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« Sire, Marly ? » : usages et étiquette de Marly et de Versailles sous le règne de Louis XIV
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Usages et fonctionnement

« Sire, Marly ? » : usages et étiquette de Marly et de Versailles sous le règne de Louis XIV

“Sire, Marly?”: customs and etiquette at Marly and Versailles under Louis XIV
Benjamin Ringot et Thierry Sarmant

Résumés

Sources fondamentales dans la compréhension de la vie de cour louisquatorzienne, les mémoires, journaux et correspondances des courtisans donnent à lire et observer les pratiques des uns et des autres en fonction des lieux et des contextes. Marly, par sa nature semi-privative et son caractère ludique, créé un contexte différent de celui de Versailles, siège de la vie politique, où le roi est en perpétuelle représentation. Se pose alors la question de l’apparition de différences quant aux usages et à l’application de l’étiquette en ce lieu particulier. Mécanique des séjours, choix des invités et détails des usages sont ainsi à mettre en lumière et à comparer pour déterminer plus précisément le statut de Marly.

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Notes de la rédaction

Cet article fait partie des actes du colloque « Marly : architecture, usages et diffusion d’un modèle français » (31 mai, 1er et 2 juin 2012, château de Versailles) publiés sur le Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles.

Texte intégral

1

Thierry Sarmant : « Sire, Marly ? » : usages et étiquette de Marly et de Versailles sous le règne de Louis XIV

Enregistrement audio de la communication au colloque « Marly : architecture, usages et diffusion d’un modèle français », vendredi 1er juin 2012, Galerie basse du château de Versailles.

Crédits : Thierry Sarmant/2012/CRCV
  • 1 Bavière 1857, p. 262.

À Marly, le roi n’avait pas la moindre cérémonie […] il n’y avait pas d’étiquette et tout courait pêle-mêle (lettre de Madame Palatine du 11 août 17161).

  • 2 Cité par Elias 1974, p. 136.

2Observatrice assidue de la cour de Louis XIV, Madame Palatine présente Marly comme diamétralement opposé à Versailles où le roi, en perpétuelle représentation, impose une étiquette rigoureuse, faisant dire à Saint-Simon qu’« avec un almanach et une montre, on pouvait, à trois cents lieues d’ici, dire ce qu’il [le roi] faisait2 ». Cette apparente différence soulève la question des usages et de l’étiquette tels qu’ils sont observés à Marly, récente résidence royale de plaisance, en comparaison avec ceux pratiqués à Versailles, siège officiel de la Cour depuis 1682.

  • 3 Sarmant 2012.
  • 4 Sourches 1882-1893. Le journal a été publié sous le titre de Mémoires du marquis de Sourches sur le (...)
  • 5 Dangeau 1854-1860.
  • 6 Saint-Simon 1879-1928.

3Le propos de cette étude repose sur des réflexions fondées sur les dépouillements effectués au cours de la préparation de l’ouvrage Louis XIV, homme et roi3. Pour traiter de Marly, ses usages et son étiquette et opérer une comparaison avec Versailles, une source apparaît comme rarement exploitée par les historiens : le journal du marquis de Sourches, publié entre 1882 et 1893, par le marquis de Cosnac4. Le journal de Sourches commence en 1682, s’achève en 1712 et compte 13 volumes. Il couvre donc à peu près la même période que le Journal5 de Dangeau et les Mémoires6 de Saint-Simon mais il présente plusieurs avantages sur ces deux monuments de papier. Par rapport aux Mémoires de Saint-Simon, le journal de Sourches a la supériorité d’être écrit sur le moment, de n’être pas le résultat d’une recomposition effectuée à plusieurs décennies de distance. Par rapport au Journal de Dangeau, rédigé lui aussi au fil des jours, celui de Sourches a le mérite d’une certaine distance critique vis-à-vis du roi et de la Cour.

  • 7 Outre le livre de référence Maroteaux 2002, on se reportera à l’article de Castelluccio 1996b. (...)

4De 1677 à 1714, le marquis de Sourches exerça la charge de grand prévôt de France ou de grand prévôt de l’Hôtel du roi. Il appartenait donc à la catégorie des grands officiers de la Maison du roi et était directement impliqué dans le fonctionnement quotidien de la cour, dont il avait la police. Il était de la Cour, mais il était aussi bien en cour, et suivait les voyages de Marly. Son journal est un document de premier ordre sur les usages et l’étiquette différenciés de Versailles et de Marly7. Il nous renseigne aussi bien sur la fréquence et la durée des séjours à Marly, sur ceux qui y étaient conviés que sur les usages spécifiques de cette nouvelle résidence.

Marly, un second Versailles

5La première constatation qui frappe lors d’une lecture extensive du journal de Sourches, c’est la place tenue par Marly dans la vie de Louis XIV. Nous avons aujourd’hui tendance à nous représenter Marly comme une résidence secondaire, un lieu de séjour momentané là où Versailles est depuis 1682 une résidence ordinaire. En fait, quand on examine le calendrier des déplacements du roi, on s’aperçoit que, dans les deux dernières décennies du règne, Marly tend à devenir une autre résidence ordinaire, un second Versailles, voire un anti-Versailles.

  • 8 À partir du Journal de Dangeau et des Mémoires de Sourches.
  • 9 Castelluccio 1996b, p. 635 et p. 662-665.
  • 10 Levantal 2009.
  • 11 Car la Gazette et d’autres écrits ont été adjoints à Dangeau et Sourches.
  • 12 « Voyages » ou « séjours » – autrement appelés « Marlys » – s’entendent ici comme des séjours total (...)

6Comptabilisant les séjours de Louis XIV8, Stéphane Castelluccio a calculé que le roi a passé sept ans et neuf mois à Marly entre 1686 et 1715, soit un quart de son temps, et que, dans les dernières années de sa vie (1707-1715), cette proportion atteint un tiers9. La récente parution de la somme de Christophe Levantal, Louis XIV : chronographie d’un règne10, permet d’établir un tableau complet11 et saisissant de la part croissante des « voyages12 » de Marly dans l’existence du Roi-Soleil (annexe 1). De 6 jours par an en 1686, le roi séjourne à Marly jusqu’à 143 jours en 1711, avec une durée annuelle moyenne de 80 jours entre 1686 et 1715.

