It is the cache of ${baseHref}. It is a snapshot of the page. The current page could have changed in the meantime.
Tip: To quickly find your search term on this page, press Ctrl+F or ⌘-F (Mac) and use the find bar.

Le fonds Gabriel Tarde au CHEVS
Navigation – Plan du site
Les criminologiques de Tarde
Partie 1. L'actualité de Tarde en son temps

Le fonds Gabriel Tarde au CHEVS

Usages et enjeux des ressources archivistiques en histoire 1
Louise Salmon

Résumés

Le fonds d’archives « Gabriel Tarde » déposé au CHEVS nous permet de mieux saisir l’érudit autodidacte que fut Gabriel Tarde. De la genèse de sa pensée à ses réseaux de sociabilité, de l’homme de sciences à l’homme de lettres, ses archives témoignent à la fois des usages et des enjeux des ressources archivistiques en histoire, mais elles permettent surtout un renouvellement du regard sur Gabriel Tarde en l’inscrivant au cœur de son temps que fut la fin du XIXème siècle.

Haut de page

Texte intégral

  • 2  « Si nous n’allions chercher dans le passé que ce qui nous ressemble, si nous n’y découvrions que d (...)

1Il est vrai qu’aujourd’hui, Gabriel Tarde réveille un intérêt qui lui fit défaut tout au long du XXème siècle, mais sa figure d’homme d’intuition érudit semble plus être le prétexte à une instrumentalisation au travers d’une recherche de filiation2 pour légitimer des positions intellectuelles et nourrir des querelles universitaires de disciplines se délimitant bien dans le champ des sciences sociales que d’une réelle appréciation de son œuvre globale. Cette instrumentalisation politique se manifeste surtout pour alimenter une lutte et un dépassement de la pensée structuraliste issue de Durkheim - au point que l'on a parlé de « tardomania » (Mucchielli, 2000, 57-88) au moment d'une réédition de ses œuvres complètes -.

  • 3  CHEVS, centre d’archives privées de la Fondation Nationale des Sciences Politiques à Paris. Don de (...)

2Mais la pensée de Tarde dépasse largement la controverse. Ses archives déposées au Centre d’Histoire de l’Europe du Vingtième Siècle3 permettent une critique de la représentation historique, de l’historiographie liée à Tarde ; elles révèlent un érudit dont la pensée semble beaucoup plus cohérente que le morcellement dont elle a tendance à être sujette aujourd’hui. Ce n’est que sa postérité qui le présenta comme un intellectuel pluridisciplinaire et qui dissocia son système de pensée de son unité originelle au gré des disciplines et des diverses instrumentalisations.

3Ainsi, alors que la pensée de Tarde est utilisée de manière politique en fonction des querelles universitaires contre le structuralisme et réduite à son conflit avec Durkheim, le fonds Tarde témoigne d’une contradiction entre l’homme à travers ses archives et à travers sa postérité. Cette constatation, que tout chercheur peut faire en consultant les archives Tarde révèle les usages et les enjeux cristallisés depuis un siècle autour de cet érudit.

4Il nous est alors apparu nécessaire de ne plus concevoir et saisir la pensée de Gabriel Tarde comme une « pensée-tiroir », autrement dit de ne plus étudier ses théories en fonction d’un seul et unique point de vue « disciplinaire ». Et ce pour trois raisons.

5Tout d’abord, et c’est la raison la plus évidente, afin d’éviter un morcellement de la pensée de Tarde qui, sans que nous ne prônions une cohérence totale de cette dernière qui nous semble tout aussi illusoire, ne nous paraît pas ajustée à la réalité historique de Tarde. Ensuite, et cette raison découle de la première, il serait anachronique d’étudier Tarde en fonction de disciplines qui n’existaient pas encore en tant que telles à la fin du XIXème siècle – de même qu’il serait historiquement faux de parler de pluridisciplinarité pour cette époque. Enfin, étudier la pensée de Tarde ne revient pas à l’analyser à un moment donné mais à l’appréhender de manière globale pour en saisir l’historicité.

6Nous allons aborder les archives de Gabriel Tarde en nous intéressant à deux aspects en particuliers : dans un premier temps, l’aspect de l’usage des archives, soit du fonds Tarde à proprement parler et de son classement ; puis, dans un second temps, l’aspect des enjeux, plus important et problématique, soit une mise en perspective de la figure de Gabriel Tarde au travers de ses archives.

Usages : Archives et écriture de l’histoire, le fonds Gabriel Tarde

7Afin de présenter le fonds Gabriel Tarde à proprement parler, nous en exposerons tout d’abord une description à travers son volume et des éléments de son contenu, et enfin les techniques et les principes de classement qui ont été adoptés.

Critique externe du fonds

8Le volume et les éléments du contenu du fonds sont importants pour appréhender concrètement l’envergure des archives. Dans sa totalité le fonds représente 97 cartons dont la cote scientifique représente les initiales du prénom et du nom soit GTA 1, GTA 2, etc…

9Plus précisément, le contenu du fonds est composé de : notes de travail, notes du ministère de la Justice, manuscrits de cours et conférences, manuscrits d’ouvrages, manuscrits d’articles et de comptes rendus, écrits littéraires : poèmes et comédies, carnets, articles et argus de la presse, correspondances.

