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Bhérer Laurence, Collin Jean-Pierre, Kerrouche Éric, Palard Jacques, Dir., Jeux d’échelle et transformation de l’État : le gouvernement des territoires au Qué­bec et en France
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À propos de livres

Bhérer Laurence, Collin Jean-Pierre, Kerrouche Éric, Palard Jacques, Dir., Jeux d’échelle et transformation de l’État : le gouvernement des territoires au Qué­bec et en France

Québec, Presses de l’Université Laval, 2005, 527p.
Fabienne Leloup
p. 193-195

Texte intégral

1L’ouvrage s’est élaboré en prolongement d’un colloque international tenu à Bor­deaux en 2004, intitulé “Les transformations territoriales au Québec et en France”. D’emblée il est précisé que les articles rassemblés ont comme point commun de traiter des effets induits sur les configurations sociales, économiques et institutionnelles des recompositions territoriales, en d’autres mots le changement d’échelle du politique, en se basant sur des expériences récemment vécues au Québec et en France. L’analyse de ces transformations amène non à constater l’émiettement de l’image de l’État mais au contraire à définir ses nouvelles capacités, sa nouvelle reconfiguration, voire sa nou­velle force.

2L’hypothèse du changement d’échelle du politique s’insère dans l’ensemble des re­cherches récentes menées tant par des sociologues que par des politologues sur la nou­velle action collective. L’espace d’action, le territoire, se différencie ici d’un lieu “réceptacle”, d’une unité administrative prédéfinie ; il correspond à un construit local. Proximités géographique, organisationnelle et institutionnelle concourent à un apport mutualisé au profit de nouvelles formes de gouvernement de ces construits spatiaux.

  • 1  Citons sans essai d’exhaustivité l’ouvrage de J.-P. Leresche (dir.), Gouvernance locale, coopérati (...)

3Comme d’autres ouvrages du même type1, le livre est collectif et basé sur des étu­des empiriques. Les articles sont classés en quatre volets : dans un premier temps, l’analyse des transformations des règles du jeu local, ensuite la question en tant que telle des recom­positions territoriales, puis les outils et approches de recherche pour terminer par un questionnement en terme de citoyenneté. Notons, par rapport à ce plan, que le décou­page apparaît parfois un peu abusif et certains classements un peu aléatoires. Les qua­tre volets interfèrent souvent : ceci devrait amener tout lecteur à parcourir l’ensemble de l’ouvrage et non uniquement la partie initialement proche de sa thématique de re­cherche.

4Certaines contributions traitent du Québec, d’autres de situations françaises, d’au­tres encore incluent les deux espaces en tout ou partie — citons l’intervention d’Anne Mévellec ou de Caroline Patsias. La comparaison explicite permet sans aucun doute une originalité accrue et une clarification du propos, les conclusions montrant fina­le­ment bien davantage les divergences que les convergences des deux situations. La spé­cificité territoriale importe, en effet, mais l’impact des relations entre les échelles de pouvoir (local, régional, national ou fédéral) et la partielle dissociation entre espace d’action publique et espaces politiques se révèlent très différents suivant le Québec ou la France.

5La plupart des interventions présentent des propositions courtes : les hypothèses sont rapidement esquissées, le contexte ou le terrain d’étude ébauché et, en guise de conclusion, sont présentés quelques fragments de réponses, voire de pistes pour des études ultérieures. L’illustration par les études de cas permet une lecture relativement aisée. Les synthèses ou mises en perspectives conceptuelles sont, du fait de la structure même de l’ouvrage, laissées en général à la sagacité du lecteur.

6Ce recueil s’avère très ancré dans les sciences politiques et administratives, mais les questions posées concernent de façon plus générale l’action collective et ses modes de régulation. Les analyses et conclusions présentées portent également sur des dyna­miques so­ciologiques ou géographiques, voire économiques ou démographiques. Ci­tons par exemple les conclusions tirées par Pierre Sadran en termes de nouveaux com­porte­ments du personnel politique, l’analyse identitaire de Pierre J. Hamel ou encore l’ex­posé plutôt économique sur les métropoles et le territoire québécois de Jean-Marc Fontan et Juan-Luis Klein.