  • 13 Données obtenues à partir du dépouillement d’un échantillon (1699-1702) du Journal de Dangeau 1856, (...)
  • 14 La Rocque 2012.
  • 15 Sourches 1892, t. XII, p. 129, note 1.

7À ces séjours, il faut ajouter les excursions le temps d’un déjeuner, d’un souper ou d’une collation, les promenades dans les jardins de Marly et les chasses dans la forêt. Lorsque l’on calcule la fréquentation de Marly par Louis XIV en ajoutant aux séjours, comptabilisés plus haut, ses autres visites plus brèves, les chiffres enflent considérablement13 (annexe 2). D’après le témoignage de Dangeau, dans les quinze dernières années du règne, ces promenades avaient lieu tous les deux ou trois jours, quelle que fût la période de l’année14. Plusieurs centaines de fois dans le journal du vieux courtisan, on trouve la phrase : « Le roi alla l’après-dînée à Marly, d’où il ne revint qu’à la nuit. » À la fin du règne, le marquis de Sourches observe que Louis XIV « avait toujours témoigné un grand empressement pour aller à Marly et il était fâché quand il le quittait15 ». Le baron de Breteuil remarque lui aussi cette évolution :

  • 16 Breteuil 2009, p. 320-321.

Au commencement que Sa Majesté a fait usage de cette maison, les séjours qu’Elle y faisait n’étaient que de deux ou trois jours, et tout le monde pouvait aller y faire sa cour. Peu à peu, les séjours se sont allongés, la retraite est augmentée et, dans le plus rude hiver, Sa Majesté va faire de longs séjours dans ce magnifique jardin, car il ne peut pas porter le nom de château16.

Fig. 1 : Adam Pérelle, « Le château de Marly du côté des Jardins », 1683-1684, gravure. Collection particulière.

Fig. 1 : Adam Pérelle, « Le château de Marly du côté des Jardins », 1683-1684, gravure. Collection particulière.

© Droits réservés

  • 17 Cité par Maroteaux 2002, p. 61.
  • 18 Castelluccio 1996b, p. 633.
  • 19 Dangeau 1854, t. III, p. 438.
  • 20 Dangeau 1856, t. VIII, p. 448.

8Le premier déplacement de la Cour à Marly, en novembre 1683, est signalé par le Mercure galant17 (fig. 1). La première grande fête eut lieu le 23 juillet 1684 et le premier dîner s’y tint le 27 avril 168518. Dans les années 1680, Louis XIV allait souvent dîner et souper à Marly avec les dames, notamment avec la Dauphine, mais les séjours restaient peu prolongés. Le 4 décembre 1691, Dangeau dit que le roi veut « demeurer trois jours à son ordinaire à Marly19 », ce qui nous indique la durée moyenne du séjour à Marly à cette époque. Au cours des années 1690, les séjours devinrent plus fréquents, un ou deux par mois, et plus prolongés. De 3 ou 4 jours, on passera à une semaine ou 10 jours. Le 28 juin 1702, Dangeau signale un voyage de 18 jours à Marly et remarque que « ce sera le plus long séjour qu’on y ait encore fait20 ». En fait, après le traité de Ryswick, Louis XIV passa à Marly trois ou quatre mois chaque année, comme pour fuir les déplaisirs de la guerre et de la politique. Le plus long séjour eut lieu d’avril à juillet 1711, après la mort du Grand Dauphin, et dura trois mois entiers. Le dernier séjour se termina le 10 août 1715, trois semaines avant la mort du roi.

  • 21 La Rocque 2012, t. II, p. 8 : Marly est fréquenté à 1 929 reprises quand Versailles l’est 2 074 foi (...)

9Ces séjours prolongés transformèrent le statut de Marly. L’étude de l’itinéraire du roi montre, à ce sujet, un écart très faible entre la fréquentation de Marly et celle de Versailles entre 1686 et 171521. Dans la dernière partie du règne, Marly fit figure de résidence royale de plein exercice. Louis XIV y tint ses Conseils de gouvernement, y reçut les prestations de serment des dignitaires laïcs et ecclésiastiques, y assista à des revues de troupes, y remplit ses devoirs de Roi Très-Chrétien à la chapelle du château et à l’église paroissiale, y toucha les écrouelles. Seules les grandes fêtes religieuses, les cérémonies de l’ordre du Saint-Esprit et les réceptions d’ambassadeurs n’avaient lieu qu’à Versailles.

Être des « Marlys »

  • 22 Cité par Himelfarb 1986, p. 39.
  • 23 Sur la « mécanique des voyages », Maroteaux 2002, p. 51-55. Il faudra attendre les séjours de Louis (...)

10Toutefois, Marly n’était pas Versailles. La première et principale différence entre les deux châteaux tient à leur accessibilité. On connaît la formule de Louis XIV : « J’ai fait Versailles pour ma cour, Marly pour mes amis, et Trianon pour moi22. » N’entre pas à Marly qui veut23.

  • 24 Sourches 1892, t. XII, p. 336.
  • 25 Archives nationales, MM 826, fo 11-13 ; texte publié par Jestaz 2008, t. II (annexes), p. 10. (...)
  • 26 Sur la fête de 1704 et la pratique « des honneurs de Marly », voir Ringot 2008, p. 10.
  • 27 Sourches 1888, t. VIII, p. 381, 8 juin 1704 : « Ce jour-là, Mansard, surintendant des Bâtiments du (...)

11Les jardins n’étaient ouverts au public que certains jours de l’année. Le 25 août, quand on y faisait jouer les grandes eaux en l’honneur de la fête du roi, on y laissait entrer, écrit Sourches, « une grande foule de peuple24 ». D’autres ouvertures, cette fois-ci privées, avaient lieu à titre exceptionnel, par exemple le 6 septembre 1699, jour où Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, fils du premier architecte et surintendant des Bâtiments du roi, invita les conseillers de la 1re chambre des enquêtes du parlement de Paris, où il officiait, pour leur y faire « joüer les eaux et les y resgaler25 », ou bien le 8 juin 170426, à l’occasion d’une fête offerte à Marly par son père, Jules Hardouin-Mansart – ce jour-là, Sourches écrit que « les jardins de Marly furent ouverts à tous les honnêtes gens, il s’y trouva plus de 500 carrosses27 ».

