sous l’ancien régime » en Irak et exprimèrent leur gratitude à l’Amérique pour ce qu’elle avait fait pour eux. Les plus reconnaissants parmi eux avaient même pu se rendre dans vingt villes états-uniennes, et dans plusieurs bases militaires pour rencontrer des familles de soldats américains combattant en Irak. Ils furent interviewés par des chaînes de télévision, des radios et des journaux et louèrent à cette occasion la politique de l’administration George W. Bush en Irak. Mais n’était-ce pas dans ce but précis qu’on leur tendit les microphones des médias dominants ?

43La « Fondation de défense des démocraties » organisa des campagnes médiatiques concomitantes avec le calendrier politique de l’occupation américaine en Irak. Elle invita ainsi Zeinab Souaïj et Basima Fakhri de l’organisation « Wafidi » pour parler des droits de la femme dans la constitution. Elle apporta également un soutien énergique à un congrès sur l’écriture de la constitution qui fut organisé par « l’Institut irakien des études stratégiques » de Falah Abdel Jabbar, à Londres.

44La dernière trouvaille de cette fondation porte le nom de « Centre d’information de la démocratie irakienne ». Il s’agit d’un site électronique publiant en plusieurs langues, des informations pouvant servir aux organisations qui s’occupent de la démocratie et des droits de l’homme. Parmi ses réalisations pour l’année 2005 et en guise de propagande, nous remarquons la publication des « feuilles démocratiques » faisant l’éloge des différentes « réussites démocratiques » en Irak. Nous y trouvons des articles signés par des noms américains à côté de noms irakiens pro- sionistes et tous proches des néo-conservateurs. Parmi ces noms, nous citons, à titre d’exemple, celui de Walid Farès, Tania Kelly et Zeinab Souaïj parmi les anciens. Il y a aussi de nouveaux noms parmi lesquels celui d’Hassan Mnaimna de « l’Institut irakien ». Celui-ci changea entre temps de nom pour devenir l’« Institut de la mémoire irakienne ». Nous trouvons également celui de Mondher Al-Fadhel (conseiller du chef du gouvernement d’Arbil au Kurdistan), de Mohammed Fadhel (de l’Organisation des amis de la démocratie) ainsi que de Falah Abdel Jabbar, président de l’Institut irakien des études stratégiques, mentionné ci-dessus.

  • 31  Haïfa Zankana, Alquds Alarabi, samedi 28 octobre 2006 (« Les différents masques de la colonisation (...)

45Toutes ces organisations sont liées à la politique américaine par et grâce à des aides financières dans le cadre défini de la guerre préventive contre le terrorisme. Et afin de saisir l’enjeu de cette liaison, il faut se rappeler ce qu’avait dit un jour Colin Powell, lorsqu’il était à la tête du Département d’État : « les ONG doivent faire des sacrifices comme le font nos soldats avec leur vie sur les premières lignes de la liberté, [avait-il déclaré]. Elles sont pour nous une force efficace. Elles sont une partie très importante de notre confrontation militaire »31. Ainsi dans cette perspective, les relais américains et irakiens de la propagande américaine, sont considérés par l’administration Bush junior comme de vrais combattants.  Et au même titre que les soldats sur le terrain militaire, ils sont choyés et dotés de gros moyens matériels et financiers. Vue de Washington, l’issue de « la guerre contre le terrorisme » se joue également sur le terrain de la propagande.

Conclusion

  • 32  Howard Zinn, People’s History of the United States, 1492-Present,Perennial Classics, United States (...)

46Comme contre l’Espagne en 1898, le gouvernement des États-Unis eut recours à la propagande pour légitimer et justifier la guerre contre l’Irak en 2003. Dans les deux cas, les médias jouèrent un rôle manifeste dans le but d’influencer l’opinion dans le sens de la guerre. Dans les deux cas enfin, les lobbies qui avaient intérêt à ce que la guerre éclate, imposèrent leur choix, par médias interposés, à la majorité silencieuse du peuple. Le but de l’opération était d’assurer et de servir leurs intérêts stratégiques propres tels qu’ils le conçoivent, et d’assouvir un inexorable appétit d’expansion. L’un des représentants, par excellence, parmi  ceux qui avaient soif d’Empire, était Théodore Roosevelt. N’avait-il pas écrit à un ami en 1897 : « Entre nous, […] j’accueillerais avec plaisir n’importe quelle guerre tant il me semble que ce pays en a besoin » ?32

