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Entre exotisme et nostalgie
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Entre exotisme et nostalgie

Florentin : globalisation d’un quartier « authentique »
Caroline Rozenholc

Résumés

En 1992, la municipalité de Tel-Aviv Jaffa, sollicitée par un groupe d’habitants, décide d’investir dans le quartier de Florentin. Florentin est alors un des quartiers les plus pauvres de la ville et témoigne, comme l’ensemble de la zone administrative sud, d’un état de forte dégradation. En quelques décennies, le quartier aura en effet été littéralement déserté par sa population, laissant vacants des centaines de logements progressivement investis par de petites industries. Le potentiel du quartier est pourtant évident – architecture unique et forte densité commerciale – et les réhabilitations réussies des quartiers de Neve Tseddek et de Sheinkin encouragent les autorités à « remettre Florentin sur la carte ». Cinq ans plus tard, Eytan Fox – plus connu aujourd’hui pour son film « The Bubble » – prend le quartier comme toile de fond pour réaliser une chronique de la jeunesse israélienne : « Florentin ». Pendant trois ans, cette série télévisée va obtenir une audience nationale confirmée par une rediffusion récente. Florentin est alors consacré comme un espace « à part » et devient emblématique d’une urbanité alternative. Paré d’une aura d’exotisme, renforcée par la présence de nombreux migrants africains, Florentin devient ainsi le lieu d’une certaine culture israélienne : celle d’une génération ouverte à l’altérité et qui, tout en étant ancrée dans la réalité du pays, se projette au-delà de ses frontières. Mêlant sens et temporalités, une conjoncture particulière fait donc émerger Florentin comme un label ; vivre à Florentin devient une véritable « déclaration d’intention ».
En transition vers une gentrification évidente, comment ce quartier, longtemps marginalisée et qui n’est inclus dans les limites administratives de Tel-Aviv que depuis les années 50, en est venu à former une entité à part entière au sein de l’agglomération et à promouvoir l’identité globalisée de la ville ? Pour répondre à cette question, et pour contribuer à celle plus vaste de l’attachement au lieu dans la mondialisation, Florentin sert d’ancrage à une réflexion sur le quartier qui permet d’alimenter, entretiens et observations à l’appui, le débat entre tenants de l’hyper-mobilité et des nons-lieux et ceux d’une territorialité au fondement de la géographie et de l’urbanité. Florentin, espace complexe et stimulant, et dont on peut multiplier les « entrées », semble alors indiquer une troisième voie ; celle d’un lieu défini et ouvert où s’articulent, sans s’effacer, des temporalités et des perceptions du lieu distincts et propres, même si parfois partagées, à chacun.

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Texte intégral

Florentin : un ailleurs dans la ville

  • 1  « The southern parts of Tel Aviv are the poorest ones, housing, often in slumlike buildings, tens o (...)
  • 2  Ensuite, entre 1990 et 1995, 600 appartements utilisés comme lieux de stockage ou de commerces sont (...)
  • 3  En 1972 le quartier compte 7 123 habitants ; en 1990 il n’en compte plus que 3 150, T. Eres, Revita (...)
  • 4  Sur les questions de revitalisation urbaine voir N. Carmon, op. cit.
  • 5  Neve Tseddek – le premier quartier juif hors les murs de Jaffa – et la rue Sheinkin sont deux « hau (...)
  • 6  Entretien avec la responsable de la planification urbaine de la municipalité de Tel-Aviv Jaffa, nov (...)

1Au début des années 1990, la municipalité de Tel-Aviv Jaffa, sollicitée par un groupe d’habitants de Florentin, décide d’investir dans ce quartier. Florentin est alors un des quartiers les plus pauvres de la ville et, comme l’ensemble de la zone administrative sud, dans un état de forte dégradation1. À Florentin, cette dégradation est encore renforcée par la présence de petites industries, souvent illégales et polluantes, installées dans des appartements réaménagés à cet effet2. La municipalité perçoit pourtant le potentiel du quartier et tente d’inverser des tendances qui, en trente ans, auront vidé Florentin de près de la moitié de sa population3. De 1992 à 1995, près de 4,5 millions de dollars seront donc injectés dans une importante campagne de communication et de revitalisation4 : publicité, pavage de rues et rénovations de bâtiments, création d’un centre communautaire, aide au logement, etc. Les réhabilitations réussies des quartiers de Neve Tseddek et de Sheinkin5 encouragent la municipalité à « remettre Florentin sur la carte »6. Pourtant, en 1996, une crise économique qui touche de plein fouet l’immobilier met un terme à ces aménagements, et le souffle retombe.

  • 7  « Florentene explores the intersection of national politics and private lives; it’s less a drama th (...)
  • 8  « Florentin » est diffusée de 1997 à 2000 sur la première chaîne commerciale du pays. Eytan Fox réa (...)
  • 9  « In 1997, Eytan Fox launched the Israeli TV drama Florentin, which followed the lives of young Tel (...)
  • 10  « external forces may act in and between several spatial scales at the same time (…), they may jump (...)
  • 11  J. Monnet, « La symbolique des lieux : pour une géographie des relations entre espace, pouvoir et i (...)
  • 12  « The Florentin Quarter, in the heart of Tel Aviv, is one of the most exciting parts of Israel’s no (...)

2En 1997, le réalisateur israélien Eytan Fox – plus connu aujourd’hui pour son film « The Bubble » – innove avec une chronique télévisée de la jeunesse israélienne7 : « Florentin »8. Durant trois années, cette série, avec le quartier en toile de fond, va obtenir une audience nationale. Et son succès va consacrer Florentin comme un espace « à part », en le faisant émerger de plusieurs décennies de marginalisation comme le quartier le plus connu de Tel-Aviv9. Paré d’une aura d’urbanité et d’exotisme, Florentin devient emblématique d’une certaine culture israélienne : celle d’une génération qui tout en étant ancrée dans la réalité du pays se projette au-delà de ses frontières. Et en un saut d’échelles10 inattendu, Florentin devient Soho ou East Village ; le générique de la série – Khaï be Florentin – ne dit-il pas « j’habite à Florentin et rêve de New York City » ? Ce lieu, au moment où il devient plus largement signifiant, devient donc également « porteur d’autre chose que de lui-même »11. Ainsi, produit par ces circulations de sens, le label « Florentin » est créé et Florentin, plus qu’un emplacement, devient une « déclaration d’intention »12.

Réflexion ancrée dans un quartier en mouvement

  • 13  « Florentene is a portrait of bohemian Tel Aviv in the 1990s », R. L. Stein., op. cit., p. 37. (...)
  • 14  Florentin est sous la juridiction de la municipalité de Jaffa jusqu’à la conquête de cette dernière (...)
  • 15  Ces opérations se déroulent dans un espace qui est déjà le plus dense de Tel-Aviv en terme de bâti (...)
  • 16  La construction de deux bâtiments rue Abarbanel a, par exemple, fait apparaître une maison arabe qu (...)
  • 17  B. Allen, F. Guérin-Pace, A-L. Humain-Lamoure, S. Lehman-Frisch et T. Ramadier, « Le quartier, un l (...)

3Florentin : quartier bohème13, quartier pauvre, quartier industriel et industrieux mais quartier de loisirs aussi… Florentin est un espace à « entrées » multiples ; tour à tour central, espace tampon entre deux entités distinctes et imbriquées14, ou marginal – quoi que toujours à quelques minutes du boulevard Rothschild et de la rue Allenby –, aujourd’hui quartier effervescent, animé d’une fièvre immobilière rythmée par les transformations qu’impulsent les investisseurs15. Ainsi, alors qu’à présent ce sont les changements qui sont les plus visibles, les traces déposées par chaque époque, chaque vague de populations ayant traversé cet espace, ne sont pas moins présentes. Certaines n’apparaissant d’ailleurs qu’avec les mutations en cours, quand s’ouvrent des interstices dévoilant des pans oubliés de l’histoire du quartier16. Florentin est donc un lieu, une scène, ou le théâtre d’enjeux sans cesse renouvelés. À toutes ces dimensions, il faut encore ajouter celle du « regard extérieur » puisque ce quartier fait aussi sens pour ceux qui n’y résident pas ; les téléspectateurs, les utilisateurs réguliers ou occasionnels venant des quartiers Nord ou de Jaffa. Regards aussi de ceux qui y travaillent et qui contribuent à « identifier-édifier »17 Florentin.

  • 18  « Il est impossible d’immobiliser l’urbain », H. Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Ed. An (...)
  • 19  Tout en gardant à l’esprit la mise en garde de Lefebvre contre la « fragmentation » de l’espace soc (...)
  • 20  N. Carmon, « Who Needs Neighborhood Policy? », Policy Studies Journal, 1987, vol. 16, n° 2, pp. 263 (...)
  • 21  Le quartier Achuzat Bait est fondé à Jaffa en 1909. Un an après sa création, ce quartier est rebapt (...)
  • 22  « Les quartiers anciens (Nevé Tseddeq, une partie de Nevé Shalom, Ohel Moshé, Kerem ha-Temanim et d (...)
  • 23  On est ici très proche de l’analyse que font les tenants de l’École de Chicago des quartiers ou « a (...)
  • 24  Le mot shkhuna vient de shakhen : le voisin.
  • 25  En 1921, R. MacKenzie consacre un article à la question du « voisinage » : l’une « de nos plus viei (...)
  • 26  H. Lefebvre, op. cit.
  • 27  Des non-lieux interchangeables et équivalents, sur cette question voir Marc Augé, Non-lieux. Pour u (...)