  • 28 Castelluccio 1996b, p. 647 ; si les ambassadeurs ou envoyés étrangers n’étaient pas reçus ordinaire (...)
  • 29 Maroteaux 2002, p. 56-63.

12Les diplomates étrangers n’avaient ordinairement pas accès au château28. Surtout, l’accès de Marly était limité à un nombre restreint de courtisans29. Certains n’y venaient que pour exercer leurs fonctions auprès du roi, comme les ministres et secrétaires d’État pour le Conseil ou le « travail de la liasse ». D’autres étaient autorisés à fréquenter le château, mais n’y avaient pas de logement. Quand le roi était à Marly, la majorité de la Cour s’égaillait entre Meudon, demeure du Grand Dauphin, Saint-Cloud, demeure de Monsieur, et Saint-Maur, demeure de la duchesse de Bourbon.

  • 30 Sourches 1893, t. XIII, 6 juin 1712, p. 406.
  • 31 Sourches 1886, t. VI, 21 janvier 1699, p. 113, et 4 février 1699, p. 120 ; 1893, t. XIII, 7 octobre (...)
  • 32 Sourches 1893, t. XIII, p. 346-349.

13Les courtisans admis à Marly ne venaient que sur une invitation expresse. La liste des courtisans retenus était couchée par écrit par le roi, le soir précédant le voyage30, recopiée ou imprimée, puis rendue publique : plusieurs de ces listes sont retranscrites par Sourches dans son journal31. Elles sont intitulées « Logement pour le château de Marly de telle date » et sont rangées dans l’ordre protocolaire : le roi, les enfants de France, les princesses du sang, les dames ayant charge auprès d’elles, les dames dont la désignation dans la liste emportait invitation du mari, enfin les hommes. La liste du 6 avril 1712 retranscrite par Sourches comprend une centaine de noms32. Parmi les heureux élus, certains étaient admis en raison des charges qu’ils exerçaient, les autres après avoir demandé à être invités. C’est le fameux « Sire, Marly ? » proféré au passage du souverain, dont Saint-Simon explique la mécanique :

  • 33 Saint-Simon 1879-1928, t. XXVIII (1916), p. 359-360.

À son souper […] étaient toujours grand nombre de courtisans, et de dames tant assises que debout, et la surveille des voyages de Marly toutes celles qui voulaient y aller. Cela s’appelait se présenter pour Marly. Les hommes demandaient le même jour le matin, en disant au roi seulement : « Sire, Marly ! » Les dernières années le roi s’en importuna. Un garçon bleu écrivait dans la galerie les noms de ceux qui demandaient, et qui y allaient se faire écrire. Pour les dames, elles continuèrent toujours à se présenter33.

  • 34 Dangeau 1855, t. IV, 9 juillet 1693, p. 319.

14Il y avait plus de candidats que d’élus, ce qui rendait le système quelque peu humiliant pour les courtisans et fort lourd pour Louis XIV lui-même. Pour limiter les refus, le souverain multiplia le nombre de logements et usa parfois de subterfuges. Dangeau note ainsi en 1693 que « le roi avait dit qu’il ne partirait que lundi, mais il est parti aujourd’hui afin de n’être pas importuné par ceux qui auraient pu lui demander à y aller34 ». Les courtisans qui dans les débuts avaient tenté une entrée impromptue furent sèchement renvoyés et par la suite l’accès au Pavillon royal resta très contrôlé. Alexandre Bontemps, intendant de Versailles et de Marly, avait placé auprès du roi un nommé Lemoine censé avoir le soin des cartes géographiques, mais qui avait aussi pour mission d’examiner ceux qui entraient dans le Salon de Marly. Durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, la surveillance du parc fut renforcée, on patrouilla dans les bois et on construisit un nouveau corps de garde, par crainte d’un attentat que pourraient commettre des protestants mal convertis.

  • 35 Cité par Maroteaux 2002, p. 45.
  • 36 Dangeau 1855, t. V, p. 186, mercredi 13 avril 1695 : « Le roi, avant que d’aller à la revue, tint c (...)
  • 37 Dangeau 1855, t. IV, p. 194, lundi 3 novembre 1692 : « Le roi a fort travaillé ces jours-ci, et a d (...)
  • 38 Dangeau 1854, t. III, p. 97, mercredi 12 avril 1690. [Le roi est à Marly] : « M. de Louvois y est a (...)

15Le temps passant, la prolongation des séjours changea le sens des invitations du roi. Au départ, l’entrée à Marly était une marque d’intimité avec le souverain. Il y avait une séparation relative entre le temps de Marly, qui était censé être un temps de divertissement, et le temps du travail du roi. C’est ce qu’écrit Racine à Boileau en août 1687 : « On dirait qu’à Versailles il est tout entier aux affaires et qu’à Marly il est tout à lui et à son plaisir35. » Par exemple, dans les années 1680 et 1690, quand Louis XIV allait à Marly, il donnait congé à ses ministres pour qu’ils aillent à Paris36 ou dans leurs châteaux d’Île-de-France37. Louvois venait quelquefois travailler avec Louis XIV à Marly, mais le plus souvent il n’y couchait pas et retournait à Meudon38.

16Dès le début des années 1690, l’invitation à Marly changea de portée et prit la signification d’une promotion politique et administrative. Elle devint une récompense pour les bons serviteurs du monarque et de l’État. Les courtisans notaient le moment où tel général heureux ou méritant avait fini par être admis à Marly. Le premier cas signalé par Sourches est celui du maréchal de Bellefonds, ennemi de Louvois, qui fut admis à Marly le 16 août 1691, un mois après la mort du ministre :

  • 39 Sourches 1884, t. III, p. 452.