47En 1898, « la jolie petite guerre » (the splendid little war)  contre l’Espagne à Cuba et aux Philippines était venue exaucer ce vœu. Elle était justifiée par un mensonge : Madrid fut accusée d’être l’instigatrice de l’attentat perpétré contre le « Maine » ancré dans la rade de la Havane. Seulement, jusqu’à ce jour, aucune preuve ne vint confirmer cette accusation. De même pour l’Irak, son invasion fut fondée sur un prétexte mensonger. Ce pays « détient des armes de destruction massive », clamait Washington. Mais ces armes n’ont jamais été trouvées. Pourtant, on sillonna ce pays après l’avoir envahi de long en large et on le passa au peigne fin. Mais le but recherché fut atteint. Son État fut purement et simplement détruit avec son gouvernement, son parlement, son armée, sa police et toutes les structures qui font d’un État un État. Bien sûr, on agita là aussi, comme on l’avait fait pour le peuple cubain plus d’un siècle auparavant, le slogan d’apporter la démocratie et la libération. Mais là aussi ce fut un mensonge grossier et un mirage qui se dissipa aussitôt.

48Après quelques années d’invasion de leur pays, les Irakiens endurent quotidiennement les affres du colonialisme et l’emploi brutal et aveugle de la force par l’armée de l’unique hyper puissance mondiale. Au lieu de la démocratie, leur quotidien est désormais fait de morts, d’humiliations, de tortures et de destructions. Et à la place de la libération tant promise, on leur a servi le statut d’un pays colonisé par l’armée la plus puissante de la planète. L’armée américaine, qui était censée les libérer de la dictature et leur rendre leur richesse et leur dignité, s’acharne quotidiennement à les mépriser, à torturer et tuer leurs hommes, leurs femmes et leurs enfants avec un sadisme déconcertant. Elle viole leur dignité au sens propre et au figuré et pille leur richesse à tour de bras, dans la logique et selon la loi du plus fort. Si l’on voulait renforcer l’incompréhension et la haine et attiser les démons du terrorisme, on ne s’y prendrait pas autrement.

49Peut-on s’étonner après ces constats, de voir le terrorisme se renforcer au lieu de faiblir ? Et peut-on croire George W. Bush ou prendre les néo-conservateurs au sérieux quand ils affirment que c’est à cause de leur démocratie qu’on s’en prend à eux ? Les effets d’une propagande qui s’est avérée mensongère, finissent toujours par être dévoilés. Même si cette propagande émane d’une grande puissance telle que les États-Unis ; même si cette puissance est dotée des moyens politiques, économiques, culturels et militaires que l’on sait ; et enfin, même si cette puissance possède les médias les plus puissants, les plus modernes et les plus perfectionnés de la planète.

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Bibliographie

Ouvrages

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Notes

1  Henri Nouailhat, Les États-Unis et le Monde au XXe siècle, Paris : Armand Colin, 2000, 6.

2  Ibid., 22.

3  André Kaspi, Claude-Jean Bertrand, Jean Heffer, La Civilisation américaine, Paris : Presses Universitaires de France, 1979, 389.

4  Cette publication a pour titre: The Influence of Sea Power upon History, 1660-1783.

5  Henri Nouailhat, Les États-Unis et le Monde au XXe siècle, op. cit., 25.

6  Ibid., 25.

7  Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, Marseille : Agone, 2002, 17.

8 Ibid.

9 Ibid.

10 Ibid., 18.

11  Yves Henri Nouailhat, Les États-Unis et le Monde au XXe siècle, op. cit., 29.

12  John M. Blum, William S. Mcfeely, Edmund S. Morgan, et al., The National Experience, a History of the United States, Philadelphia: Harcourt Brace Jovanovich College Publishers, 8th  edition, 1993, 541-542.

13  Ibid., 542.

14  Il faut souligner que les hommes d’affaires s’étaient dès le début intéressés à la révolte des Cubains contre l’Espagne à cause des conséquences qu’elle pouvait avoir sur le commerce dans cette région.

15  Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, op. cit., 21.

16  John M. Blum, William S. Mcfeely, Edmund S. Morgan, (et al.), The National Experience, a History of the United States, op. cit., 542.