4Devant cette multiplicité, et à défaut de pouvoir en immobiliser la réalité18 ou d’embrasser l’ensemble des problématiques que celle-ci suggère, il faut, pour l’appréhender, fragmenter cet espace19. Dans cet article, c’est donc surtout de « l’entité Florentin » dont il sera question. Et du sens que cette entité prend comme quartier, comme espace de vie et comme ancrage d’une communauté ; mais aussi comme communauté ancrée territorialement, puisque « les concepts de communauté et de quartier sont souvent synonymes »20. C’est si vrai que l’intérêt théorique de la notion de quartier fait écho, dans le cas de Florentin, et plus généralement de Tel-Aviv, au développement même de la ville. Créée comme un quartier21 celle-ci agglomère et rassemble22 en effet progressivement des « voisinages » qui, pour certains, la précèdent et sont issus le plus souvent de vagues d’immigrations liées à une population ou à une origine géographique spécifique23. Le quartier est donc l’espace de la circulation et de proximité, de la communauté d’origine et de destins parfois quand, en hébreu, le mot de quartier fait plutôt appel à la notion de voisinage24 qu’à celle de portion de ville25. L’analyse, resserrée autour de cette problématique, permet alors de poursuivre – à l’échelle du lieu de vie – la réflexion sur l’agencement individuel et collectif des composantes identitaires et spatiales. Quand le quartier est lieu d’ancrage, de la pratique spatiale, de la représentation de l’espace26 mais aussi celui du mouvement et des circulations. Comment donc aborder cette question de lieux identifiés et d’identification aux lieux quand, justement, l’idée de leur disparition au profit de l’émergence de « non-lieux »27, de la dissolution des territoires imprègne profondément nos cadres de pensée ?

  • 28  B. Allen, op. cit., p. 139.
  • 29  Des entretiens ont été menés à Florentin, et plus largement, à Tel-Aviv entre 2005 et 2008. Des ext (...)
  • 30  I. Schnell, op. cit.

5En s’appuyant sur une discussion des notions de quartiers et de voisinage comme entité ou « portion de vie collective découpée dans l’ensemble de l’agglomération » (MacKenzie, 1921), cet article souhaite contribuer au débat sur l’articulation social/spatial dans la mondialisation. Dans ce sens, un travail de terrain de plusieurs années à Florentin semble indiquer une troisième voix, médiane, entre celle qu’expriment les tenants de la fin des territoires, placés du côté des hyper-mobilités et des réseaux, et celle de l’ancrage local comme composante indispensable du rapport à l’espace (Feloneau, Marchand et Fleur-Bahi, 2005)28. En effet, en s’appuyant sur des entretiens29 développés autour des notions géographiques de quartiers-lieux de vie, des formes d’enracinement contemporain se dessinent qui englobent les dimensions spatiales et temporelles, idéelles et relationnelles. Des espaces comme Florentin indiquent la mise en présence « d’époques » plutôt que leur succession, et la démultiplication du sens du lieu, ouvert mais contenu dans des « limites » flexibles. La question de l’atmosphère propre à certains lieux joue en plein dans la réalité d’espaces de vie, ici et maintenant, qui se trouvent d’autant plus matérialisés qu’ils se doublent d’ailleurs, ou « d’antériorité », dans lesquels se projeter. Le lieu significatif serait donc aujourd’hui celui qui à la capacité d’évoquer d’autres lieux, et à contenir ces « autres » du lieu. Nous réfléchirons donc aux lieux comme à des espaces signifiants et signifiés30, et qui fonctionnent comme caisses de résonance des différentes échelles de sens.

Florentin fait-il quartier ?

  • 31  S. Tissot « Sociologie urbaine et politique de la ville : retour sur une rencontre autour des ‘quar (...)

6Mais si le quartier renvoie à un espace autant qu’à une population31, quel espace Florentin constitue-t-il aujourd’hui ? Son atmosphère, faite de profondeur historique, de dynamisme économique et culturel et d’un tissu urbain dégradé, participe de son identification comme entité distincte. Radicalement différent, Florentin se démarque des quartiers Nord de la ville mais aussi, et c’est plus surprenant, des quartiers qui lui sont adjacents, Shapira ou Neve Sheanan. Là encore, une autre architecture, une autre population. Florentin semble donc se dresser entre Tel-Aviv et Jaffa, dans un espace incertain et pourtant délimité. Comment alors expliquer ce quartier, les télescopages qui s’y produisent, en termes d’activités et de population ?

  • 32  J-L. Piveteau, Temps du territoire. Continuités et ruptures dans la relation de l’homme à l’espace, (...)
  • 33  E. Soja, Thirdspace. Journeys to Los Angeles and Other Real-and-Imagined Places, Oxford, Blackwell, (...)
  • 34  L’architecte israélien Sharon Rotbard a, le premier, formulé cette idée de la ville noire pour qual (...)
  • 35  S. Rotbard, « White lies, white city », Territories, builders, warriors and other mythologies, Rott (...)

7Le présent de ce quartier ne se « comprend pleinement que resitué dans son épaisseur temporelle – autrement dit en tenant compte des différents « temps sociaux » dont il est partie prenante »32. En particulier parce que Florentin aura été longtemps un quartier juif de Jaffa, une frontière ou un front, une zone d’entre-deux dans tous les cas ; peut-être même un « espace tiers »33. Nous tenterons donc une « géohistoire » de Florentin pour réinscrire un des quartiers les plus divers et les plus cosmopolites d’Israël, un des quartiers de la ville noire34, dans la ville. L’y replacer amène à une meilleure appréhension de sa valeur urbaine, en même temps qu’elle enrichit l’histoire nationale35 d’espaces encore tenus à l’écart de l’historiographie de Tel-Aviv. Cela étant, et alors que Florentin est un quartier clairement délimité par de grands axes routiers (les rues Salame, Ha’alyah, Yaffo, Elifelet), une navigation dans les documents d’archives met en évidence des ruptures à l’intérieur même de cet espace. Qu’est-ce à dire ? À la lecture des documents d’archive, Florentin se révèle comme un assemblage de plusieurs quartiers, construits à des époques et dans des contextes différents. Qui, s’ils constituent aujourd’hui un tout, sont de fait véritablement « à cheval » sur deux plans d’urbanismes. Comment alors poser la question du « quartier » dans ce quartier qui n’en est pas un ? Comment penser un quartier divisé en plusieurs plans d’urbanisme ? Un quartier qui a avalé une frontière entre deux municipalités dont la conquête de l’une par l’autre continue d’influencer leur destin commun.

Figure 1

Figure 1

À gauche : Florentin encadré sur un extrait de carte de Tel-Aviv, échelle figurée 788 m (source : Municipalité de Tel-Aviv). À droite : Merkaz Mishari, Shrunat Volovelsky et Florentin : les trois quartiers qui constituent aujourd’hui Florentin. La ligne noire figure la frontière entre les municipalités de Tel-Aviv et de Jaffa jusqu’en 1950. De fait, et bien que construit à Jaffa, Merkaz Mishari est régi par le plan TABA 44 de Tel-Aviv. Les quartiers Volovelsky et Florentin sont, eux, régis par le plan B Yaffo.
Carte : C. Rozenholc (source : archives de la municipalité de Tel-Aviv ; carte au 1:1250, Survey of Palestine, 1934, révisé en 1936, carte district du Sud – sous-district de Jaffa, feuille 125-160 7 D)

  • 36  À l’exception du terrain sur lequel est construit l’école Dorianov. L’école Dorianov est fermée dep (...)

8Avant de « faire quartier », Florentin se constitue donc au cours de « moments », de conjonctions économiques et historiques, en commençant par la construction de Merkaz Mishari, littéralement le « centre commercial ». Merkaz Mishari constitue la partie nord de Florentin et sa construction même va, sans que cela ne soit perceptible aujourd’hui, à la fois découler d’évènements historiques majeurs et relever d’une décision politique décisive. En effet, jusqu’à la création de Merkaz Mishari, Tel-Aviv est une banlieue résidentielle. Et ce n’est qu’avec la construction du centre commercial qu’elle entame un tournant vers son indépendance. Cette transformation fait suite aux émeutes arabes qui éclatent à Jaffa en 1921 et dont l’une des conséquences presque immédiates est l’obtention de l’autonomie pour la jeune ville. Ce nouveau statut ne peut toutefois être entériné que par la déconnexion économique de Jaffa et, la même année, des commerçants juifs vont acheter une parcelle où développer commerces et de production, indépendamment de la ville arabe. Souhaitant maximiser leur achat, ces commerçants, constitués en association, s’installent à Jaffa pour échapper à la réglementation par trop contraignante de Tel-Aviv. Sans craindre le paradoxe de développer l’autonomie de la ville juive depuis Jaffa, Merkaz Mishari est donc construit en dehors des limites administratives de Tel-Aviv. Ce « détail » historique continue de porter à conséquence puisque dans ce quartier résidentiel toujours « spécial », selon l’appellation du plan d’aménagement de 1938, il n’y a ni espace public, ni jardin. Autre situation exceptionnelle : la municipalité, pas plus que le gouvernement, ne possède de terrain sur l’ensemble de la zone36. Les terrains sont restés privés, ce qui continue de freiner les aménagements municipaux.

