It is the cache of ${baseHref}. It is a snapshot of the page. The current page could have changed in the meantime.
Tip: To quickly find your search term on this page, press Ctrl+F or ⌘-F (Mac) and use the find bar.

Angles morts de la mémoire, de brefs regards sur le contexte immédiat
Navigation – Plan du site

Angles morts de la mémoire, de brefs regards sur le contexte immédiat

Jocelyn Gadbois et Catherine Vézina

Texte intégral

1Une conception traditionnelle du temps attribue souvent au passé une qualité de prédécesseur qui institue (spécifiquement en Occident) un ordre symbolique (hiérarchique ou non) ou plus justement une ligne du temps, ancrant la mémoire dans une filiation, dans une histoire, dans un territoire et marquant l’identitaire. Cette lecture linéaire de l’antécédence demeure d’une grande importance dans la discipline historienne. La défense de sa spécificité disciplinaire repose souvent sur la mise à l’avant cet objet, quitte à maintenir les autres disciplines à l’arrière (cf. Prost, 1996). Et pour éviter le dépassement, elle devra surveiller ses angles morts.

2L’ethnologie, depuis les débuts de la discipline, s’intéresse aussi à la question de l’antécédence. Chez les évolutionnistes britanniques du début du XXe siècle, on dira par exemple que le travail de l’ethnologue se comprend dans l’écriture d’un certain passé des sociétés. Cependant, cette préoccupation pour l’antécédence ne concerne aucunement l’inscription des sociétés dans leur propre histoire ; celles-ci sont plutôt intégrées à l’intérieur d’un seul continuum d’évolution. L’antécédence est par conséquent ramenée au présent en offrant aux sociétés soi-disant évoluées un miroir sur leurs origines. Il faut comprendre qu’il y a un important enjeu derrière le fait de refuser d’écrire l’histoire de toutes les sociétés. Cette écriture aurait obligé la reconnaissance de leur identité, reconnaissance difficile étant donné le contexte colonial dans lequel s’inscrivait la production des connaissances. Ces sociétés, taxées de primitives, devaient être « sans histoire » et incarner le passé pour le présent, car elles étaient condamnées à disparaître.

3Plus francs ou plus hostiles (c’est selon) à l’égard de l’antécédence, les darwinistes sociaux, qui s’inscrivaient aussi dans le courant évolutionniste, ont voulu faire de la discipline de l’ethnologie une branche de la biologie. Pour eux, l’intérêt de se pencher sur l’antécédence des sociétés pour les comprendre est nul. Herbert Spencer le formulera clairement dans son Introduction à la science sociale en disant que mis à part quelques récits, chansons, musiques et autres fragments de la littérature orale, « [...] la chronique des tribus ne contient guère autre chose valant la peine qu’on s’en souvienne. Il en est de même des premières races historiques » (1903 : en ligne). Spencer comptait dans ces premières races les Égyptiens, les Assyriens, les Grecs. En fait, il remettait en question le rôle même de l’historien et de son intérêt pour l’antécédence en affirmant que la vérité est relative au présent. Par conséquent, l’histoire (et par extension les sociétés qui incarnent pour les évolutionnistes le passé) lui serait inutile.

4Dénoncer cette non-reconnaissance de l’antécédence n’a pas réellement constitué un cheval de bataille pour tous les critiques de ce courant, au contraire. C’est plutôt le concept de relativisme culturel qui sera mis de l’avant. Ce dernier repose sur l’idée qu’il n’existe aucune culture absolue qui a le monopole de l’humanité ou de la civilité et par conséquent, toutes les cultures se valent entre elles et doivent être comprises en elles-mêmes. Grâce à cette logique, Franz Boas insistera sur l’importance de se pencher sur l’histoire culturelle des sociétés existantes. Il s’agira selon lui de la meilleure façon de contempler la mosaïque complexe de comportements à l’intérieur d’une société (Boas in Moore et Sanders dir., 2006). Il ne s’agit en revanche pas de la seule façon de défendre le concept de relativisme culturel. À ce chapitre, le fonctionnalisme de Bronislaw Malinowski (1963 [1922]) insistera sur l’importance du synchronique pour comprendre la mécanique des organisations sociales. Dans cette approche, chaque acteur, phénomène, objet ou pratique exercera une fonction précise qui s’articule à celle des autres de manière à former un ensemble complexe, mais harmonieux. L’ethnologue n’a pas ici un rôle d’historien, mais d’observateur du présent. Si l’antécédence est placée dans un angle mort chez les fonctionnalistes, ce n’est pas par refus de reconnaissance. Elle n’est seulement pas nécessaire à l’avancement des connaissances.