10Il en résulte un ensemble d’archives dont le métrage linéaire est de 9,5 mètres. Face à un tel fonds, le classement des archives, autant que la recherche en histoire, répond à des exigences fondées sur des informations précises, exactes et une rigueur de scientificité.

Démarche de classement 

11Dans le cas du fonds Gabriel Tarde, la démarche de classement ne fut pas une évidence en soi. Comment en préserver l’identité et l’authenticité tout en le rendant accessible de la manière la plus pertinente aux chercheurs ?

12Pour les notes de travail, qui constituaient le cœur-même du fonds, deux classements antérieurs se présentaient à nous : celui de Tarde lui-même qui rassemblait et organisait ses notes dans des chemises marbrées elles-mêmes étiquetées, et celui de Jean Milet qui avait travaillé directement sur les notes de Tarde au manoir de Laroque Gageac (Dordogne) et à Paris dans l’appartement de Mme Bergeret pour sa thèse publiée en 1970 chez Vrin (Milet, 1970). Dès lors, la question qui se posa fut celle-ci : les liasses formées par l’Abbé Milet sont-elles à l’origine celles formées par Tarde, ou a-t-il lui-même remanié les notes de Tarde en fonction de ses propres recherches ? Il fut convenu que le classement de Tarde devait être respecté et intégré comme tel dans l’inventaire final et que celui de Milet devait être refondu en un autre classement, plus objectif, c’est-à-dire chronologique.

13Si ce classement chronologique a pu être envisagé et appliqué, c’est grâce à la datation systématique par Tarde de ses notes. Celles-ci se présentent sous la forme de feuillets doubles ou libres d’un demi format écolier regroupés par thèmes dans des petites chemises elles-mêmes du même format, datées et titrées.

14Dès lors, l’inventaire des notes de Tarde reflète ces deux classements : celui de Tarde qui se révèle être thématique, et celui du CHEVS, chronologique. Il est donc important de systématiquement se référer aux deux classements afin d’avoir une information précise et complète sur un point de recherche.

15Du point de vue qui nous intéresse, qu’est-ce que les archives de ce fonds nous apprennent de leur auteur, soit Gabriel Tarde ?

Enjeux du fonds: Gabriel Tarde au travers de ses archives

16Si chaque fonds d’archive est unique, c’est tout d’abord parce que chacune des pièces le composant est unique, ce qui détermine l’intérêt historique de l’archive en tant que telle ; mais c’est aussi et surtout car il est à l’image de celui ou celle qui lui a donné une raison d’être. C’est pourquoi, dans le cas du fonds Gabriel Tarde, plus que l’unicité et l’intérêt historique des documents, c’est ce qu’il reflète et traduit de Gabriel Tarde qui nous intéresse et que nous nous efforçons de mettre en lumière.

17Dans un premier temps, nous verrons que les archives reflètent l’élaboration et la genèse du système de pensée de Tarde ; puis dans un second temps, nous étudierons ses écrits littéraires qui révèlent l’homme de lettres qu’il était ; enfin, dans un troisième temps, afin de mieux saisir Tarde en son temps, nous survolerons sa riche correspondance en faisant émerger ses divers réseaux de sociabilité.

Gabriel Tarde : genèse de sa pensée

18La genèse de la pensée de Gabriel Tarde se manifeste à la fois par une ébauche et une énonciation précoce de son système de pensée, une pratique d’écriture qui se caractérise par une reprise perpétuelle de ses notes, et enfin par une politique de publication irrégulière.

Ébauches et énonciation du système de pensée de Tarde

19À travers son journal personnel, ses notes de travail, Tarde formule ses principales idées à l’écart des cercles d’intellectuels. Les principaux fondements de son système de pensée apparaissent très tôt, ils sont nourris de nombreuses lectures et mis à l’essai dans des articles qui sont ensuite repensés, développés dans des études plus systématiques.

20« De fait, mes idées principales se sont formées bien longtemps avant leur publication. Un de mes anciens collègues de Ruffec se souvient très bien que je lui ai souvent exposé, dès 1874 ou 1875, ce qu’il a lu depuis plus développé dans mes ouvrages… entre vingt et trente ans, mon système d’idées a pris corps » (Tarde, 1904).

21Quelles sont ces ébauches et ces énonciations de son système de pensée ?

  • 4  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 58, Poèmes « pensées-mêlées » « pensées détachées » 1864-1868. (...)

22Dès avril 1866, Gabriel Tarde développe un intérêt pour l’infinitésimal et un positionnement contre le positivisme et les théories organicistes : « avril 1866. Ils excluent, rejettent ; de quel droit ? Pourquoi sur des millions d’âmes, n’en connaissant que mille à peine, prétendez-vous les définir toutes ?…- L’humanité diffère de l’animalité en ceci surtout que la connaissance des individus y est plus importante que celles des races… - Bannissez du vestibule de la Science l’antique inscription : « Le général et non l’individuel est l’objet de la science ». (…) Ne croyez pas qu’il soit plus méritoire et plus scientifique d’avoir défini le peuple français en général que d’avoir donné une bonne définition de Racine ou de Voltaire »4.