9Avec le développement de cette nouvelle entité, Tel-Aviv n’est plus un quartier résidentiel dont les activités économiques se déroulent à Jaffa mais une ville en voie d’autonomisation. Merkaz Mishari participe donc du changement de « nature » de Tel-Aviv, en même temps qu’il en accompagne la redéfinition « physique ». Construit en dehors de Tel-Aviv, Merkaz Mishari est très vite absorbé par celle-ci. Et alors que la ville tend à se développer vers le Nord, la construction et l’intégration de Merkaz Mishari est une avancée vers le Sud. En 1923, la frontière ne suit plus la ligne de chemin de fer Jaffa-Jérusalem mais reprend le tracé sud de Merkaz Mishari. Cette frontière sera réaffirmée par les autorités du Mandat britannique en 1927 et demeurera la limite officielle jusqu’aux années 1950. En 1930, la construction de Merkaz Mishari est achevée.

  • 37  Salonique est le foyer d’une des plus importantes communautés juives de l’Empire ottoman. Au moment (...)
  • 38  TAMA, DOC 8-14, H. Rabin, [ha’shrunot ha’ivriout vemeabak atsmaoutan].

10Plus au Sud, le quartier Florentin, qui donnera son nom à l’ensemble du quartier, est construit par des entrepreneurs grecs originaires de Salonique. Si l’histoire précise du quartier n’est pas encore établie, il semble bien qu’à la fin des années 1920, David Florentin, fonctionnaire et propriétaire du journal sioniste El Avenir quitte Salonique37, sa ville natale, pour la Palestine. Arrivé en 1926, il prend la tête de la communauté sépharade de Jaffa. En 1927, son fils, Salomon Florentin, associé à l’entrepreneur David Abarbanel, amorce la construction du quartier. Les documents existants38 indiquent que l’achat des parcelles sur lesquelles va se construire Florentin date de la fin des années 1920 et plus précisément de 1928. Les achats se poursuivent sur quelques années, jusqu’en 1935. Ces acquisitions progressives laissent supposer qu’il n’y a pas eu, dans un premier temps, de plan d’ensemble du quartier. Dans tous les cas, le quartier a bien été pensé comme un lieu où logements bon marché et ateliers se partagent les bâtiments. Un quartier où les migrants originaires des Balkans, et en particulier de Salonique, trouveraient à se loger facilement, en évitant toute spéculation foncière. Cette structure initiale – des logements familiaux et des ateliers –, comme ce « noyau pionnier », perdure aujourd’hui. Et dans cette partie du quartier, comme à Merkaz Mishari, les premiers étages sont occupés par des commerces ou des ateliers, alors que les étages supérieurs sont des logements.

Figure 2

Figure 2

Florentin 2008, au fond la tour Shalom

  • 39  90 dunams. Le dunam – unité de mesure héritée de l’Empire ottoman – est l’unité de mesure utilisée (...)
  • 40  Le système « musha » est issu de la régulation ottomane ; chaque propriétaire détient une part d’un (...)

11Florentin est constitué d’un troisième espace : Shkhunat Wolowelsky. Ce quartier est désigné aujourd’hui sous le nom de « zone industrielle ». Il se situe à l’Ouest du quartier et abrite des ateliers de charpentiers, de ferronniers et des garages. Mais aussi, depuis quelques années, des habitations, quand certains de ces locaux ont trouvé un second souffle dans leur aménagement en lofts, par exemple. Si cette zone, largement industrielle, est par conséquent un peu à l’écart, c’est peut-être pourtant là que vont se jouer les transformations les plus radicales de l’ensemble du quartier. En effet, plusieurs projets immobiliers massifs semblent devoir bientôt s’y développer. Alors que la municipalité est chargée d’une planification d’ensemble, l’occupation du sol, ou plutôt l’organisation complexe de la propriété foncière, oriente cet espace vers une fragmentation en différents plans d’urbanisme et cinq projets distincts sont en voie d’être acceptés. En effet, cet espace de neuf hectares39 est constitué de plusieurs parcelles régies par un système de copropriété40. Le développement en revient à ses propriétaires, ce qui laisse le champ libre à diverses projections et à l’inquiétude des habitants et des usagers :

  • 41  Extrait d’un entretien avec la responsable du centre d’art de Florentin (septembre 2008). Dans le p (...)

It is and I think that actually the change that is about to take place in the infrastructure of the area is going to be, I think, devastating for artists. (…) well, all the area around here was sold recently to a property development company – Africa Israel – and it’s going to be built over so a lot of the things that we see around are not going to exist anymore 41.

  • 42  « Africa-Israel » est une compagnie israélienne d’investissements immobiliers.

Figure 3

Figure 3

« Africa-Israel42 en chemin pour détruire Florentin 1927-2008 »
[Africa-Israel ba derekh laaros Florentin 1927-2008], Florentin, 2008

  • 43  Le quartier « raconte » à qui prend le temps de lire les traces laissées par différentes « histoire (...)
  • 44  Voir N. Alfasi and T. Fenster, « A tale of two cities: Jerusalem and Tel-Aviv in an age of globaliz (...)
  • 45  Y. Grafmeyer, « Le quartier des sociologues », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir. (...)

12Finalement, on peut dire que Florentin a une histoire, mais qu’il en raconte plusieurs43. Toutes forment les différentes facettes d’une même réalité : celle d’un quartier, un espace de vie, inséré dans un contexte plus vaste et changeant. Mais dont le rythme de transformations s’est, récemment, radicalement accéléré. Florentin est donc un espace mouvant, inscrit dans un espace plus étendu, lui-même en transition, la ville globale de Tel-Aviv44. L’incursion dans les documents d’archives aura permis de mettre à jour à quel point les découpages administratifs qui nous semblent naturels sont, en réalité, le produit d’une histoire longue au cours de laquelle l’organisation administrative produit du territoire (Topalov, 2002)45. Elle aura aussi permis de mettre à jour et d’éclaircir certaines particularités signifiantes du quartier.

Le quartier comme une unité d’analyse pertinente ?

  • 46  Issacs, 1948: « people do not necessarily live where they dwell », cité par R. Kallus. et H. Law-Yo (...)
  • 47  J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit., p. 8.
  • 48  « Le collectif, ce dogme très ancien du fonctionnalisme qui voudrait que « comme les habitants d’un (...)
  • 49  J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace « Introduction », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Gu (...)
  • 50  M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, « L’espace urbain comme expression symbolique de l’espace social », (...)
  • 51  « Quand je suis ici, je n’ai pas de problème, je sais que tout le monde est comme moi. Mais quand j (...)
  • 52  Ces qualificatifs sont tirés d’entretiens réalisés depuis 2005 avant des habitants de Florentin. (...)

13La morphologie du quartier, l’héritage géographique et historique de ce lieu, continue de produire des effets. Mais quel sens revêt le quartier aujourd’hui pour ceux qui le parcourent et le vivent ? Et à l’heure de la mondialisation, des circulations accrues, des mobilités rapides, l’ancrage dans l’espace de vie physique fait-il toujours sens ? Comment ? Dans une société qui fonctionne en réseaux, est-on attaché à son lieu de vie, à son lieu d’habitation46 ? La proximité entre habitants et commerçants, la « vie de quartier », ne relève-t-elle plus que du « mythe nostalgique »47 ou du dogme48 ? À toutes ces questions, le « rôle de classement et les effets de réputation liés au fait d’habiter dans tel ou tel quartier »49 répondent déjà. Quand la position occupée dans l’espace urbain exprime toujours la position occupée dans la société, ou la manière dont on souhaite s’y projeter. En 2008, il n’est toujours pas « indifférent d’habiter là plutôt qu’ailleurs »50. Et en ce sens – commun – Florentin est toujours significatif et sa « mauvaise » réputation ne s’est pas encore dissipée51. Pourtant, ceux qui ont choisi récemment de s’installer dans le quartier mobilisent des valeurs autrement positives. Florentin n’est plus le quartier pauvre, mais le quartier de la communauté, d’une certaine authenticité, de la petite Israël d’avant, plus simple et plus intime, moins aliénant que le reste de la ville52. Il est aussi, en dépit de sa situation géographique, un espace de forte centralité :

  • 53  O., 40 ans, habite avec sa fille de 8 ans à Florentin depuis 6 ans (2008).