5Il ne faut pas en revanche penser que l’ethnologie du début du XXe siècle se divise simplement en écoles synchroniques et diachroniques. La discipline traite de l’antécédence avec beaucoup plus de complexité, si bien que cet objet a sans doute peu à voir avec celui des historiens de l’époque, plutôt tournés vers l’histoire événementielle. Encore plus, l’un menace la cohérence de l’autre. D’ailleurs, le développement d’une ethnologie historique comme le souhaitait l’école de Marcel Mauss ne se comprend pas dans un transfert des compétences de l’histoire à la sociologie ou encore dans une transdisciplinarité. L’union n’est pas libre, consentante ou harmonieuse ; elle s’inscrit dans un contexte (historique) de concurrence où la discipline de l’histoire était en position de vulnérabilité.

6En effet, Marcel Mauss a donné (entre autres) à l’ethnologie la mission d’ « écrire l’histoire », notamment grâce à la méthodologie d’inventaire. Cette dernière permet à l’ethnologue d’enregistrer tous les produits d’une civilisation, bien définis dans sa contribution au collectif Civilisation - Le mot et l’idée(1929), pour en garder une trace (1967 [1926]). Cependant, cette mission - celle de prendre le rôle de l’historien - reste vague. On comprend, à la lecture de La Sociologie, objet et méthode, qu’elle vient corriger le travail de l’historien :

Obligé par les conditions mêmes de son travail à s’attacher exclusivement à une société et à une époque déterminées, familier avec l’esprit, la langue, les traits de caractères particuliers de cette société et de cette époque, l’historien a naturellement une tendance à ne voir dans les faits que ce qui les distingue les uns des autres, ce qui leur donne une physionomie propre dans chaque cas isolé, en un mot ce qui les rend incomparables. Cherchant à retrouver la mentalité des peuples dont il étudie l’histoire, il est enclin à accuser d’inintelligence, d’incompétence tous ceux qui n’ont pas, comme lui, vécu dans l’intimité de ces peuples. Par suite, il est porté à se défier de toute comparaison, de toute généralisation. Quand il étudie une institution, ce sont ses caractères les plus individuels qui attirent son attention, ceux qu’elle doit aux circonstances particulières dans lesquelles elle s’est constituée ou modifiée, et elle lui apparaît comme inséparable de ces circonstances (Mauss et Fauconnet, 1901 : en ligne).

7En d’autres termes, l’historien serait pris à particulariser son objet pour le traiter en vase clos, ce qui mine grandement la portée de ses résultats. Mauss et Fauconnet ajouteront que sa démarche d’explication des faits sociaux par leur antécédence est « arbitraire, nullement méthodique et par conséquent tout à fait irrationnelle » (1901 : en ligne). En fait, cette critique, composée pour assoir la mission de la sociologie au sein (sinon au détriment) des différentes disciplines, s’adressait à l’histoire événementielle, histoire qui sera particulièrement bousculée par l’École des Annales.

  • 1  L'école des Annales fait l'objet de critiques sévères à partir des années 1970. La multiplication (...)

8C’est avec elle que s’amorce un mouvement de décloisonnement de la discipline historique. Voulant rattacher l’histoire aux autres sciences sociales et se distancer de cette histoire de l’événementiel et de l’histoire-récit, le groupe d’historiens qui se rassemble autour des Annales milite pour la construction d’une histoire-problème qui puisse considérer les civilisations dans leur globalité et dans la longue durée. Les objets d’étude se multiplient et permettent dorénavant aux historiens de s’intéresser à l’histoire culturelle, sociale, économique et des mentalités en s’appuyant sur les autres sciences sociales. La discipline historique doit dès lors admettre et entretenir ses contacts avec les autres disciplines qui lui empruntent à leur tour ses objets d’étude. Selon certains critiques1, cette ouverture à l’interdisciplinarité risque de déformer la pratique historienne et la réalité historique. Il n’en reste pas moins qu’elle permet l’ouverture de la discipline à un champ élargi d’objets d’études et de méthode de reconstruction du passé.

9La création de cette école n’annonce cependant pas la fin de la concurrence des disciplines vers une coexistence pacifique, au contraire. L’antécédence demeurera, bien heureusement, un objet discuté et revendiqué. C’est dans cette optique que Daniel Fabre soutient à propos de l’antécédence des ethnologues des années 1970 : « Nous n’étions pas, sur le terrain, des historiens, nous étions même certains de vivre une expérience tout autre, d’autant que, par un acte de fondation véritablement épistémologique, nous avions choisi la parole contre l’écrit et tout particulièrement contre les écrits “locaux” » (in Bensa et Fabre dir., 2001 : 13). L’antécédence revendiquée aujourd’hui, et non pas seulement par l’ethnologie, poursuit non seulement cette mission, mais vise en plus la multiplication de la présence de l’histoire sinon la multiplication des histoires. L’objectif serait la production de lieux.