  • 5  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 58, Poèmes « pensées-mêlées » « pensées détachées » 1864-1868 . (...)

23Entre 1868 et 1879, Tarde lit les écrits philosophiques de Leibniz et formule sa « néo-monadologie » : « Oui l’homme est libre… Mais cette liberté n’est pas un terme, elle n’est qu’un moyen et une condition. Par elle, il faut que l’homme organise ce qui est en lui à l’état de chaos : son être invisible et intérieur, son esprit, son cœur, son âme. De cet encombrement de sensations confuses et contradictoires qui se pressent dans son intelligence en désordre, il faut qu’il fasse un système régulier, ou du moins un essai de coordination et de système… De ce tiraillement de désirs contraires qui le sollicitent dans tous les sens, il faut qu’il fasse naître une calme et ferme impulsion, inflexible et constante »5.

  • 6  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 2.
  • 7  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 39, « Notes sur les fondements du système, juillet-août 1878 ». (...)

24De fait, très tôt, Tarde exprime une volonté d’élaborer un système de pensée qui lui est propre. Certaines de ses notes sont ainsi intitulées « Essentiel pour les bases du système »6, ou encore « Notes sur les fondements du système, juillet-août 1878 » 7.

  • 8  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 2, 1879, « Sur la Répétition (1879 surtout) ». 

25Entre 1875 et 1880, Tarde énonce la triade - Répétition (imitation), Opposition (différence), Adaptation (invention) - qu’il récapitule dans Les Lois sociales en 1898 : « Le feuillage est à la fleur ce que l’imitation est à l’invention. La fleur est une invention, une découverte végétale, accomplie par l’union et l’accord de ces longues et nombreuses répétitions périodiques qu’on appelle les feuilles, janv. 1876 »8.

Pratique d’écriture : une reprise perpétuelle de ses notes

26La richesse et la densité du fonds d’archives nous enseignent aussi beaucoup sur les pratiques d’écriture de Tarde. Il s’en dégage une volonté de conserver et classer ses documents, ses notes de travail afin de les retravailler sans cesse. Ainsi, ses notes anciennes sont souvent reprises et complétées. C’est ce remodelage et la systématisation de ses idées qui en découlent qui lui ont parfois valu des critiques à cause des discordances et des répétitions.

27Concrètement, quelles sont les pratiques d’écriture et plus largement les méthodes de travail de Tarde ? L’exposition des quelques meubles du manoir de Laroque-Gageac lui appartenant permettent déjà de nous présenter un érudit écrivant debout et ayant ainsi un bureau ajusté à cette technique de travail qui lui était propre.

28De même, les archives nous apprennent que Gabriel Tarde classe ses notes et compose des petites chemises sur lesquelles il précise si les notes ont été utilisées ou non, s’il y a encore des idées à en extraire : « utilisée », « utilisée en majeure partie », « beaucoup à utiliser encore », « à utiliser encore », « à classer », « non-utilisée ». Ces mêmes chemises regroupent pour la plupart les notes de diverses périodes.

  • 9  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 58, Poèmes « pensées-mêlées » « pensées détachées » 1864-1868.  (...)

29Un exemple très probant peut être celui-ci : sur une note datant de 1865, Tarde écrivit ceci « le hasard fait qu’aujourd’hui 29 septembre 1898, je tombe sur cette note écrite il y a 33 ans et qui traite d’un sujet que je viens de traiter abondamment ces vacances ». Ce sujet que Tarde « viens de traiter abondamment » est celui de la conversation en tant que fait social. De fait, il n’est pas surprenant que Gabriel Tarde dans son article sur la conversation repris dans son ouvrage de 1901, L’opinion et la foule, (Tarde, 1989, 126, 132) utilise la métaphore du feu qu’il avait formulée dans ses notes de 1865 : « Dans le feu de la conversation, les uns sont bûches, les autres flammes. Quelques personnes, non les moins méritantes se contentent de rôle de pincettes. Elles attisent [sic], remuent, mettent de l’ordre, empêchent l’incendie »9.

30Si Tarde reprenait régulièrement ses notes de travail, il faisait de même pour ses ouvrages qui étaient le plus souvent composés d’articles déjà parus. Une question se pose cependant à nous : publiait-t-il seulement des fragments d’un ouvrage en cours de rédaction ou, à l’inverse, reprenait-il des articles publiés ou non pour composer ses ouvrages à l’image d’une « bâtisse à pierres sèches » ?

  • 10  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 2 « Essentiel pour les bases du système », juillet 1873.

31Ainsi cette conservation et réutilisation par Tarde de ses notes traduisent à la fois une démarche intellectuelle très avide de connaissance et très méticuleuse. Lui-même n’estime-t-il pas dès juillet 1873 « que, pour arriver à une idée nouvelle, vraie ou fausse d’ailleurs, un savant, un philosophe doit préalablement se nourrir de toutes les idées et de tous les faits découverts avant lui » 10. Sans que nous ne nous attachions à lui construire une cohérence a posteriori, le fait que sa pensée fut jugée de « fragmentaire » et de « dispersée » est en partie probablement dû à sa méthode de travail. Cette méthode s’illustre par ses nombreuses petites chemises de notes s’accumulant au fur et à mesure des années, qui, tout en nourrissant une pensée riche, traduisaient une certaine difficulté à les mettre en forme.