« Tout Tel-Aviv vient ici ! C’est central, comme si c’est en train de devenir terriblement central (…) Ici… on produit les médias. S’il y a un film, on vient filmer ici, un reportage, il filme dans ce café, si quelqu’un veut faire une interview avec un acteur… c’est ici. Tu vois les médias tout le temps ici. Ils font partie du quartier. (…) Bon l’emplacement géographique, non, c’est au sud. C’est pas central, c’est loin (…) mais en fait, c’est pas le cas, pas du tout. Mais c’est ça qui a l’air étrange à Florentin. Florentin est tellement de côté et en même temps c’est le centre de Tel-Aviv. Il y a quelque chose de pas du tout logique, et vrai là-dedans »53.

  • 54  J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit., p. 7.
  • 55  J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit., p. 10.
  • 56  M. Castells, « Les milieux sociaux urbains », La question urbaine, Paris, François Maspéro, coll. F (...)
  • 57  J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit. p. 11.
  • 58  J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit., p. 9.
  • 59  S. Lehman-Frisch et G. Capron « Le sentiment de quartier en milieu gentrifié : de San Francisco à B (...)

14À la question donc de savoir si les individus sont « affranchis de leurs ancrages territoriaux »54, la réponse doit être mesurée. Et l’histoire même de la constitution du quartier y ajoute peut-être en complexité. On peut dans ce contexte-là, d’ailleurs, reposer la question de « ce qui donne consistance au quartier et le structure : sa morphologie, son histoire, les solidarités sociales, les pratiques de ses habitants, les espaces publics, ses limites géographiques, son organisation politique et institutionnelle ? »55. Tenter une réponse, et à la manière de Castells56, ce sont les limites du quartier et l’insertion de celui-ci dans le cadre urbain qui se dessinent. Un survol des littératures anglo-saxonne et française fournit à ce sujet des éclairages que l’on peut mettre en regard de ce que disent les différents acteurs du quartier ; des acteurs qui expriment leurs rapports au quartier « de façon multiple, en se différenciant selon les groupes sociaux, les générations, les histoires individuelles et les parcours géographiques »57. Mais c’est aussi dans ce que l’on peut observer au quotidien que se trouvent des éléments de réponse, et des traces de l’investissement des espaces publics, des espaces de vie. Et comme à Florentin la vie s’organise plutôt dans la rue qu’autour des équipements et des espaces publics58 – manquants –, la rue devient le lieu de l’expérience commune et de la sociabilité. C’est un des vecteurs majeurs de l’investissement affectif du quartier59 et qui parfois échappe au vu des transformations en cours :

  • 60  R. travaille dans une laverie automatique. Elle a 41 ans et vit dans le quartier depuis 20 ans.

« J’en ai plus [de lieux importants dans le quartier] ! J’en ai eu, mais plus maintenant ! Avant je pouvais descendre au jardin [la rue piétonne], je pouvais me reposer. Si il y a un changement… oui il y a un changement, maintenant il y a des alcooliques par exemple. Avant, il y a quatre cinq ans il n’y en avait pas. Quoi, j’ai élevé mes enfants ici, ils descendaient au jardin [la rue piétonne] ! Et maintenant je ne les laisse jamais. Pas une seule fois. Simplement je viens, je les emmène en autobus, on va au centre commercial. J’ai peur. C’était quoi, simplement un quartier normal. Maintenant, c’est comme si on m’avait volé ma rue »60.

Figure 4

Figure 4

« Je me bats pour le futur de Florentin » [Ani nelkham al atid Florentin]. Florentin 2008

  • 61  In S. Mazzella, « Effets de quartier… à l’échelle de la rue », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. G (...)
  • 62  J-Y. Authier, « La question des “effets de quartier” en France. Variations contextuelles et process (...)

15Et l’on pourrait dire du quartier, comme Sylvie Mazzella de la rue, qu’il est une entité historique que traverse une hétérogénéité de destins sociaux, révélée « à travers une attention à la multiplicité des temps et des acteurs »61. Ceci est certes vrai de Florentin et les concepts de traces, de sédimentation, de reliques sont les mieux à même de dire cette réalité dont on perçoit, parfois fugacement, la profondeur historique et l’enchevêtrement. Des destins sociaux aux populations, et du quartier au quartier-milieu ensuite il n’y a qu’un pas. Puisque si l’on en croit J-Y. Authier, les propriétés du « quartier-milieu » sont liées à sa morphologie, sa localisation, son histoire et son image, ses ressources commerciales, mais aussi aux caractéristiques sociales des personnes qui composent le quartier et à leur répartition à l’intérieur du quartier62.

  • 63  R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 820.
  • 64  R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 822.
  • 65  A-L. Humain-Lamoure, « Le quartier comme objet en géographie », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. (...)
  • 66  E. Relph, Place and placelessness, Pion ltd., London, 1976.
  • 67  I. Schnell, op. cit.

16Dans ce sens, l’approche humanistique voit dans la notion de quartier, un lieu défini par l’identité de ses habitants dont découlent des relations entre les habitants et leur environnement63. L’approche instrumentale se focalise, quant à elle, sur les mécanismes de production. Le quartier est un système – ou un organisme spécialisé (Le Corbusier, 1947) – fonctionnant dans le cadre d’une entité structurellement ordonnée : la ville (Smithson and Smithson, 1970)64. Le courant inspiré de l’École de Chicago s’inscrit dans cette dernière proposition puisque le quartier y est analysé « par ses caractéristiques et sa position au sein de la ville »65. Si cette idée de quartier comme système n’est pas obsolète, elle n’est pourtant envisageable que si l’on révise le modèle du lieu suggéré par Relph comme « entité close refuge aux forces globalisantes »66. Le lieu et le quartier ne peuvent être significatifs qu’inscrits dans un monde ouvert. Alors que Relph définissait les dimensions du lieu (la communauté, le sens symbolique, la « choréographie » qui s’y déroule, le paysage) comme constitutives de l’authenticité de celui-ci, comme source du sentiment d’appartenance et d’inclusion, I. Schnell67 propose d’envisager l’articulation de ces dimensions comme productrice de l’atmosphère du lieu. L’atmosphère, notion peut-être vague et pourtant heuristique, serait donc la nouvelle « vérité » des lieux.

  • 68  R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 823.
  • 69  R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 815.
  • 70  R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 823.
  • 71  R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 824.
  • 72  B. Allen (2007), « Le quartier à l’articulation d’enjeux spatiaux temporels », in J-Y. Authier, M-H (...)

17L’approche phénoménologique, finalement, met l’accent sur le quartier comme « phénomène urbain unique » dont le sens dérive de sa fonction résidentielle. C’est dans l’unité « quartier » qu’est inscrite le « savoir et la conscience du lieu »68. La continuité et la permanence qui en découlent fixent le sens du quartier dans la mémoire collective69. Ajoutons ici que dans le cas de Florentin, c’est un événement exogène (la série télévisée) qui a contribué à inscrire le quartier dans certaines mémoires collectives. Avec Kallus et Law-Yone, on voit que l’approche phénoménologique se concentre sur le quartier comme entité culturelle plutôt que comme construction sociale issue de la proximité physique. Finalement, ce n’est ni l’usage que l’on en fait, ni son organisation qui donne au quartier son essence mais le sens attaché à des lieux particuliers à travers les expériences et les histoires individuelles70. Le quartier n’est pas uniquement un lieu de l’action humaine – une organisation sociale ou une unité physique – mais c’est aussi l’expression de la vie urbaine71. « Habiter » est en quelque sorte constitutif de l’être humain lui-même [Bachelard, 1957] puisque chacun cherche à « habiter » et mobilise des ressources qui lui sont propres, pour conférer au lieu où il réside un sens et une finalité sur lesquels s’appuyer et se développer72.

  • 73  A-L. Humain-Lamoure, op. cit., pp. 45-46.
  • 74  J.Monnet, op. cit., p. 3.
  • 75  A-L. Humain-Lamoure, op. cit., p. 46-47.
  • 76  H. Lefebvre (1967), cité par A-L. Humain-Lamoure, op. cit., p. 51.
  • 77  H. Lefebvre (1967), cité par A-L. Humain-Lamoure, op. cit., p. 51.
  • 78  Selon J-Y. Authier, Y. Fijalkow et P. Philifert, il est en effet nécessaire d’associer l’« objet qu (...)

18Première conclusion intermédiaire : le quartier s’appréhende au mieux au travers des individus qui participent de son existence et de la relation qu’ils entretiennent avec cet espace : leur territoire. Les pratiques et les représentations des individus sont alors centrales et il s’agit d’analyser le sens donné au quartier : « l’identification du quartier et au quartier »73. Le quartier est un espace vécu, l’espace intime du quotidien. Il diffère donc d’un individu à l’autre. Et c’est bien la dimension symbolique de l’espace qui rend cohérent l’espace vécu de chacun74. Pourtant, cette approche par le territoire « suppose plus qu’une appropriation individuelle. Pour définir un quartier, il faut que celui-ci acquière « une signification collective »75. L’entrée par le territoire remet donc sur l’ouvrage la question des « limites » et des délimitations. L’interrogation devient : comment délimiter un quartier, et comment donner sens à ses limites alors que le quartier s’inscrit dans un ensemble bien plus vaste (la ville) ; des ensembles plus vastes (le monde) ? Cette notion d’abord un peu anodine de quartier formule en réalité un « véritable défi géographique dans son identification » (H. Lefebvre, 1967)76. Le quartier, forme d’organisation de l’espace et du temps de la ville, point de passage entre l’espace géométrique et l’espace social (Lefebvre, 1967)77, nous invite, à l’heure de la mondialisation, à une réflexion sur la question de l’articulation entre identité et espace, du lien proximité spatiale/proximité sociale et de l’articulation des deux. Le « quartier » renvoie à la fois aux questions de mobilités78 et d’identités, et de leur intersection : le lieu.