Le roi, écrit le grand prévôt, alla pour quelques jours à son château de Marly, et il y mena avec lui le maréchal de Bellefonds, qu’il n’y avait jamais mené. Les courtisans ne furent pas longtemps sans le remarquer et sans dire que ce maréchal commençait à rentrer dans les bonnes grâces du roi ; il y en avait même qui assuraient qu’il avait eu une assez longue audience de S.M., dans laquelle il s’était plaint, en termes un peu forts, des mauvais offices qu’il croyait lui avoir été rendus par le défunt marquis de Louvois39.

  • 40 Dangeau 1854, t. II, p. 305, mercredi 19 janvier 1689.
  • 41 Dangeau 1855, t. IV, p. 167, mercredi 10 septembre 1692 : « Il y a à ce voyage-ci des gens nouveaux (...)
  • 42 Dangeau 1855, t. V, p. 72, jeudi 2 septembre 1694 : « M. le marquis de Torcy et M. le marquis de Mo (...)
  • 43 Dangeau 1855, t. V, p. 253, jeudi 4 août 1695 : « Le roi y a amené aussi beaucoup d’hommes qui ne v (...)
  • 44 Dangeau 1855, t. V, p. 374, vendredi 2 mars 1696 : « Le roi avoit donné, ce voyage ici, des logemen (...)

17Dans les années 1690, l’entourage politico-administratif du roi s’introduisit à Marly aux côtés des courtisans. En 1689, Mme de Croissy, femme du secrétaire d’État des Affaires étrangères, était encore la seule épouse de ministre admise à Marly40. Bientôt, on y vit le diplomate Honoré Courtin, créature de Louvois, puis Saint-Pouange, premier commis de la Guerre en 169241, Torcy, secrétaire d’État des Affaires étrangères en survivance en 169442, Le Peletier de Souzy, directeur général des Fortifications en 169543, l’ingénieur Vauban et le diplomate Puysieux en 169644.

  • 45 Sourches 1891, t. XI, p. 328, 3 mai 1709 : « Mais ce qui faisoit le plus de bruit à la cour étoit l (...)
  • 46 Sourches 1891, t. XI, p. 75, 6 mai 1708 : « Le 6 mai au matin, le ministre d’État de Chamillart ame (...)
  • 47 Saint-Simon 1879-1928, t. XVI (1902), p. 35.
  • 48 Ibid., p. 35-36.
  • 49 Dangeau 1856, t. VI, p. 127, dimanche 2 juin 1697, à Marly : « Il n’y eut point de Conseil le matin (...)

18Peu à peu, Marly prit un caractère hybride, à la fois lieu de retraite par rapport à Versailles, largement ouvert à la foule, mais aussi instrument de gouvernement, comme Versailles l’était depuis les années 1660. Les ministres y séjournaient et leurs commis s’y entassaient dans les communs45. Le roi y recevait les généraux, les intendants, les administrateurs, les financiers. On connaît la célèbre visite des jardins de Marly le 6 mai 1708, où Louis XIV servit de guide à Samuel Bernard46. À 5 heures, tandis qu’il se promenait dans ses jardins, le contrôleur général Desmaretz lui présenta l’illustre magnat, dont le crédit était cruellement nécessaire à l’État : « Vous êtes bien homme à n’avoir jamais vu Marly, lui dit Louis XIV, venez le voir à ma promenade, je vous rendrai après à Desmaretz47. » Pendant toute la promenade, le roi ne parla qu’à Bernard et au Flamand Bergeyck, qui l’accompagnait, rapporte Saint-Simon, « les menant partout et leur montrant tout également avec les grâces qu’il savait si bien employer quand il avait dessein de combler. J’admirais, raille Saint-Simon, et je n’étais pas le seul, cette espèce de prostitution du roi, si avare de ses paroles, à un homme de l’espèce de Bernard. Je ne fus pas longtemps sans en apprendre la cause, et j’admirai alors où les plus grands rois se trouvent quelquefois réduits48 ». Mais déjà onze ans plus tôt, le 2 juin 1697, le roi faisait voir ses jardins et ses fontaines au fermier général Béchameil, sous prétexte que ce dernier avait « beaucoup de goût pour l’embellissement des maisons49 ».

19Les séjours se prolongeant, Marly était devenu un centre nerveux du pouvoir, et il pouvait moins que jamais y avoir de séparation stricte entre les divertissements de Louis XIV et l’exercice quotidien du métier de roi.

Une « liberté de campagne » ?

  • 50 Leferme-Falguières 2007, p. 276.

20Après l’accès restreint, l’autre différence entre Versailles et Marly tient à un certain allègement des règles d’étiquette dans la seconde résidence par rapport à la première50. Le baron de Breteuil, introducteur des ambassadeurs, expliquait en 1711 :

  • 51 Extraits des Mémoires du baron de Breteuil publiés dans les Mémoires de Saint-Simon 1879-1928, t. X (...)

Marly est une maison de plaisance plutôt qu’une demeure royale. Le roi n’y donne aucune audience, ni aux ministres étrangers, ni à ses sujets ; et même, depuis quelques années, les officiers de sa Maison, qui partout ailleurs où Sa Majesté est ont les grandes entrées, n’ont pas permission de s’y montrer devant le roi à moins qu’ils ne soient nommés pour y demeurer pendant tout le séjour qu’Elle fait51.

Fig. 2 : Antoine Touvain, Dame de qualité en robe de chambre, estampe, 37,5 × 24,5 cm. Versailles, bibliothèque municipale, Res in fol A 29 m : Figures du règne de Louis XIV, vol. 1, fo79.

Fig. 2 : Antoine Touvain, Dame de qualité en robe de chambre, estampe, 37,5 × 24,5 cm. Versailles, bibliothèque municipale, Res in fol A 29 m : Figures du règne de Louis XIV, vol. 1, fo79.

© Bibliothèque municipale de Versailles

  • 52 Sourches 1891, t. XI, p. 317, note 3.
  • 53 Gorguet Ballesteros 2011, p. 200.
  • 54 Dangeau 1854, t. II, p. 11 (21 janvier 1687) ; cité dans Kayser 1999, p. 15.