32Ainsi, Tarde « est peut-être plus littéraire que scientifique. Il raconte sa pensée plutôt qu’il ne l’explique ; et il la raconte comme elle lui est venue. Au lieu d’attendre qu’elle soit éclose et mûre pour l’exprimer logiquement, il la laisse éclore sous sa plume, il note sur le papier le travail de ses idées, si l’on peut dire » (Tarde, 1909 in LEPENIES, 1990, 54). Nous reviendrons sur cette question, Tarde homme de lettres, plus loin.

Politique de publication

33Quant à la publication des premiers écrits de Tarde, le sociologue Ian Lubek (Lubek, 1981) remarque aussi des retards et un décalage certain entre l’énonciation et la publication des idées de Tarde. Ian Lubek parle d’un manuscrit sur la Différence universelle rédigé en 1870 ; dans le fonds Tarde, il existe bien un écrit du même titre mais datant d’avril 1877, et il semble qu’il fut repris et publié dans Essais et mélanges sociologiques, paru en1895, sous le titre « La variation universelle ».

  • 11  Il est à nouveau publié, mais cette fois-ci à titre posthume, en 1910 sous forme d’article dans la (...)

34De même, le manuscrit intitulé Les existences conditionnelles ou les possibles non réalisés et rédigé en mars 1874, est publié dans le même ouvrage en 1895 sous le titre Les possibles11.

  • 12  Bibliothèque Victor Cousin, FB791/ 420 – Lettre du 16 septembre 1900, La Roque-Gajac, adressée à Xa (...)

35Citons encore un manuscrit de jeunesse sur le principe de la causalité écrit en 1874 et intitulé L’action des faits futurs. Il fut soumis par Tarde à Xavier Léon de la Revue de métaphysique et de morale, et parut remanié sous le même titre en 1901 (Tarde, 1901) : « Cher Monsieur, je vous assure que, dès que cela me sera possible j’aurai grand plaisir à vous envoyer un article pour la Revue. Je verrai si quelque partie de mon cours pourra être utilisée pour cela. Mais peut-être me déciderai-je à vous envoyer un très ancien travail que j’ai retrouvé il y a quelques mois (sur la nature de la causalité) et que je n’ai jamais eu l’occasion de publier. Cela s’éloigne de mes idées actuelles, aussi serai-je obligé – si je me décide à cette publication – de prévenir le lecteur de sa date ancienne et des changements survenus dans les idées de l’auteur»12. Il fut aussi publié sous forme d’ouvrage la même année chez Armand Colin.

  • 13  Uchronie : (du grec ou, non et kronos, temps) utopie appliquée à l’Histoire ; l’Histoire refaite lo (...)
  • 14  Cet écrit original est plusieurs fois réédité en 1904 dans les Archives d’anthropologie criminelle (...)

36Un autre exemple peut être celui de l’uchronie13, Fragments d’histoire future, écrit en 1884 et que Gabriel Tarde publie sous forme d’ouvrage chez les éditeurs Giard et Brière en 1896 (Tarde, 1896a) et sous forme d’article dans la Revue Internationale de Sociologie (Tarde, 1896b)14.

37Dès 1880, certains thèmes relatifs à l’imitation apparaissent dans des articles de Tarde - on peut remarquer une chemise de notes de Tarde datée de 1882 intitulée « Imitation » « à joindre à la transformation en chapitre de mes articles sur l’archéologie et la statistique devenues lois de l’imitation » - mais son ouvrage sur le sujet ne paraîtra qu’en 1890 en partie du fait du retard lié aux décisions de l’éditeur.

  • 15  « Je suis tout à fait de votre avis ; il vaut mieux publier un premier volume avec titre distinct e (...)
  • 16  Pour une étude de la réception des deux ouvrages, voir Lubek, 1981.

38Ian Lubek souligne bien ce point ainsi que la solution alors proposée par Tarde lui-même15, et non par Alcan, de publier l’ouvrage en deux parties distinctes pour des soucis de financement et de diffusion auprès du public, la première étant proposée en 1887 sous le titre La psychologie sociale, essai sur la science des sociétés, autre titre Les lois de l’imitation, et la seconde intitulée La logique sociale. Les lois de l’imitation sont donc publiées en 1890 avec le succès que nous leur connaissons et qui participa grandement à l’établissement de la notoriété de Tarde, alors que La logique sociale ne parut qu’en 1893 avec beaucoup moins d’impact sur le public16. La correspondance entre Tarde, Ribot et Alcan de août à septembre 1887 relate les étapes de cette décision.

  • 17  Bibliothèque Victor Cousin, FB791/ 410-411 - Lettre du 13/09/1893, La Roque-Gajac, à Xavier Léon. (...)