Le quartier, un lieu de sens dans la mondialisation

  • 79  I. Schnell, op. cit., p. 3.
  • 80  I. Schnell, op. cit., p. 1, faisant respectivement référence à Relph (1976) et Harvey (2000) ; Mass (...)
  • 81  J. Monnet, op. cit., pp. 2-3.
  • 82  I. Schnell, op. cit., p. 3-4.
  • 83  Y. Grafmeyer, op. cit., p. 22.
  • 84  Y. Grafmeyer, op. cit., p. 25.
  • 85  « Florentin is surrounded by ‘walls’. It is like surrounded by ‘walls’. Now it has changed but befo (...)
  • 86  Extrait d’un entretien avec T. (2008), habite à Florentin depuis un an.
  • 87  Benoît-Guilbot (1982) cité par Y. Grafmeyer, op. cit., p. 26.

19Le lieu est une des notions fondamentales de la géographie, mais que devient-il dans la mondialisation ? Est-il, l’arène des pratiques quotidiennes et de productions de structures sociales qui le dépassent79 ? Les lieux sont-ils des entités fermées et protectrices ou des « intersections » ouvertes80 ? Retenant la deuxième proposition, la symbolisation par « un nom, une identité, une permanence, une raison d’être, une relation particulière avec certaines valeurs et significations » est l’un des facteurs de différenciation de l’espace en lieux81. Ce sont d’ailleurs les paysages constitués du tissu urbain, et de son architecture, qui « donnent aux membres de la communauté un sens de continuité temporelle au sein d’une localité limitée »82. Dans ce sens, à Florentin, « la netteté des contours se conjugue avec une originalité architecturale aisément perceptible »83. Si « les contours de cet espace de proximité »84 varient d’une personne à l’autre, à Florentin, ils dépendent fortement de l’âge et du parcours de vie, mais aussi des motivations sous-jacentes à l’installation dans le quartier. Ainsi, les entretiens révèlent la question des limites avec une grande richesse. Si pour certains « Florentin est entouré de murs »85, pour d’autres c’est un espace ouvert et illimité ; « comme quand tu te promènes dans la nature »86. Le quartier est donc une « figure à géométrie variable »87 dont les grands axes ne sont d’ailleurs pas toujours les plus significatifs :

  • 88  Extrait d’un entretien avec L. (2008), activiste et résidente de Florentin.

I think for me ah… there is no significant street. It’s ah… it’s usually intersections actually. Cause it’s like Florentin – Stern – and Washington are very, very vibrant intersections. Interesting enough it was also like that historically 88.

20Intersections vibrantes, atmosphère particulière et inclusive semblent constituer le génie de ce lieu dont on dit volontiers qu’il est coloré et vivant ; sans pouvoir toujours en « démêler » les contenus :

  • 89  R. Spitz, « The Florentin Quarter: A Tel Aviv Neighborhood not to be missed! », http://www.arzaworl (...)

Venturing into the Florentin Quarter is like entering a melting pot. Old and new converge into one with jumbled ease, providing a sense of curiosity. The neighbourhood’s character may be a complex one, but it clearly speaks for itself 89.

  • 90  D. Sekel et D. Haas, « Florentin Flavour », The Jerusalem Report, April 2, 1998, http://www.florent (...)

It's a great place, especially for young people (…) I love the atmosphere, and the color’. At first, though, it's difficult to pick out Florentin's robust charm 90.

  • 91  cité par I. Schnell, op. cit., p. 12.
  • 92  I. Schnell, op. cit., p. 12.
  • 93  S. Lehman-Frisch et G. Capron, op. cit., p. 120.
  • 94  À Florentin, le caractère traditionnellement commerçant – meubles, épices, lampes, jouets – se doub (...)
  • 95  I. Schnell, op. cit., p. 18.

21Si enfin, la plupart des habitants interrogés évoquent l’atmosphère particulière du quartier – éventuellement celle d’hier – à quel champ sémantique cette notion renvoie-t-elle? Pour Net (2000)91 l’atmosphère est la mise en relation, ou l’exposition à un autre monde de sens, sans pour autant devoir quitter la communauté de sens original. L’atmosphère d’un lieu est donc faite d’imagination et de transport, vers d’autres lieux, des lieux autres, exotiques, et donc, des lieux de possibles. Pour Schnell l’atmosphère est une mise en tension, basée sur la nostalgie de lieux du passé ou sur des attentes futures92. Mais l’atmosphère d’un quartier – et cela se vérifie à Florentin, quartier industriel et commerçant – dépend de ses commerces puisque l’attachement au quartier passe, principalement, par des habitudes de consommation qui « définissent un certain style de vie »93. À Florentin, la diffusion des pratiques de consommation, comme résultante des mouvements de la gentrification et de la mondialisation, s’opère comme « repli » sur des goûts simples : cuisine « maison », valeurs et simplicité du petit Israël déjà évoqué, des relations ; quand partout ailleurs, tout s’achète dans les grandes surfaces. Nous ferrons, par conséquent, nôtre l’analyse que fait Schnell de la rue Sheinkin comme contexte de formation des identités et de la consommation94. Ces deux aspects du lieu sont « une réponse locale à la globalisation » en ce qu’ils s’opposent à la consommation de masse et à la production intensive. À Florentin, nombre d’interlocuteurs évoquent les épiceries locales comme lieux significatifs de leur vie de quartier. Par ailleurs, Schnell rappelle que Sheinkin est un lieu israélien qui renforce le débat sur l’identité israélienne, « en devenant un noyau d’une identité qui représente l’ouverture au monde global »95. Et si cette redéfinition de l’identité passe par l’extérieur et les références importées ou « visitées », on peut alors noter que plusieurs interlocuteurs interrogés sur les différentes populations du quartier évoquent les « réfugiés d’Inde » ; ces jeunes israéliens qui après un long séjour en Inde, le plus souvent effectué après leur service militaire, mais pas toujours, viennent s’installer à Tel-Aviv, et en priorité à Florentin :

  • 96  Extrait d’un entretien avec O., juin 2006.

I guess everybody sees it in a different way. Ah… who lives there? (…) There is really interesting mixture of people in this, in Florentin, but mostly young people (…) ah… maybe… what’s a bit different from the centre of Tel Aviv is, I mean about the people, they are a little more… ah… I need a good word in English… ah not hippies (…) Ok, maybe like ex… you know many Israelis, almost every Israeli went to India and East Asia and I think more ex… Indian visitors, travellers live here than other place. Maybe I mean, they look, there’s this new Indian restaurant here “Sav kutch Milaga” which is like really, they are really trying to create an Indian environment like, like travellers remember from India and it really does look like an Indian, an Israeli place in India in New Delhi or whatever. And it’s so, it really fits the neighbourhood 96.

  • 97  Extrait d’un entretien avec M., mai 2006.

I think, more free. Like for example if you live in Diezengoff you won’t go down with your sweat shirt, you’ll think about it twice. But here no!!! No problem. Because it’s more homey (…) I don’t know exactly how to describe it. Hum… more easy going. The atmosphere is more like… traveling in India 97.

Gentrification, exotisme et mondialisation : articulation du quartier à différentes échelles

  • 98  I. Schnell op. cit., p. 12-13.

22La gentrification serait alors le vecteur d’un réancrage local, voire national, en même temps que la projection vers d’autres espaces de sens ; New-York et Delhi ou Goa pour ce qui relèverait du mode de vie. Ces nouveaux contenus, dont l’atmosphère imprègne les lieux, sont justement ceux que Relph (1976) définit comme inauthentiques puisque le sens du lieu se trouble d’un ailleurs. Pourtant « l’atmosphère est peut-être la réponse la plus authentique à la réalité de la globalisation »98. À Florentin, l’atmosphère du lieu est certainement aussi constituée d’un autre temps, d’une autre époque avec les petites échoppes de cordonniers, les coiffeurs, les cantines et les épiceries. Tous ces lieux, toutes ces activités, tous ces produits, semblent nous parvenir, à travers le filtre d’une production mondialisée à grande échelle. Par contre, ces commerces inscrivent certainement le quartier et ses habitants dans la continuité d’une classe laborieuse, et qui rappelle un temps peut-être plus collectif, voire collectiviste, si l’on pense à l’expérience des kibboutzim si fortement ancrée dans l’éthos israélien :

  • 99  Extrait d’un entretien avec L., 2008.

The landmark it is more the scale! (…) Things are small. You know here they do things differently. So… the small businesses, the streets themselves, maybe. Also the balconies; on the streets (…) Ah… this is… very characteristic of the neighbourhood also… ha, because the windows are so closeyou’re part of a community. And you can, you have ah… you can talk across the street – from one window to the other – which is not really so possible even if the road was just a little bit wider99.