21Les règles vestimentaires différaient d’une demeure à l’autre. À Marly, résidence réputée exempte de cérémonie, les femmes étaient toujours en « habit de commodité » (fig. 2), c’est-à-dire en robe de chambre, même au souper du roi, car « cela était censé une liberté de campagne », note Sourches le 12 avril 170952, tandis qu’à Versailles les filles de France et épouses des enfants de France ne soupaient avec le roi qu’en grand habit. Ce « grand habit » était un ensemble imposant composé d’un grand corps, décolleté en ovale, d’un corset, d’une jupe étalée sur des paniers et d’une traîne dite « bas de robe », ou queue, attachée à la taille, dont la longueur était proportionnelle au rang53. À l’inverse, l’« habit de commodité » autorisé à Marly ou robe de chambre était une robe ouverte sur la jupe au corsage ajusté sur le devant. Dangeau confirme cela, écrivant dans son Journal : « Le roi veut qu’à Marly on soit à son aise et commodément54. »

22L’allègement des règles vestimentaires touchait aussi les hommes. Ici, il faut citer Saint-Simon :

  • 55 Saint-Simon 1879-1928, t. XXVIII (1916), p. 353-354. Voir aussi Bavière 1857, p. 262 (11 août 1716) (...)

Ce lieu avait encore un privilège qui n’était pour nul autre. C’est qu’en sortant du château, le roi disait tout haut : Le chapeau messieurs ! et aussitôt courtisans, officiers des gardes du corps, gens des bâtiments se couvraient tous, en avant, en arrière, à côté de lui, et il aurait trouvé mauvais si quelqu’un eût non seulement manqué, mais différé à mettre son chapeau ; et cela durait toute la promenade, c’est-à-dire quelquefois quatre et cinq heures en été, ou en d’autres saisons, quand il mangeait de bonne heure à Versailles pour s’aller promener à Marly, et n’y point coucher55.

  • 56 Dangeau 1856, t. VII, p. 208, vendredi 11 décembre 1699 : « [Le roi] fut le soir assez longtemps av (...)
  • 57 Sourches 1891, t. XI, p. 355, 14 juin 1709 : « Le même matin, Bernière, intendant de Flandres, paru (...)
  • 58 Saint-Simon 1879-1928, t. XXIV (1912), p. 315.

23À Marly, les hommes de robe avaient le privilège de porter l’habit de cour. En 1699, Pontchartrain, devenu chancelier de France, parut à Marly en manteau de velours et non en robe de chancelier56. Dix ans plus tard, un pas supplémentaire fut franchi : le 14 juin 1709, à la grande surprise de Sourches, Maignart de Bernières, intendant de Flandre, entra dans le salon de Marly « en épée et habit brodé d’or », suivant Voysin, le secrétaire d’État de la Guerre57. Enfin, en 1714, le même Voysin, ayant succédé à Pontchartrain dans la charge de chancelier, se montra à la promenade du roi en justaucorps de damas sans manteau58.

24Marly fut un des lieux où la noblesse de service s’assimila à la noblesse de cour, et cette dernière le remarqua sans bienveillance, d’où les notes de Dangeau, de Sourches ou de Saint-Simon sur les innovations vestimentaires, ou encore le mot de Lauzun sur les changements de costume du chancelier Voysin que rapporte Saint-Simon :

  • 59 Ibid., p. 316.

M. de Lauzun, qui allait volontiers faire des courses de Marly à Paris, se trouva en compagnie où on lui demanda des nouvelles de Marly : « Rien, répondit-il de ce ton bas et ingénu qu’il prenait si souvent ; il n’y a aucunes nouvelles : le roi s’amuse à habiller sa poupée. »59

  • 60 Saint-Simon 1879-1928, t. XXVIII (1916), p. 353 : « Il se promenait dans ses jardins de Versailles, (...)

25Les attitudes corporelles étaient elles-mêmes plus libres à Marly : durant la promenade de Louis XIV, on pouvait rejoindre le roi ou le quitter à sa guise60. Dans le Salon de Marly, on pouvait rester assis devant le Dauphin et la Dauphine. Il est vrai que le jeu y était la principale distraction et que l’on retrouvait un relâchement des exigences de l’étiquette qui rapproche les usages de Marly de ceux de Versailles durant les soirées d’appartement. Louis XIV lui-même ne faisait que passer dans ce Salon central et se tenait dans son appartement, ce qui fait que Marly reproduisait à une moindre échelle la dichotomie versaillaise entre l’appartement du Roi sur la cour de Marbre, où il habitait effectivement, et le « Grand Appartement », qui n’était plus qu’un espace de réception. En 1705, Madame Palatine s’en plaignait à sa tante de Hanovre :

  • 61 Bavière 1985 [1981], p. 361 (Marly, 2 août 1705).

On ne sait plus du tout qui on est : quand le roi se promène, tout le monde se couvre ; la duchesse de Bourgogne va-t-elle se promener, eh bien, elle donne le bras à une dame et les autres marchent à côté. On ne voit donc plus qui elle est. Ici [à Marly], au salon et à Trianon, dans la galerie, tous les hommes sont assis devant M. le Dauphin et Madame la duchesse de Bourgogne ; quelques-uns même sont étendus tout de leur long sur les canapés. Jusqu’aux frotteurs, qui jouent aux dames dans cette galerie. J’ai grand’peine à m’habituer à cette confusion ; on ne se fait pas d’idée comme tout est présentement, cela ne ressemble plus du tout à une cour61.

  • 62 Voir Castelluccio 1996b, p. 650-651 ; Maroteaux 2002, p. 51-52 : « Les tables », et aussi Saule 199 (...)
  • 63 Bavière 1985 [1981], p. 111 (Versailles, 6 décembre 1687) : « À Marly, on n’a pas d’appartement, si (...)