39Une lettre de Tarde à Xavier Léon en 1893 confirme bien sa décision de publier en deux parties distinctes Les lois de l’imitation et La logique sociale le présente contraint à hâter la rédaction pour publier ce dernier : « Monsieur, (…) à vrai dire, quand j’ai songé à publier mes Lois de l’imitation, je me proposais d’abord de publier en même temps, comme second volume, ma logique sociale, dont j’ai fait, depuis, imprimer des fragments. En ce moment, je travaille à rejoindre et à compléter cela, mais la difficulté de la tâche - jointe aux retards causés par mon travail professionnel ou ma santé instable – me fait toujours reculer la perspective du terme de ce labeur. Je finirai, je crois, par composer un simple volume de fragments, sorte de bâtisse à pierres sèches. Et encore ne sais-je si je l’oserais ? (…) »17.

40Ce qui d’une certaine manière peut aussi expliquer le moins bon accueil avec lequel fut reçue La logique sociale, dû autant à la publication antérieure de passages qu’à la composition fragmentaire de l’ouvrage.

41Quoi qu’il en soit, Tarde semble poser les fondements de son système de pensée assez précocement comme en attestent ses notes de travail nombreuses et denses, la publication tardive de certains de ses écrits peut en être un indice. Cependant, il semble que ses obligations professionnelles et sa formation intellectuelle propre à un autodidacte ne favorisèrent pas non plus une énonciation construite de ses idées.

42À la genèse de sa pensée, Gabriel Tarde s’affirme comme un savant, un homme de sciences d’intuition. Pourtant, ses nombreux écrits littéraires le présente comme un homme de lettres à la sensibilité exacerbée.

Gabriel Tarde, homme de lettres : les écrits littéraires

43Les archives privées ont cela de méritoire : elles mettent en exergue des zones d’ombre, des facettes de la personnalité peu connues et peu mises en avant. Dans le cas de Gabriel Tarde, il s’agit de ses écrits littéraires.

44Il est bon de rappeler que le premier ouvrage publié par Tarde est un recueil de poèmes intitulé Contes et Poèmes, en 1879 chez Calmann-Lévy. Mais il rachète dès l’année suivante toute l’édition alors qu’il rencontre Théodule Ribot et que son premier article, « La croyance et le désir, la possibilité de leur mesure », est publié dans la Revue philosophique (Tarde, 1880). Serait-ce, comme le suppose Jacqueline Carroy (Carroy, 1993, 135), pour effacer des traces de ses déchirements de poètes avant de s’engager dans une carrière d’intellectuel et de savant ? Par la suite, Tarde continuera à écrire et publier quelques œuvres littéraires, surtout des comédies, bluettes et pochades en vers ou proses mais uniquement dans de la presse régionale telle que Le Sarladais ou Le Glaneur, ou dans la Revue du siècle à Lyon ; les distinguant bien ainsi de ses écrits savants publiés pour la plupart chez l’éditeur Alcan à Paris. Il semble cependant, d’après sa correspondance, qu’il ait fait lire quelques-uns de ses poèmes à certaines femmes qui lui étaient proches telles l’écrivain et amie Camille Bruno, Arvède Barine... Mais le Tarde artiste et poète semble bien être très peu connu comparativement à son œuvre intellectuelle. Entre l’art et la science, comme le remarque très pertinemment Jacqueline Carroy dans son étude sur les personnalités multiples, les archives de Tarde réhabilitent l’artiste, l’homme de lettres.

45Tout d’abord, d’un point de vue strictement quantitatif, les écrits littéraires de Tarde représentent 6 cartons, soit 8% des manuscrits (nous n’y incluons pas les carnets, l’argus et la correspondance), ce qui n’est pas négligeable.

46Autre point important, les premiers poèmes de Tarde datent des années 1850. Ils se révèlent ainsi comme étant les premiers écrits de Tarde à proprement parler, les premières notes de travail et de réflexion datant de 1860 pour des notes sur le Traité de officiis et de décembre 1869 pour des notes Sur l’attention.

47De fait, les premiers écrits et le premier ouvrage publié de Tarde sont des poèmes. Pouvons-nous simplement expliquer ce point par une sensibilité exacerbée liée à l’adolescence ou le considérer plus sérieusement comme une facette moins connue, moins mise en avant sur la scène publique de la personnalité de Tarde ? Le choix de publier ses Contes et poèmes en 1879 traduit bien l’importance et la considération particulière qu’il porte à ses écrits littéraires, même s’il semble, tout du moins en apparence, les renier en rachetant l’édition. L’étude de Jacqueline Carroy met en exergue la lutte entre le savant et l’artiste, et la difficulté pour ce dernier de s’affirmer face au savant devenu célèbre. La constance de la production de ses écrits durant les années 1850 à 1890, même si ceux-ci changent de formes et de natures – ce ne sont plus des poèmes, mais des comédies, des bluettes… -, attestent cependant d’une fidélité à l’artiste. Le fait que Tarde préfaça le roman La fin d’une amante publié en 1902 chez Calmann-Lévy de Camille Bruno renforce ce point.