  • 100  J-Y. Authier, op. cit., p. 208.
  • 101  B. Allen, op. cit., p. 139.
  • 102  Le musée du « Lehi » – acronyme de « combattants pour la liberté d’Israël » – retrace l’histoire de (...)

23Finalement, si « les individus n’habitent pas et ne cohabitent pas de la même manière selon le quartier où ils résident »100, à Florentin, tant l’architecture que la composition sociale et commerciale influencent considérablement les rapports au quotidien. Dans le débat entre tenants des nouvelles échelles de l’identité socio-spatiale, qui seraient du côté de la « démultiplication des lieux pratiqués » et des mobilités, extension et tenants d’un ancrage territorial inscrit dans le temps – ou non – et qui constituerait toujours une dimension importante du rapport à l’espace [Feloneau, Marchand et Fleur-Bahi, 2005]101, des lieux comme Florentin indique une troisième voie. Celle de l’articulation « d’époques » – plutôt que de leur succession – et de la démultiplication des lieux pratiqués qui sont aussi ancrages territoriaux. C’est peut-être justement en s’autorisant à articuler les échelles d’analyse que l’on appréhende le mieux les significations multiples dont se parent les lieux ; lieux ancrés – lieux de projections. Dans ce sens, les parcours touristiques que la Municipalité de Tel-Aviv propose depuis quelques années à Florentin, sont significatifs. En effet, deux visites sont organisées dans le quartier, chacune, de part et d’autre de l’ancienne frontière ! La première, « le réveil de Florentin » propose « la visite de l’un des vieux quartiers de Tel-Aviv qui ces derniers années est un plein renouveau. Les nouveaux immigrants vivent côte à côte avec les plus anciens, les étudiants et les artistes, les religieux et les séculiers. Un véritable melting-pot de la société israélienne. Le tour inclut une visite du musée du LEHI102 ». La seconde « Goûts et couleurs au Sud Tel-Aviv » propose un « tour de dégustation à travers les rues du Sud Tel-Aviv, à travers les allées et les étals du marché Levinsky. Un tour entre les sacs d’épices odorantes, une usine de massepain, un kiosque à soda, un petit bourekas turc et plus ». Dans les deux cas, la mise en scène du quartier est la proposition faite aux visiteurs de se plonger l’espace d’un instant ! dans un lieu atypique, quoi que mémoriel, significatif et représentatif d’une temporalité bientôt disparue : celle des temps pionniers et incertains, mais héroïques et hauts en couleurs.

  • 103  Daber Sheni, 7 mai 1996.
  • 104  C. Bordes-Benayoun, « De la rue ethnique au vaste monde », in J. Brody (dir.), La rue, Toulouse, Pr (...)
  • 105  L. Matthey, « Si proche, si loin ! Penser les processus urbains à partir des modèles de la géograph (...)
  • 106  J. Franquesa, « Une valeur foncière d’avenir : l’identité. Le cas du centre historique de Palma (Ma (...)

24Florentin – « exotique » oui ! Mais « pas romantique »103 – inscrit, pour reprendre les termes de C. Bordes Benayoun, des référents spatiaux lointains au cœur même de la proximité urbaine104. Proximité et étrangeté se mêlent au moment où le proche procède d’un regard interprétatif, où sont traquées les traces d’autres vies possibles, voire d’existences pittoresques105. Cet « ailleurs social et historique » constitue très certainement un des moteurs de l’investissement, du réinvestissement de lieux tels Florentin. Et force est de dire que Florentin est souvent qualifié par l’emploi d’autres lieux : c’est un quartier qui serait plus européen que le reste de Tel-Aviv, Florentin serait une enclave du petit Israël disparu, Florentin est bien évidemment New-York, du côté de Brooklyn ou du Lower East Side. Cette liste non exhaustive des manières de qualifier Florentin par l’ailleurs dessine en filigranes l’idée d’exotisme. Apparaît alors en creux la question de la gentrification comme processus. Concurrentiel entre groupes d’acteurs qui, probablement moins consciemment que spontanément, « cherchent à imposer une définition du lieu conforme à leurs intérêts »106.

Figure 5

Figure 5

Les bulldozers sont en chemin [Ha’buldozerim baderekh] – Florentin 1927-2008. Florentin, 2008

  • 107  A. Bourdin, « Gentrification : un « concept » à déconstruire », Espaces et sociétés, 2008, vol. 1-2 (...)
  • 108  S. Lehman-Frisch et G. Capron, op. cit., p. 116.
  • 109  S. Lehman-Frisch et G. Capron, op. cit., p. 121.
  • 110  H. Lefebvre, op. cit, p. 75.

25En conclusion, alors que la gentrification, comme souvent la mondialisation, est perçue comme facteur d’abrasion de l’identité, par des modes de consommation uniformes, il semblerait qu’elle puisse aussi être « mise en scène de l’identité et lutte pour la définition des lieux », c’est-à-dire de leur identité. L’intérêt que suscite les quartiers anciens, et dont le potentiel se lit dans leur dégradation même « s’inscrit dans une exaltation de la valeur d’ancienneté (associée à l’histoire, à l’authenticité) qui marque un moment de la culture occidentale »107 et s’instaure peut-être « à l’échelle locale dans le lien des habitants à leur quartier »108. Ce lien, dont nombre des personnes interrogées se font l’écho à Florentin, ressort aussi d’un instant où bars branchés et clubs underground côtoient les petits commerces en voie de disparition dans le reste de la ville. Les nouveaux habitants du quartier semblent apprécier la profondeur historique que ces présences rendent visible, en même tant qu’elles transmettent « des réminiscences d’une sociabilité passée et idéalisée »109. Mais la réalité sociale est en mouvement perpétuel et si « seul le bulldozer et le cocktail Molotov » peuvent changer l’espace existant110 alors les années à venir devraient donner raison à Henry Lefebvre, penseur de la production de l’espace. Quand Florentin après avoir longtemps été, conjonction de facteurs multiples et de revers de fortunes divers, le lieu de la création d’un espace autre, annonce aujourd’hui la création d’un autre espace.