7L’ouvrage s’avère être un apport important pour aider à comprendre – à partir du terrain et de la comparaison de réalités locales différentes – certaines mutations de l’action publique, l’évolution inhérente des modes de gouvernement, et dès lors le de­venir de la démocratie locale.

8Approfondissant la nature de l’administration, les rôles des politiques (élus ou déci­deurs) et du citoyen (administré ou résident ou électeur et participant), l’ouvrage nour­rit un certain nombre de réflexions quant aux questions de participation, de proximité, de légitimité et d’intérêt collectif. Comme nous l’analysons dans nos recherches à Mons, l’action publique locale utilise aujourd’hui la notion de gouvernance pour ren­dre compte de ces interdépendances entre échelles d’action (européenne, nationale, régionale, locale), de la recomposition et de l’élargissement des réseaux d’acteurs im­pliqués. Cette notion renvoie ainsi aux jeux de négociation, aux règles de coopération ou de coordination, à l’invention de nouveaux arrangements, de nouveaux instruments d’action et de légitimation. L’étude de l’action publique se dote alors de nouvelles dimensions telles que la question d’adhésion et de mobilisation.

9Le livre développe de façon claire et argumentée comment les transformations que connaissent les territoires modifient les pouvoirs de l’État, de ses services déconcen­trés, de ses collectivités territoriales et ses élus, complexifient son action sans pour cela que cet État ne s’affaiblisse, en tout cas en France ou au Québec, comme le laisse­rait entendre un discours récurrent sur le retour au local ou sur la mondialisation. L’article de Serge Belley illustre ainsi dans le cas québécois cette recomposition des territoires locaux selon les acteurs, les relations intergouvernementales et les politi­ques.

  • 2  In J. Beauchard, Dir., La mosaïque territoriale, Paris, Éd. de l’Aube, Bibliothèque des territoire (...)

10Comme l’énonçait ailleurs Alain Bourdin 2 : « La transversalité n’est pas qu’une mode et le partenariat entre échelons territoriaux différents des autorités publiques une facilité […] », les territoires en se recomposant transforment et complexifient l’action publique locale. L’ouvrage dirigé par Laurence Bherer, Jean-Pierre Collin, Éric Ker­rouche et Jacques Palard apporte ainsi un ensemble constructif de commentaires et d’expériences pour mieux comprendre les mutations en cours mais aussi mieux appré­hender les réponses, par nature diverses, proposées par ceux qui font métier de gou­verner les territoires.

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Notes

1  Citons sans essai d’exhaustivité l’ouvrage de J.-P. Leresche (dir.), Gouvernance locale, coopération et légitimité : le cas suisse dans une perspective comparée, Paris, Pédone, Collection Pouvoir local, 2001, ou d’A. Faure et A.-C. Douillet (dir.), L’Action publique et la question territoriale, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2005.

2  In J. Beauchard, Dir., La mosaïque territoriale, Paris, Éd. de l’Aube, Bibliothèque des territoires, 2003.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Fabienne Leloup, « Bhérer Laurence, Collin Jean-Pierre, Kerrouche Éric, Palard Jacques, Dir., Jeux d’échelle et transformation de l’État : le gouvernement des territoires au Qué­bec et en France », Recherches sociologiques et anthropologiques [En ligne], 38-1 | 2007, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 05 mars 2014. URL : http://rsa.revues.org/534

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Auteur

Fabienne Leloup

Facultés universitaires catholiques de Mons

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Droits d'auteur

© Recherches sociologiques et anthropologiques

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    • Titre :
      Recherches sociologiques et anthropologiques
      En bref :
      Revue de sociologie multipliant les approches méthodologiques et les cadres thématiques pour s'ouvrir aux autres sciences humaines
      A sociology journal which promotes a diversity methodological approaches and connexions with other research fields in the humanities
      Sujets :
      Sociologie, Ethnologie ; anthropologie
    • Dir. de publication :
      Bernard Fusulier
      Éditeur :
      Unité d'anthropologie et de sociologie de l'Université catholique de Louvain
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      Papier et électronique
      EISSN :
      2033-7485
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      1782-1592
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