48Entre homme de lettres et homme de sciences, Tarde semble hésiter ou plutôt en tirer une particularité qui le distingue des autres savants et hommes de lettres. Comme l’exprime très bien Wolf Lepenies, « Gabriel Tarde réunissait, à un degré encore inconnu même en France, la force intellectuelle du philosophe et la sensibilité du poète » (Lepenies, 1990, 53).

49La publication sous forme d’article de son uchronie, « Fragments d’histoire future », dans la Revue internationale de sociologie de René Worms en 1896, est dès lors symptomatique. Tarde la présente comme une « fantaisie sociologique » (Tarde, 1896b). Selon Wolf Lepenies, « le roman de Tarde anticipe le conflit des sociologies dans la Troisième République et le débat entre les deux idéaux pédagogiques – à savoir l’orientation sociologique, d’une part, et littéraire, d’autre part – qui a marqué la réorganisation de la Sorbonne et de tout le système français de l’éducation publique vers le tournant du siècle » (Lepenies, 1990, 56). Cependant, si cet écrit fut bien accueilli par les gens de lettres, il le fut moins des savants. Célestin Bouglé – je m’appuie toujours sur l’ouvrage et les références de Wolf Lepenies – précisa qu’il s’agissait bien « là de l’œuvre d’un brillant sociologue qui avait jadis inauguré sa carrière en poète et se donnait maintenant le plaisir de ‘concurrencer un Morris ou un Wells’ » (Bouglé, 1896, in Lepenies, 1990, 56).

  • 18  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, Correspondance, GTA 85, lettre de G. Paul-Boncour, 23 mai 1899.

50Mais, Tarde, poète, homme de lettres, fut critiqué avec ses propres armes sur le style de son écriture jugé « extrêmement ambitieux et tordu » par Lucien Herr (Herr, 1891, in Lepenies, 1990, p.56), sur sa « plume parée de tout le charme dont elle est coutumière » selon Paul-Boncour18 et de ses « volées ».

51Car c’est surtout l’homme de sciences qui fut reconnu et qui acquit sa notoriété avec des ouvrages savants tels que Les lois de l’imitation (1890). Gabriel Tarde, alors qu’il est nommé Chef du Bureau de la Statistique Judiciaire au ministère de la Justice par le Garde des Sceaux Antonin Dubost en janvier 1894, se révèle être un homme de salons assidu, entretenant ses relations et ses cercles de sociabilité.

La correspondance : Tarde et son temps

52Afin de saisir les réseaux de sociabilité d’un point de vue historique, la correspondance de Gabriel Tarde, représentant 13 cartons sur 97 du fonds, nous permet de l’inscrire dans son temps à travers ses diverses relations.

53Tout d’abord, nous pouvons distinguer le réseau des proches et des amis de Tarde qui, pour la plupart sont d’origine de Sarlat ou de la Dordogne plus généralement dont Joseph Archambeaud, Xavier de Boysson, Baronne de Bastard, Jules Borde, Escande, Fourel de la Laurencie, René de Gérard, Émile Lacroix, Lafon de Fongaut, Henri Lasserre, Liégeois, Jacques de Maleville, Montméja, E. Playoult, Roussarie.

54D’un point de vue disciplinaire, plusieurs cercles émergent, le plus important étant celui des juristes et des économistes – dont Émile Acollas, Émile Boutmy, Émile Boutroux, Jean Cruppi, Fernand Faure, Charles Gide, Raoul de la Grasserie, André Hallayse, Maurice Hauriou, Maxime Leroy, Adolphe Prins, Louis Proal, Saleilles, Gabriel Séailles, Paul Viollet, Maurice Yvernès, Paul Leroy-Beaulieu, Raphaël-Georges Lévy - ; puis vient ensuite celui des sociologues et des philosophes – dont Henri Bergson, Émile Durkheim, Alfred Espinas, Alfred Fouillée, Gustave Lebon, Marcel Mauss, Gaston Richard, Georg Simmel, Georges Sorel, Herbert Spencer, Ferdinand Tönnies, René Worms, Félix Ravaisson -.

55Les autres réseaux sont moins denses mais néanmoins bien présents. Ce sont ceux des publicistes et des journalistes – dont Paul Desjardins, Élie Halevy, Louis Havet, Jules Huret, Xavier Léon, Henri Mazel, Gaston Paris, Jeanne Weill -, des médecins et des criminologues – dont Henri Joly, Alexandre Lacassagne, Alfred Rivière -, des psychologues – dont Alfred Binet, Delbet, Delboeuf, Paul Dubuisson, Duprat, Théodule Ribot, Charles Richet -, et enfin celui des hommes de lettres – dont Paul Adam, Arvède Barine, Michel Bréal, Gabriel Hanotaux, Charles Maurras, Ossip Lourié, G. Paul-Boncour, Camille Bruno.

56Si nous nous attachons au point de vue des pays d’origine, il est évident que le cercle le plus large est celui de la France, cependant d’autres sont aussi très étendus tels que celui de l’Italie – dont Agnanno, Bodio, Carnevale, Napoleone Colajanni, Enrico Ferri, Garofalo, Lombroso, Achille Loria, Morselli, Paolo Orano, Adolfo Posada, Sighele, Gustavo Tosti, Filippo Turati -, puis celui de la Russie – dont Gumplovitch, Kelles-Krauz, Maxime Kovalevsky, Novicow, Raffalovich -.