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Notes

1 « The southern parts of Tel Aviv are the poorest ones, housing, often in slumlike buildings, tens of thousands of immigrants, mostly form Afro-Asian countries, who streamed to Tel Aviv en masse in the early 1950s », article « Tel Aviv-Jaffa », Encyclopedia Judaica Jerusalem, Jerusalem, Keter Publishing House Ltd, 1972, vol. 15, pp. 916-925, p. 917.
2 Ensuite, entre 1990 et 1995, 600 appartements utilisés comme lieux de stockage ou de commerces sont reconvertis pour un usage résidentiel, voir N. Carmon, « Three generations of urban renewal policies: analysis and policy implications », Geoforum , 1999, n° 30, pp. 145-158.
3 En 1972 le quartier compte 7 123 habitants ; en 1990 il n’en compte plus que 3 150, T. Eres, Revitalization in the Central City. The Case of Florentin in Tel-Aviv – Jaffa, Thesis, Technion, Haifa, 1996, p. 88.
4 Sur les questions de revitalisation urbaine voir N. Carmon, op. cit.
5 Neve Tseddek – le premier quartier juif hors les murs de Jaffa – et la rue Sheinkin sont deux « hauts-lieux » de la Tel-Aviv d’aujourd’hui. Pourtant l’un et l’autre n’ont acquis ce statut que durant la dernière décennie.
6 Entretien avec la responsable de la planification urbaine de la municipalité de Tel-Aviv Jaffa, novembre 2005.
7 «  Florentene explores the intersection of national politics and private lives; it’s less a drama than a chronicle of urban Israeli culture », R. L. Stein, « Spatial Fantasies. Israeli Popular Culture after Oslo », Middle East Report, 2000, n°216, pp. 36-38, p. 37.
8 « Florentin » est diffusée de 1997 à 2000 sur la première chaîne commerciale du pays. Eytan Fox réalise les deux premières saisons ; Arik Rothstein, la troisième.
9 «  In 1997, Eytan Fox launched the Israeli TV drama Florentin, which followed the lives of young Tel Avivians living in the area before and after the Rabin assassination. It was then that Florentin achieved its cult-like status » , R. Attias, « Florentin: A day in the hood - not your ordinary reality show », Haaretz.com , 1 octobre 2008.
10 « external forces may act in and between several spatial scales at the same time (…), they may jump and bend among different scales », Smith (2004), cité par I. Schnell, « Shenkin as a Place in the Globalizing City of Tel Aviv », GeoJournal, 2007, vol. 69, n° 4, pp. 257-269, p. 5.
11 J. Monnet, « La symbolique des lieux : pour une géographie des relations entre espace, pouvoir et identité », Cybergeo, article 56, URL : http://www.cybergeo.eu/index5316.html.
12 « The Florentin Quarter, in the heart of Tel Aviv, is one of the most exciting parts of Israel’s non-stop city (…) Florentin is more than just a location. It is a statement », URL: http://www.florentin.com/today.htm.
13 «  Florentene is a portrait of bohemian Tel Aviv in the 1990s », R. L. Stein., op. cit., p. 37.
14 Florentin est sous la juridiction de la municipalité de Jaffa jusqu’à la conquête de cette dernière par les forces armées juives en 1948. À la suite de cette conquête, une fusion est opérée entre les municipalités de Tel-Aviv et de Jaffa le 24 avril 1949 ; et la municipalité de Jaffa en tant que telle disparaît. Suite à ce remaniement, Florentin devient un quartier de Tel-Aviv. Sur la « situation géographique » de Florentin, voir C. Rozenholc « De la frontière à la marge : Florentin. Explorations géographiques d’un quartier historique », Tsafon, 2008, n° 55, « Les cent premières années de Tel-Aviv : 1909-2009 ».
15 Ces opérations se déroulent dans un espace qui est déjà le plus dense de Tel-Aviv en terme de bâti et de population puisque contrairement au reste de la ville, et planifié en dehors de la zone urbaine de Tel-Aviv, Florentin est construit en façade continue, sans espaces verts ni lieux publics.
16 La construction de deux bâtiments rue Abarbanel a, par exemple, fait apparaître une maison arabe qui servait aux ouvriers agricoles puis, plus tard, de maison d’été à ses riches propriétaires.
17 B. Allen, F. Guérin-Pace, A-L. Humain-Lamoure, S. Lehman-Frisch et T. Ramadier, « Le quartier, un lieu investi, Introduction », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 101-104, p. 102.
18 « Il est impossible d’immobiliser l’urbain », H. Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Ed. Anthropos, Coll. Ethnosociologie, 2000, 4 e édition, p. 445
19 Tout en gardant à l’esprit la mise en garde de Lefebvre contre la « fragmentation » de l’espace social qui « sépare ce qui s’implique, disjoint ce qui s’articule », op. cit., p. 25.
20 N. Carmon, « Who Needs Neighborhood Policy? », Policy Studies Journal, 1987, vol. 16, n° 2, pp. 263-268, p. 263.
21 Le quartier Achuzat Bait est fondé à Jaffa en 1909. Un an après sa création, ce quartier est rebaptisé « Tel-Aviv ». En 2009, Tel-Aviv fêtera donc son premier centenaire.
22 « Les quartiers anciens (Nevé Tseddeq, une partie de Nevé Shalom, Ohel Moshé, Kerem ha-Temanim et d’autres encore) furent réunis à Tel-Aviv en 1923, après des négociations qui durèrent près de deux ans », Y. Shavit, Tel Aviv. Naissance d’une ville, 1909-1936, Paris, Ed. Albin Michel, Coll. Présences du judaïsme, p. 43.
23 On est ici très proche de l’analyse que font les tenants de l’École de Chicago des quartiers ou « aires naturelles ».
24 Le mot shkhuna vient de shakhen : le voisin.
25 En 1921, R. MacKenzie consacre un article à la question du « voisinage » : l’une « de nos plus vieilles institutions sociales », remise au goût des débats sur les questions urbaines… des années 20 ! MacKenzie attribue deux significations à « voisinage » : celle de proximité physique par rapport à un repère donné et celle de « familiarité de relations » entre gens vivant à proximité, « Le voisinage. Une étude de la vie locale à Colombus, Ohio », in Y. Grafmeyer et I. Joseph (trad.) (2004), L’école de Chicago. Naissance de l’écologie urbaine, Lonrai, Ed. Aubier, coll. RES, série « Champ urbain » (1 e édition 1979), pp. 213-254, p. 235.
26 H. Lefebvre, op. cit.
27 Des non-lieux interchangeables et équivalents, sur cette question voir Marc Augé, Non-lieux. Pour une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, coll. « La librairie du XX e siècle », 1992.
28 B. Allen, op. cit., p. 139.
29 Des entretiens ont été menés à Florentin, et plus largement, à Tel-Aviv entre 2005 et 2008. Des extraits de ces entretiens (en anglais et en hébreu) sont cités dans ce texte (en anglais ou en français).
30 I. Schnell, op. cit.
31 S. Tissot « Sociologie urbaine et politique de la ville : retour sur une rencontre autour des ‘quartiers d’exil’ », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 65-74, p. 69.
32 J-L. Piveteau, Temps du territoire. Continuités et ruptures dans la relation de l’homme à l’espace, Genève, Ed. Zoé, 1995, p. 224
33 E. Soja, Thirdspace. Journeys to Los Angeles and Other Real-and-Imagined Places, Oxford, Blackwell, 1996.
34 L’architecte israélien Sharon Rotbard a, le premier, formulé cette idée de la ville noire pour qualifier les quartiers du sud de Tel-Aviv – Neve Sha’anan, Florentin, Ha’tikva, Ezra et Shapira – et Jaffa, en opposition à la « ville blanche » inscrite au patrimoine de l’humanité depuis 2003.
35 S. Rotbard, « White lies, white city », Territories, builders, warriors and other mythologies, Rotterdam, Witte de With, 1986, pp. 26-40. pp. 32 et 35
36 À l’exception du terrain sur lequel est construit l’école Dorianov. L’école Dorianov est fermée depuis une vingtaine d’années et la municipalité a mis ce bâtiment à la disposition d’artistes en 1989. Le lieu fonctionne comme centre d’art  (ateliers, galerie) et depuis trois ans également comme centre communautaire.
37 Salonique est le foyer d’une des plus importantes communautés juives de l’Empire ottoman. Au moment de la révolution jeune-turque, l’enthousiasme que ce centre suscite est tel que des sionistes comme le futur Premier Ministre d’Israël, David Ben Gourion et, Izhak Ben-Zvi, le futur Président d’Israël ou encore Moshe Sharet, le futur Ministre des Affaires étrangères, viennent y étudier, E. Benbassa, Une diaspora sépharade en transition (Istanbul, 19 e -20 e siècle), Paris, Éditions du Cerf, 1993, pp. 81 et 94.
38 TAMA, DOC 8-14, H. Rabin, [ ha’shrunot ha’ivriout vemeabak atsmaoutan].
39 90 dunams. Le dunam – unité de mesure héritée de l’Empire ottoman – est l’unité de mesure utilisée en Israël.
40 Le système « musha » est issu de la régulation ottomane ; chaque propriétaire détient une part d’une parcelle collective.
41 Extrait d’un entretien avec la responsable du centre d’art de Florentin (septembre 2008). Dans le présent article, les extraits d’entretiens retranscrits en français sont issus d’entretiens en hébreu. Les extraits en anglais sont issus d’entretiens en anglais.
42 « Africa-Israel » est une compagnie israélienne d’investissements immobiliers.
43 Le quartier « raconte » à qui prend le temps de lire les traces laissées par différentes « histoires », périodes.
44 Voir N. Alfasi and T. Fenster, « A tale of two cities: Jerusalem and Tel-Aviv in an age of globalization », Cities, 2005, vol. 22, n° 5, pp. 351-363.
45 Y. Grafmeyer, « Le quartier des sociologues », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 21-31, p. 22.
46 Issacs, 1948: « people do not necessarily live where they dwell », cité par R. Kallus. et H. Law-Yone, « What is a neighbourhood? The structure and function of an idea », Environment and Planning B: Planning and Design, 2000, n° 27, pp. 815–826, p. 818.
47 J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit., p. 8.
48 « Le collectif, ce dogme très ancien du fonctionnalisme qui voudrait que « comme les habitants d’un quartier ont quelque chose en commun, ils doivent, nécessairement, avoir beaucoup de choses en commun », Gourdon J-L., « La rue comme forme », in J. Brody (dir), La rue, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2005, pp. 21-31, p. 24-25.
49 J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace « Introduction », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 7-11, p. 7.
50 M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, « L’espace urbain comme expression symbolique de l’espace social », in S. Ostrowetsky (Ed.), Sociologues en ville, L’Harmattan, Paris, 1996, pp. 155-160, p. 157.
51 « Quand je suis ici, je n’ai pas de problème, je sais que tout le monde est comme moi. Mais quand je vois les dames du nord, bien habillées, tu vois que ça n’est pas la même chose. Des fois, j’ai honte de dire que je suis de Florentin. » S., 50 ans, habite à Florentin depuis 25 ans (2008). « Je ne veux pas avoir peur dans mon propre quartier, mais ce sont mes frères qui ont attiré mon attention là-dessus (…) Certains de mes amis aiment bien me rendre visite mais ils ne viendraient jamais habiter ici », S., 30 ans, habite Florentin depuis un an (2008).
52 Ces qualificatifs sont tirés d’entretiens réalisés depuis 2005 avant des habitants de Florentin.
53 O., 40 ans, habite avec sa fille de 8 ans à Florentin depuis 6 ans (2008).
54 J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit., p. 7.
55 J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit., p. 10.
56 M. Castells, « Les milieux sociaux urbains », La question urbaine, Paris, François Maspéro, coll. Fondations, 1981.
57 J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit. p. 11.
58 J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace, op. cit., p. 9.
59 S. Lehman-Frisch et G. Capron « Le sentiment de quartier en milieu gentrifié : de San Francisco à Bogota », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 116-126, p. 123.
60 R. travaille dans une laverie automatique. Elle a 41 ans et vit dans le quartier depuis 20 ans.
61 In S. Mazzella, « Effets de quartier… à l’échelle de la rue », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 229-241, p. 229.
62 J-Y. Authier, « La question des “effets de quartier” en France. Variations contextuelles et processus de socialisation », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 206-216, p. 209.
63 R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 820.
64 R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 822.
65 A-L. Humain-Lamoure, « Le quartier comme objet en géographie », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 41-51, p. 44.
66 E. Relph, Place and placelessness, Pion ltd., London, 1976.
67 I. Schnell, op. cit.
68 R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 823.
69 R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 815.
70 R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 823.
71 R. Kallus. et H. Law-Yone., op. cit., p. 824.
72 B. Allen (2007), « Le quartier à l’articulation d’enjeux spatiaux temporels », in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, pp. 139-150, pp. 140-141.
73 A-L. Humain-Lamoure, op. cit., pp. 45-46.
74 J.Monnet, op. cit., p. 3.
75 A-L. Humain-Lamoure, op. cit., p. 46-47.
76 H. Lefebvre (1967), cité par A-L. Humain-Lamoure, op. cit., p. 51.
77 H. Lefebvre (1967), cité par A-L. Humain-Lamoure, op. cit., p. 51.
78 Selon J-Y. Authier, Y. Fijalkow et P. Philifert, il est en effet nécessaire d’associer l’« objet quartier » et l’analyse des trajectoires et des mobilités des habitants. « Le quartier : construction savante, constructions politiques. Introduction » in J-Y. Authier, M-H. Bacqué et F. Guérin-Pace (dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, Paris, Ed. La Découverte, coll. Recherches, 2007, pp. 15-19, p 16.
79 I. Schnell, op. cit., p. 3.
80 I. Schnell, op. cit., p. 1, faisant respectivement référence à Relph (1976) et Harvey (2000) ; Massey (2002) et Smith (2003).
81 J. Monnet, op. cit., pp. 2-3.
82 I. Schnell, op. cit., p. 3-4.
83 Y. Grafmeyer, op. cit., p. 22.
84 Y. Grafmeyer, op. cit., p. 25.
85 « Florentin is surrounded by ‘walls’. It is like surrounded by ‘walls’. Now it has changed but before if you wanted to see me, you had to come to Florentin. I was never going out of the ‘walls’», Entretien avec N. (2008). Elle habite à Florentin depuis quatre ans.
86 Extrait d’un entretien avec T. (2008), habite à Florentin depuis un an.
87 Benoît-Guilbot (1982) cité par Y. Grafmeyer, op. cit., p. 26.
88 Extrait d’un entretien avec L. (2008), activiste et résidente de Florentin.
89 R. Spitz, « The Florentin Quarter: A Tel Aviv Neighborhood not to be missed! », http://www.arzaworld.com/news/archive/2006/04/the_florentin_q.html , 2006.
90 D. Sekel et D. Haas, « Florentin Flavour », The Jerusalem Report, April 2, 1998, http://www.florentin.com/press1.htm.
91 cité par I. Schnell, op. cit., p. 12.
92 I. Schnell, op. cit., p. 12.
93 S. Lehman-Frisch et G. Capron, op. cit., p. 120.
94 À Florentin, le caractère traditionnellement commerçant – meubles, épices, lampes, jouets – se doublent d’une nouvelle activité économique : galeries d’art, clubs et cafés.
95 I. Schnell, op. cit., p. 18.
96 Extrait d’un entretien avec O., juin 2006.
97 Extrait d’un entretien avec M., mai 2006.
98 I. Schnell op. cit., p. 12-13.
99 Extrait d’un entretien avec L., 2008.
100 J-Y. Authier, op. cit., p. 208.
101 B. Allen, op. cit., p. 139.
102 Le musée du « Lehi » – acronyme de « combattants pour la liberté d’Israël » – retrace l’histoire de cette faction armée juive et sioniste qui, durant quelques années, se mobilise contre le Mandat Britannique en Palestine. Stern, le fondateur de ce groupe, est assassiné par les forces britanniques alors qu’il se cachait à Florentin, dans la maison aujourd’hui transformée en musée et qui se situe dans la rue qui porte son nom, la rue Stern.
103 Daber Sheni, 7 mai 1996.
104 C. Bordes-Benayoun, « De la rue ethnique au vaste monde », in J. Brody (dir.), La rue, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2005, pp. 281-293, p. 282.
105 L. Matthey, « Si proche, si loin ! Penser les processus urbains à partir des modèles de la géographie du tourisme ? », Articulo.ch – revue de sciences humaines, 2007.
106 J. Franquesa, « Une valeur foncière d’avenir : l’identité. Le cas du centre historique de Palma (Mallorca, Espagne) », in L’homme et la société, 2007, vol. 3, n° 165, pp. 45-64, p. 45.
107 A. Bourdin, « Gentrification : un « concept » à déconstruire », Espaces et sociétés, 2008, vol. 1-2, n° 132, pp. 23-37, p. 23.
108 S. Lehman-Frisch et G. Capron, op. cit., p. 116.
109 S. Lehman-Frisch et G. Capron, op. cit., p. 121.
110 H. Lefebvre, op. cit, p. 75.
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Table des illustrations