26Enfin, l’étiquette des repas est totalement bouleversée, Louis XIV optant à Marly pour un mode de repas différent de celui à Versailles62. Le roi ne déjeune plus seul, au grand ou au petit couvert, mais avec les dames. Au lieu d’une table rectangulaire unique dressée pour le dîner ou le souper, on installa dans le salon de l’appartement du Dauphin des tables circulaires présidées chacune par un membre de la famille royale63. Les autres courtisans étaient nourris à des tables secondaires. À la fin de l’année 1688, dans des vues d’économie, le roi institua deux tables (fig. 3), une première pour lui, Monseigneur et les dames, une seconde, tenue par le duc du Maine et le comte de Toulouse, pour douze courtisans qu’ils voudraient distinguer : les fils légitimés devenaient ainsi des personnages de tout premier plan à la cour, effaçant les Orléans, les Condé ou les Conti. Dans ce cadre familial, Mme de Maintenon tenait un rôle plus public qu’à Versailles : dans les premières années, elle mangeait à la table du roi ; et après dîner, on faisait cercle dans son appartement.

Fig. 3 : Plan du service de viande d’une des deux tables du roy, 1699. Paris, Bibliothèque nationale de France, Va 78a t. 3.

Fig. 3 : Plan du service de viande d’une des deux tables du roy, 1699. Paris, Bibliothèque nationale de France, Va 78a t. 3.

© Bibliothèque nationale de France, Paris

  • 64 Ibid., p. 289 (Versailles, 16 décembre 1700).
  • 65 Saint-Simon 1879-1928, t. VIII (1891), p. 14.
  • 66 Saint-Simon 1879-1928, t. XV (1901), p. 244, 250-251 : le roi raconta à Mme de Maintenon « qu’une e (...)

27Sur l’atmosphère des repas de Marly, les récits sont contrastés. En décembre 1700, Madame Palatine assure : « On apprend à se taire à Marly. Souvent, la plupart du temps même, on est seize ou dix-sept à table, et on n’entend pas un mot64. » Un mois plus tard, au contraire, pour le souper des Rois, Saint-Simon rapporte la gaieté indécente à ses yeux qui suivit de près la mort du ministre Barbezieux. Quand les dames, rapporte-t-il, « se mirent à table et qu’on eut tiré le gâteau, le roi témoigna une joie qui parut vouloir être imitée. Il ne se contenta pas de crier : la reine boit ! mais, comme en franc cabaret, il frappa et fit frapper chacun de sa cuiller et sa fourchette sur son assiette : ce qui causa un charivari fort étrange, et qui à reprises dura tout le souper65 ». Mais la « liberté de campagne » dont parle Sourches ne va pas jusqu’à faire oublier les rangs. Saint-Simon rapporte un coup de colère de Louis XIV contre Mme de Torcy qui s’était assise à table au-dessus de la duchesse de Duras66.

  • 67 Blasselle 1992, p. 67.

28Le relâchement de l’étiquette ne signifie pas abolition de l’étiquette. Au contraire, Louis XIV inventa à Marly de nouveaux usages qui avec le temps se transformèrent en règle. Ainsi prit-il l’habitude de partir de Marly pour aller visiter la Cour d’Angleterre en exil à Saint-Germain et, à l’inverse, de recevoir le plus souvent à Marly la Cour de Saint-Germain67. Les visites des Stuarts exilés suivaient ainsi un rituel immuable : ils étaient accueillis par Louis XIV ou par le Grand Dauphin dans le vestibule du côté de la Perspective ; après quoi suivaient une brève station dans le Salon, une promenade, une conversation chez Mme de Maintenon, enfin le souper avec le roi. Quand le monarque avait affaire ailleurs, c’est Mme de Maintenon qui tenait compagnie à la reine ou à la princesse d’Angleterre. Au départ de la Cour, le souverain raccompagnait ses hôtes à la porte du vestibule et les regardait monter en chaise à porteur.

  • 68 Sourches 1882, t. I, p. 381, note 3.
  • 69 La Fayette 1825, t. II, p. 406.

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Au contraire de ce que l’on imagine, Louis XIV n’avait aucun goût pour les cérémonies, qui étaient surtout pour lui une corvée et l’occasion de disputes féroces sur les rangs entre princes et dignitaires. En 1686, Sourches remarquait que le roi « haïssait autant les grandes cérémonies comme Monsieur, son frère unique, les aimait68 ». Au moment de la promotion de chevaliers du Saint-Esprit de 1688, première grande cérémonie royale ayant Versailles pour cadre, Mme de La Fayette assure qu’on y fit « le moins de cérémonies que l’on put, le roi ayant une aversion naturelle pour tout ce qui le contraint69 ». Au départ, Marly fut pour Louis XIV un moyen d’alléger ces contraintes imposées par la grande représentation, sinon d’y échapper tout à fait.

30Mais la retraite et la liberté de Marly étaient des apparences. Un ermitage où l’on séjourne trois mois par an n’est plus un ermitage. L’étiquette moins sévère reste l’étiquette. Plus ou moins consciemment, Louis XIV l’a comprise comme une création continue, qu’il a fait évoluer à sa guise, comme un instrument de gouvernement. Mais il ne s’est pas laissé enfermer dans des règles dont il avait hérité ou qu’il avait créées. C’est là ce qui le sépare de ses successeurs, qui se sont trouvés corsetés par un corpus de règles dont le Roi-Soleil avait su jouer en artiste.

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Notes

1 Bavière 1857, p. 262.

2 Cité par Elias 1974, p. 136.

3 Sarmant 2012.

4 Sourches 1882-1893. Le journal a été publié sous le titre de Mémoires du marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV.

5 Dangeau 1854-1860.

6 Saint-Simon 1879-1928.

7 Outre le livre de référence Maroteaux 2002, on se reportera à l’article de Castelluccio 1996b.

8 À partir du Journal de Dangeau et des Mémoires de Sourches.

9 Castelluccio 1996b, p. 635 et p. 662-665.

10 Levantal 2009.

11 Car la Gazette et d’autres écrits ont été adjoints à Dangeau et Sourches.

12 « Voyages » ou « séjours » – autrement appelés « Marlys » – s’entendent ici comme des séjours totalisant deux jours consécutifs avec au moins une nuit passée sur place. Marly est à un peu plus de six kilomètres à vol d’oiseau, à huit kilomètres environ par la route. Mais on ne peut réellement parler de « voyage » de Marly à Versailles ou de Versailles à Marly, puisque Louis XIV s’y rendait ou en revenait souvent « en chassant ».