57D’autres relations internationales sont aussi présentes avec l’Europe de l’est – dont Nicolas Basilesco, Ladislas Jarolimer, Oscar Jasri -, la Grande-Bretagne – dont Théodore Stanton, Richard Steel, Spencer -, les États-Unis – dont Baldwin, Giddings, Frederick Richardson -, la Belgique – dont Étienne de Greef, R. de Ryckens, Victor de Swarte -, l’Espagne – dont Imeno Agius, César Lilio -, et enfin l’Allemagne – dont Simmel et Tönnies-.

58Si nous proposons ces grilles de lecture pour saisir les cercles, les réseaux, les personnes qui entourent et intègrent Gabriel Tarde dans son temps, d’autres sont possibles car il ne s’agit pas ici d’établir un système de réseaux cohérents incorporant tous les correspondants de Tarde, mais simplement de réaliser et de comprendre un peu plus l’existence de Tarde en tant qu’acteur historique de son temps.

59Ces sources nous permettent de mieux réaliser le champ de relations et d’impact des théories de Tarde. Ses relations se révèlent être les plus grands penseurs du XIXème en sciences sociales. Il côtoyait les cercles d’intellectuels et d’hommes politiques reconnus et ces derniers estimaient l’œuvre de Tarde. Tarde eut donc de son vivant une réception, une reconnaissance de ses théories et de sa personne, même au delà des frontières de la France.

60Pour conclure, il s’agit de bien estimer la richesse et la densité de ce fonds d’archives et de se poser la question de la permanence de ce dernier : n’est-ce pas aussi dû à la conscience familiale de l’intérêt de ses papiers ? Les fils de Gabriel Tarde, notamment Alfred, exercèrent des activités intellectuelles et travaillèrent sur les notes de leur père.

  • 19  CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 58, Poèmes « pensées-mêlées » « pensées détachées » 1864-1868 (...)

61Enfin, tel que Lepenies décrit Tarde - « Tarde avait un tempérament de rebelle et d’orgueilleux autodidacte que les grands systèmes établis à son époque, que ce fussent ceux de Comte ou de Spencer, laissaient parfaitement indifférents » (Lepenies, 1990, 54) – laissons Gabriel Tarde, puisque cette étude visait surtout à le redécouvrir à travers ses archives, conclure par cette citation alors qu’il était âgé de 26 ans : « Conseils à moi-même. En un mot, pour résumer tout ce que j’ai dit : marchons mon droit chemin libre de toute influence et sans nul soucides opinions »19.

Bibliographie indicative des œuvres de Gabriel Tarde

621879 Contes et Poèmes, Paris, Calmann-Lévy, 228 pages.

631886 La criminalité comparée, Paris, Alcan, 1886, 211 pages.  

641890 Les Lois de l’imitation, Paris, Alcan, 428 pages.

65La philosophie pénale, Lyon-Paris, Storck-Maloine, 566 pages.

661892 Etudes pénales et sociales, Lyon-Paris, Storck et Masson, 460 pages.

671893 Les transformations du droit. Etude sociologique, Paris, Alcan, 212 pages.

68La logique sociale, Paris, Alcan, 464 pages.

691895 Essais et mélanges sociologiques, Lyon, Storck, 429 pages.

701896 Fragments d’histoire future, Paris, Giard et Brière.

711897 L’opposition universelle. Essai d’une théorie des contraires, Paris, Alcan, 451 pages.

721898 Etudes de psychologie sociale, Paris, Giard et Brière, 326 pages.

73Les lois sociales. Esquisse d’une sociologie, Paris, Alcan, 172 pages.

74Les lois pénales. Essai d’une sociologie, Paris, Alcan, 165 pages.

751899 Les Transformations du pouvoir, Paris, Alcan, 266 pages.

761901 L’Opinion et la Foule, Paris, Alcan, 226 pages.

771902 La psychologie économique, Paris, Alcan, 2 volumes de 383 et 449 pages.

Haut de page

Bibliographie

BOUGLÉ C., 1896, « La société sous la terre (une utopie de G. Tarde) », Revue Bleue, numéro 3, 333-336.

CARROY J, 1993., Les personnalités doubles et multiples, Paris, PUF.

HERR L., 1891, « Les lois de l’imitation », Revue d’histoire et de littérature.

LEPENIES W. , 1990, Les trois cultures. Entre science et littérature l’avènement de la sociologie, Paris, Edition de la Maison des Sciences de l’homme.

LUBEK I. , 1981, « Histoire de psychologie sociales perdues : le cas de Gabriel Tarde », Revue Française de Sociologie, numéro 22, 361-395.

MILET J., 1970, Gabriel Tarde et la philosophie de l’histoire, Paris, Vrin.

MUCCHIELLI L., 2000, « Tardomania ? Réflexions sur les usages contemporains de Tarde », Revue d’Histoire des Sciences Humaines, 3, 57-88.

TARDE G. , 1879, Contes et Poèmes, Paris, Calmann-Lévy.