17  Bernard Vincent (Dir.), Histoire des États-Unis, Nancy : Presses Universitaires de Nancy, 1994, 167.

18  Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, op. cit., 24.

19  Ibid.

20  Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours, op. cit., 24.

21  Ibid., 24.

22  Yves-Henri Nouailhat, Les États-Unis et le Monde au XXe siècle, op. cit., 32.

23  Ibid.

24  Georges Corm, Le Proche-Orient éclaté 1956-2006, Paris : Gallimard, 4ème édition, 2005, 599.

25  L’animosité entre Ben Laden et le régime baasiste de Saddam Hussein était notoire. L’idéologie du parti Baas, aux yeux des salafistes islamiques, est une idéologie laïque qu’ils rejettent. Ben Laden la considérait même athée, ce qui était à ses yeux encore plus grave. De son côté, Saddam Hussein avait toujours rejeté et réprimé le fondamentalisme islamique, qu’il soit chiite ou sunnite. Ainsi, il n’y aurait apparemment que George W. Bush et son équipe pour croire qu’une pareille relation d’alliance entre les deux hommes serait vraisemblable.

26  Edouard Saïd, « Une autre façon de voir les États-Unis », Le Monde diplomatique, mars 2003.

27  Ibid.

28  Hicham Ben Yaïche, « 11 septembre, Attentats : mensonges, dérapages et intoxication », Université de Harvard, une interview de Mahmoud Ould Mohamedou, 15 février 2005. <Vigirak.com/ intox>, consulté le 6 octobre 2006.

29  L’image fit le tour du monde. Elle montrait Colin Powell, qui était secrétaire d’État des États-Unis à l’époque, brandissant à l’ONU et devant les caméras du monde entier un flacon supposé contenir des produits chimiques toxiques semblables à ce que l’Irak détiendrait. Plus tard, après avoir quitté son poste au département d’État et après la découverte de la vérité prouvant qu’il n’y avait absolument pas d’armes de destruction massive sur tout le sol irakien une fois ce pays envahi, le même Colin Powell regretta ce geste et dit que ce fut pour lui l’un des épisodes les plus honteux de sa vie. En fait, ce fut un mensonge grotesque et un pur coup de propagande.

30  À savoir l’Union Démocratique du Kurdistan de Jalal Talabani, l’actuel président irakien, et le Parti national kurde de Massoud Barzani, actuel président de la Région autonome du Kurdistan.

31  Haïfa Zankana, Alquds Alarabi, samedi 28 octobre 2006 (« Les différents masques de la colonisation américaine en Irak »).

32  Howard Zinn, People’s History of the United States, 1492-Present,Perennial Classics, United States,2001, 297.

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Pour citer cet article

Référence papier

Fredj Maatoug, « Les États-Unis, la propagande et la guerre : de Cuba (1898) à l’Irak (2003) », Revue LISA/LISA e-journal, Vol. VI – n°1 | 2008, 191-213.

Référence électronique

Fredj Maatoug, « Les États-Unis, la propagande et la guerre : de Cuba (1898) à l’Irak (2003) », Revue LISA/LISA e-journal [En ligne], Vol. VI – n°1 | 2008, mis en ligne le 15 juin 2009, consulté le 01 mars 2014. URL : http://lisa.revues.org/509 ; DOI : 10.4000/lisa.509

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Auteur

Fredj Maatoug

Dr. (Tunis, Tunisie)
Fredj Maatoug est né en Tunisie. Après une courte carrière de trois ans comme instituteur, il reprend ses études en histoire. En 1993, il soutient une thèse de doctorat en histoire des Relations internationales contemporaines à l’Institut Pierre Renouvin, Université de Paris I sur « la gauche française et la question palestinienne de 1948 à nos jours ». En 1995, il devient maître assistant à la faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, où il enseigne l’histoire des Relations internationales contemporaines ainsi que l’histoire des États-Unis. Après un séjour aux États-Unis dans le Massachusetts à Boston, il est actuellement à Paris où il mène des travaux sur le thème : John F. Kennedy, la France et le Monde arabe.

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Droits d’auteur

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      Littératures, Histoire des Idées, Images, Sociétés du Monde Anglophone – Literature, History of Ideas, Images and Societies of the English-speaking World
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