Titre Figure 1
Légende À gauche : Florentin encadré sur un extrait de carte de Tel-Aviv, échelle figurée 788 m (source : Municipalité de Tel-Aviv). À droite : Merkaz Mishari, Shrunat Volovelsky et Florentin : les trois quartiers qui constituent aujourd’hui Florentin. La ligne noire figure la frontière entre les municipalités de Tel-Aviv et de Jaffa jusqu’en 1950. De fait, et bien que construit à Jaffa, Merkaz Mishari est régi par le plan TABA 44 de Tel-Aviv. Les quartiers Volovelsky et Florentin sont, eux, régis par le plan B Yaffo.Carte : C. Rozenholc (source : archives de la municipalité de Tel-Aviv ; carte au 1:1250, Survey of Palestine, 1934, révisé en 1936, carte district du Sud – sous-district de Jaffa, feuille 125-160 7 D)
URL http://bcrfj.revues.org/docannexe/image/5932/img-1.jpg
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Titre Figure 2
Légende Florentin 2008, au fond la tour Shalom
URL http://bcrfj.revues.org/docannexe/image/5932/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 88k
Titre Figure 3
Légende « Africa-Israel42 en chemin pour détruire Florentin 1927-2008 »[Africa-Israel ba derekh laaros Florentin 1927-2008], Florentin, 2008
URL http://bcrfj.revues.org/docannexe/image/5932/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 28k
Titre Figure 4
Légende « Je me bats pour le futur de Florentin » [Ani nelkham al atid Florentin]. Florentin 2008
URL http://bcrfj.revues.org/docannexe/image/5932/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 56k
Titre Figure 5
Légende Les bulldozers sont en chemin [Ha’buldozerim baderekh] – Florentin 1927-2008. Florentin, 2008
URL http://bcrfj.revues.org/docannexe/image/5932/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 46k
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Pour citer cet article

Référence électronique

Caroline Rozenholc, « Entre exotisme et nostalgie », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem [En ligne], 19 | 2008, mis en ligne le 17 mars 2009, Consulté le 27 février 2014. URL : http://bcrfj.revues.org/5932

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Auteur

Caroline Rozenholc

Caroline Rozenholc est doctorante au laboratoire Migrinter (CNRS–Université de Poitiers), chargée de cours (à l'Université de Poitiers). Elle poursuit actuellement ses recherches sur les questions d’identité et d’espace, dans le cadre de sa thèse de géographie intitulée « Florentin : un lieu dans la mondialisation. Analyse des transformations socio-urbaines d’un quartier sud de Tel-Aviv (2005-2008) » sous la direction de W. Berthomière et d’E. Ma Mung. En 2008, elle a publié « De la frontière à la marge. Florentin : explorations géographiques d’un quartier historique » dans le numéro 55 de la revue Tsafon, consacré aux « cent premières années de Tel-Aviv » et (avec William Berthomière) « ‘Qui n’a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d’un monde qui (…) débuterait avec les intentions ?’ : La rue comme figuration de formes ‘d’être au monde’ (sud Tel-Aviv, 2005-2008) », http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00344665/fr/.
Caroline Rozenholc is a PhD student at Migrinter (CNRS-University of Poitiers). Her PhD project, under the supervision of W. Berthomière and E. Ma Mung, addresses the questions of identity and place, in times of globalization. It is entitled “Florentin: a place in the globalization. Analysis of the socio-urban transformations of a neighborhood of South Tel-Aviv (2005-2008)”. On this matter, she has recently published “From the border to the margin. Florentin: geographical explorations of an historical neighborhood”, Tsafon, “The first 100 years of Tel-Aviv”, 2008, n°55 and (with W. Berthomière), “‘Who didn’t dream, hanging round the boulevards of the city, of a world which (…) would start with the intentions?. The street as a figuration of the ways of being ‘to the world’ (South Tel-Aviv, 2005-2008)”, http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00344665/fr/

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