TARDE G., 1880, « La croyance et le désir, la possibilité de leur mesure », Revue philosophique, tome X, juillet-décembre, 150-180, 264-283.

TARDE G., 1896a, Fragments d’histoire future, Paris, Giard et Brière.

TARDE G., 1896b, « Fragments d’histoire future », Revue Internationale de Sociologie, 4, 603-654.

TARDE G., 1901, « L’action des faits futurs », Revue de métaphysique et de morale, 2, 119-137.

TARDE G., 1902, « Avant-propos », in Bruno C., La fin d’une amante, Paris, Calmann-Lévy.

TARDE G., 1904, « Lettre autobiographique », Revue universelle, numéro 112, 333.

TARDE G., 1909, Introduction et pages choisies par ses fils, suivies de poésies inédites de Tarde, Paris, Louis-Michaud.

TARDE G., 1989, L’opinion et la foule, Paris, PUF.

Haut de page

Notes

1 Communication à la journée consacrée à Gabriel Tarde pour le centième anniversaire de sa mort lors du  colloque de l’AFC, « La criminologie de Gabriel Tarde, d’un siècle à l’autre », mercredi 8 septembre 2004, École Nationale d’Administration Pénitentiaire (ENAP), Agen.
2 « Si nous n’allions chercher dans le passé que ce qui nous ressemble, si nous n’y découvrions que des précurseurs, le seul profit serait pour notre vanité et pour la justification de recherches », in ZOURABICHVILI François, « Préface. Le pouvoir en devenir : Tarde et l’actualité », in TARDE G., Les Transformations du pouvoir, 13.
3 CHEVS, centre d’archives privées de la Fondation Nationale des Sciences Politiques à Paris. Don de Mme de Bergeret, petite-fille de Gabriel Tarde qui est aujourd’hui heureuse de pouvoir les rendre disponibles à la « curiosité » des chercheurs.
4 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 58, Poèmes « pensées-mêlées » « pensées détachées » 1864-1868.
5 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 58, Poèmes « pensées-mêlées » « pensées détachées » 1864-1868 .
6 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 2.
7 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 39, « Notes sur les fondements du système, juillet-août 1878 ».
8 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 2, 1879, « Sur la Répétition (1879 surtout) ». 
9 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 58, Poèmes « pensées-mêlées » « pensées détachées » 1864-1868. 
10 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 2 « Essentiel pour les bases du système », juillet 1873.
11 Il est à nouveau publié, mais cette fois-ci à titre posthume, en 1910 sous forme d’article dans la revue des Archives d’anthropologie criminelle sous le titre « Les possibles : fragments d’un ouvrage de jeunesse » (tome XXV, numéro 193-194) et sous forme d’ouvrage chez l’éditeur lyonnais Rey.
12 Bibliothèque Victor Cousin, FB791/ 420 – Lettre du 16 septembre 1900, La Roque-Gajac, adressée à Xavier Léon.
13 Uchronie : (du grec ou, non et kronos, temps) utopie appliquée à l’Histoire ; l’Histoire refaite logiquement telle qu’elle aurait pu être. Nouveau Larousse, tome 7, 1174.
14 Cet écrit original est plusieurs fois réédité en 1904 dans les Archives d’anthropologie criminelle (tome XIX, 565-621) et la Revue philosophique (1904, 7, 88-89), par l’éditeur Adrien Storck, à Lyon la même année. En 1905, il est traduit en anglais par Cloudesley Brereton sous le titre Underground man, avec une préface de H.G. Wells, (Londres, Duckworth, 198 pages) et cette dernière version est à nouveau publiée dans les Archives d’anthropologie criminelle (tome XX, 233 sq.) en 1906.
15 « Je suis tout à fait de votre avis ; il vaut mieux publier un premier volume avec titre distinct et faire suivre le second, comme un ouvrage indépendant et sous un titre différent », Lettre d’Alcan à Tarde, Paris, 19 août 1887, CHEVS, fonds Gabriel Tarde, GTA 44.
16 Pour une étude de la réception des deux ouvrages, voir Lubek, 1981.
17 Bibliothèque Victor Cousin, FB791/ 410-411 - Lettre du 13/09/1893, La Roque-Gajac, à Xavier Léon.
18 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, Correspondance, GTA 85, lettre de G. Paul-Boncour, 23 mai 1899.
19 CHEVS, Fonds Gabriel Tarde, GTA 58, Poèmes « pensées-mêlées » « pensées détachées » 1864-1868
Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Louise Salmon, « Le fonds Gabriel Tarde au CHEVS », Champ pénal/Penal field [En ligne], XXXIVe Congrès français de criminologie, Les criminologiques de Tarde, mis en ligne le 15 septembre 2005, consulté le 27 février 2014. URL : http://champpenal.revues.org/239 ; DOI : 10.4000/champpenal.239

Haut de page

Auteur

Louise Salmon

Doctorante en histoire contemporaine. louisesalmon@wanadoo.fr

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

© Champ pénal

Haut de page
  • cnrs
  • Logo DOAJ - Directory of Open Access Journals
  • Revues.org