13 Données obtenues à partir du dépouillement d’un échantillon (1699-1702) du Journal de Dangeau 1856, t. VII et VIII, 1857, t. IX.

14 La Rocque 2012.

15 Sourches 1892, t. XII, p. 129, note 1.

16 Breteuil 2009, p. 320-321.

17 Cité par Maroteaux 2002, p. 61.

18 Castelluccio 1996b, p. 633.

19 Dangeau 1854, t. III, p. 438.

20 Dangeau 1856, t. VIII, p. 448.

21 La Rocque 2012, t. II, p. 8 : Marly est fréquenté à 1 929 reprises quand Versailles l’est 2 074 fois pendant la même période.

22 Cité par Himelfarb 1986, p. 39.

23 Sur la « mécanique des voyages », Maroteaux 2002, p. 51-55. Il faudra attendre les séjours de Louis XV pour une ouverture limitée aux salonistes ou polissons et les séjours de Louis XVI pour une ouverture totale à tous ceux « qui auront affaire, ou qui voudront faire leur cour » (Castelluccio 1996a, p. 13).

24 Sourches 1892, t. XII, p. 336.

25 Archives nationales, MM 826, fo 11-13 ; texte publié par Jestaz 2008, t. II (annexes), p. 10.

26 Sur la fête de 1704 et la pratique « des honneurs de Marly », voir Ringot 2008, p. 10.

27 Sourches 1888, t. VIII, p. 381, 8 juin 1704 : « Ce jour-là, Mansard, surintendant des Bâtiments du roi, donna à Marly un grand repas au duc de Richelieu et à plusieurs personnes considérables de Paris ; et comme, à l’occasion de cette fête, les jardins de Marly furent ouverts à tous les honnêtes gens, il s’y trouva plus de 500 carrosses. On parla beaucoup de cette fête de Mansard et de la manière avec laquelle il l’avoit exécutée, et le roi même lui en parla longtemps à Marly, lorsqu’il s’y alla. »

28 Castelluccio 1996b, p. 647 ; si les ambassadeurs ou envoyés étrangers n’étaient pas reçus ordinairement à Marly et ne faisaient pas partie des séjours, quelques-uns eurent cependant cette chance, comme l’envoyé extraordinaire du duc de Savoie (1696), l’ambassadeur d’Espagne à partir de 1700, le duc et la duchesse d’Albe et le duc de Cellamare (1715). Certains purent également, en l’absence du roi, visiter Marly, tel en mai 1698 milord Portland, ambassadeur d’Angleterre (Ringot 2008, p. 9).

29 Maroteaux 2002, p. 56-63.

30 Sourches 1893, t. XIII, 6 juin 1712, p. 406.

31 Sourches 1886, t. VI, 21 janvier 1699, p. 113, et 4 février 1699, p. 120 ; 1893, t. XIII, 7 octobre 1711, p. 208, et 6 avril 1712, p. 346. Voir également Archives nationales, M 886/33, 7 octobre 1711 (éditée par Lecestre 1917 et reproduite dans Kayser 1999, p. 26, fig. 15) ; Bibliothèque nationale, Mss. Fr., nouvelles acquisitions, 9639, fo 348 et 351 (1714 et v. 1712).

32 Sourches 1893, t. XIII, p. 346-349.

33 Saint-Simon 1879-1928, t. XXVIII (1916), p. 359-360.

34 Dangeau 1855, t. IV, 9 juillet 1693, p. 319.

35 Cité par Maroteaux 2002, p. 45.

36 Dangeau 1855, t. V, p. 186, mercredi 13 avril 1695 : « Le roi, avant que d’aller à la revue, tint conseil le matin avec ses ministres qui étoient venus de Paris, où ils sont d’ordinaire pendant que le roi est à Marly. »

37 Dangeau 1855, t. IV, p. 194, lundi 3 novembre 1692 : « Le roi a fort travaillé ces jours-ci, et a donné congé à ses ministres pour toute la semaine qu’il passera à Marly. »

38 Dangeau 1854, t. III, p. 97, mercredi 12 avril 1690. [Le roi est à Marly] : « M. de Louvois y est aussi, qui a coutume d’aller toujours à Meudon pendant que le roi est ici. »

39 Sourches 1884, t. III, p. 452.

40 Dangeau 1854, t. II, p. 305, mercredi 19 janvier 1689.

41 Dangeau 1855, t. IV, p. 167, mercredi 10 septembre 1692 : « Il y a à ce voyage-ci des gens nouveaux, M. l’évêque de Laon et Saint-Pouanges. »

42 Dangeau 1855, t. V, p. 72, jeudi 2 septembre 1694 : « M. le marquis de Torcy et M. le marquis de Montchevreuil ont des chambres ici ce voyage-ci ; ils avoient permission de venir aux autres voyages, mais ils n’avoient point de logement. »

43 Dangeau 1855, t. V, p. 253, jeudi 4 août 1695 : « Le roi y a amené aussi beaucoup d’hommes qui ne venoient jamais. M. Pelletier, l’intendant, y est. »

44 Dangeau 1855, t. V, p. 374, vendredi 2 mars 1696 : « Le roi avoit donné, ce voyage ici, des logements à Vauban et à M. de Puisieux, qui n’ont pas accoutumé de venir ici. »

45 Sourches 1891, t. XI, p. 328, 3 mai 1709 : « Mais ce qui faisoit le plus de bruit à la cour étoit l’absence du marquis de Torcy, qu’on disoit tout haut être allé en Hollande pour la paix, malgré la précaution qu’il avoit prise de laisser son secrétaire et un de ses principaux commis à Marly. »

46 Sourches 1891, t. XI, p. 75, 6 mai 1708 : « Le 6 mai au matin, le ministre d’État de Chamillart amena Bergheyck [intendant du roi d’Espagne en Flandres] chez le roi après son lever, et il lui donna audience dans son cabinet. Sur les cinq heures du soir, le roi lui fit voir les eaux de Marly, et il parut accompagné du comte de Monastérol [cela faisoit bien voir qu’il étoit envoyé par l’électeur de Bavière] et de Samuel Bernard [fameux financier dont la fille avoit épousé le fils de Mansard, surintendant des Bâtiments du roi]. Le soir, il travailla chez la marquise de Maintenon avec le roi, le duc de Bourgogne, le ministre d’État de Chamillart et Puységur, et l’on sut qu’il devoit partir le lendemain pour se rendre en deux jours à Mons. »

47 Saint-Simon 1879-1928, t. XVI (1902), p. 35.

48 Ibid., p. 35-36.

49 Dangeau 1856, t. VI, p. 127, dimanche 2 juin 1697, à Marly : « Il n’y eut point de Conseil le matin, et le roi prit plaisir à faire voir ses jardins et ses fontaines à M. de Béchameil, qui a beaucoup de goût pour l’embellissement des maisons. »

50 Leferme-Falguières 2007, p. 276.

51 Extraits des Mémoires du baron de Breteuil publiés dans les Mémoires de Saint-Simon 1879-1928, t. XXI (1909), p. 413.

52 Sourches 1891, t. XI, p. 317, note 3.

53 Gorguet Ballesteros 2011, p. 200.

54 Dangeau 1854, t. II, p. 11 (21 janvier 1687) ; cité dans Kayser 1999, p. 15.

55 Saint-Simon 1879-1928, t. XXVIII (1916), p. 353-354. Voir aussi Bavière 1857, p. 262 (11 août 1716).

56 Dangeau 1856, t. VII, p. 208, vendredi 11 décembre 1699 : « [Le roi] fut le soir assez longtemps avec M. le Chancelier, qui est de ce voyage ; il ne porte point ici la robe de chancelier ; il est en manteau de velours. » Ibid., mercredi 7 juillet 1700 : « Le roi a donné un logement à M. le Chancelier, qui n’en avoit point encore eu depuis qu’il est chancelier ; il se promènera ici en manteau et ne prendra sa robe que quand il y aura Conseil. »

57 Sourches 1891, t. XI, p. 355, 14 juin 1709 : « Le même matin, Bernière, intendant de Flandres, parut dans le salon de Marly en épée et en habit brodé d’or, suivant le secrétaire d’État Voysin, avec lequel il fut ensuite très longtemps enfermé dans le cabinet du Roi. L’après-dînée, il fut aussi très longtemps avec Monseigneur. »

58 Saint-Simon 1879-1928, t. XXIV (1912), p. 315.

59 Ibid., p. 316.

60 Saint-Simon 1879-1928, t. XXVIII (1916), p. 353 : « Il se promenait dans ses jardins de Versailles, où lui seul était couvert, ou dans ceux de Trianon, lorsqu’il y couchait et qu’il y était pour quelques jours, non quand il y allait de Versailles s’y promener et revenir après. À Marly, de même ; mais s’il y demeurait, tout ce qui était du voyage avait toute liberté de l’y suivre dans les jardins, l’y joindre, l’y laisser, en un mot, comme ils voulaient. »

61 Bavière 1985 [1981], p. 361 (Marly, 2 août 1705).

62 Voir Castelluccio 1996b, p. 650-651 ; Maroteaux 2002, p. 51-52 : « Les tables », et aussi Saule 1993, p. 56.

63 Bavière 1985 [1981], p. 111 (Versailles, 6 décembre 1687) : « À Marly, on n’a pas d’appartement, si ce n’est pour dormir et s’habiller ; mais dès que ceci est fait, tout est pour le public. Dans l’appartement du roi, il y a la musique ; dans celui du dauphin, on prend les repas, tant à midi que le soir ; là se trouve aussi le billard, qui ne désemplit pas. Dans l’appartement de Monsieur se trouve la banque, toutes les tables de tric-trac et les jeux de cartes ; dans le mien se tenaient les marchands, et c’est là qu’avait lieu la foire. »

64 Ibid., p. 289 (Versailles, 16 décembre 1700).

65 Saint-Simon 1879-1928, t. VIII (1891), p. 14.

66 Saint-Simon 1879-1928, t. XV (1901), p. 244, 250-251 : le roi raconta à Mme de Maintenon « qu’une entreprise aurait été insupportable d’une femme de qualité, de quelque haute naissance qu’elle fût, mais que, d’une petite bourgeoise, fille de Pomponne, qui s’appelait Arnauld, mariée à un Colbert, il avouait qu’il avait été dix fois sur le point de la faire sortir de table, et qu’il ne s’en était retenu que par la considération de son mari. […] On peut imaginer le bruit que fit cette aventure, et jusqu’à quel point les secrétaires d’Etat et les ministres, si haut montés, la sentirent. Le rare fut qu’il y eut des femmes de qualité qui se sentirent piquées de ce qui avait été dit sur elles. »

67 Blasselle 1992, p. 67.

68 Sourches 1882, t. I, p. 381, note 3.

69 La Fayette 1825, t. II, p. 406.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1 : Adam Pérelle, « Le château de Marly du côté des Jardins », 1683-1684, gravure. Collection particulière.
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Titre Fig. 2 : Antoine Touvain, Dame de qualité en robe de chambre, estampe, 37,5 × 24,5 cm. Versailles, bibliothèque municipale, Res in fol A 29 m : Figures du règne de Louis XIV, vol. 1, fo79.
Crédits © Bibliothèque municipale de Versailles
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Titre Fig. 3 : Plan du service de viande d’une des deux tables du roy, 1699. Paris, Bibliothèque nationale de France, Va 78a t. 3.
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Référence électronique

Benjamin Ringot et Thierry Sarmant, « « Sire, Marly ? » : usages et étiquette de Marly et de Versailles sous le règne de Louis XIV », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [En ligne],  | 2012, mis en ligne le 18 décembre 2013, consulté le 26 février 2014. URL : http://crcv.revues.org/11920 ; DOI : 10.4000/crcv.11920

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Auteurs

Benjamin Ringot

Chercheur au Centre de recherche du château de Versailles

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Thierry Sarmant

Conservateur en chef au musée Carnavalet, Paris

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