10Cette production de lieux permet l’émergence d’un acteur-clé dans l’antécédence : le témoin. Qu’il soit vivant, visuel ou virtuel, le témoin raconte de son point de vue un passé, se souvient d’un passage et peut aller jusqu’à indiquer au présent son retour, pour le dépasser ou l’engloutir. Il y a nécessité de le rétroviser pour l’observer de face, dans le contexte auquel le présent n’appartient déjà plus.

11Cette manière d’approcher l’antécédence s’oppose en fait à l’idée que la rétrovision assure seule les arrières des études sur la mémoire. Selon cette idée, un travail de critique et de croisements des sources suffit à faire cracher aux témoins toute la vérité et rien que la vérité. Cela suppose que les témoins sont nécessairement de bonne foi, en pleine possession de leurs facultés et restent bien là où ils devraient. La mémoire se présente dans cette conception comme une sorte d’entrepôt, comme un centre d’archives, permettant de conserver dans son champ de vision toutes les représentations passées que les témoins ont imaginées.

12Pourtant, le témoin, vivant ou non, ne partage pas si facilement ses représentations. Indocile, il peut mentir (consciemment ou non), pervertir son discours, le trafiquer, le façonner de manière à se mettre en valeur, négliger certains éléments, en inventer d’autres, etc. De plus, avec le temps, il dépérit, s’égare, disparait, entraînant dans sa perte une part de mémoire. Doit-on pour autant discréditer le témoin en qualité de source ? Pas du tout ; le problème est d’obliger le témoin à construire son lieu avec d’autres acteurs. L’antécédence n’est pas un objet qui se partage, d’où l’importance de produire un lieu cohérent pour le témoin. Ce lieu sera compris comme un contexte immédiat.

13Pour ce faire, un glissement de sens semble devoir s’opérer ; le contexte immédiat de la narration des témoins devient des plus importants pour assurer à l’analyste une lecture objective et objectifiable d’un fait historique. En nous inspirant des réflexions de Jean Bazin (2008), nous dirons que le rétroviseur ne fait pas que refléter une version de l’histoire, il est une fenêtre du présent sur un présent de l’histoire. Les rôles d’analyste et de témoin se confondraient-ils ? Le premier, pour se distinguer du second, devra comprendre et assumer son regard d’observateur en assumant son rôle. Mais peut-on – et c’est précisément ce sur quoi ce numéro tente de réfléchir — réellement assumer un rôle d’observateur lorsque le témoin a disparu ?

  • 2  Il faut cependant dire que nous avons d’abord lancé notre appel à contributions sous la thématique (...)

14Les articles réunis dans ce numéro de Conserveries mémorielles, sans thématique définie2, réussissent tous à leur manière à explorer cet angle mort pour restituer au témoin son contexte, son antécédence. Ils traitent tous d’une disparition des témoins vers un angle mort historique, ethnologique, sociologique, artistique, etc. Tous constatent une absence, comme si les témoins avaient été chassés ou s’étaient exclus de tout regard rétrospectif. C’est comme si les témoins avaient échoué à leur tâche de s’épargner du formatage de l’oubli. Il y a perte de mémoire, perte provoquée, bien involontaire ou simplement crainte. Néanmoins, tous les textes appellent à la réhabilitation de leur lieu. Pour ce faire, il y a nécessité de courber le regard vers le contexte immédiat, vers le court terme, pour minimalement recentrer les préoccupations sur les témoins. Ce nouveau point de vue sur ces derniers permet d’éclairer autrement leur antécédence.

15Tourner la tête pour voir ce qui échappe à la rétrospection semble dans tous les textes une manière de poser le regard de l’observateur non plus sur l’objectif (voire sur l’objectivité), mais sur l’expérience vécue (la subjectivité). De cette manière, tourner la tête permet d’incarner un autre regard, restituer à ce dernier un caractère corporel pour découvrir de nouvelles textures dans l’espace social. Il y a une certaine distance temporelle qui semble être levée : le passé devient présent. Comme le soutient Bédarida : « […] l’historien est un passeur d’une rive à l’autre, du passé au présent, du présent au futur ou, pour prendre une autre image, un traducteur – le traducteur d’un temps à un autre » (2001 : en ligne).

16Mais les traducteurs réunis ici ne sont pour la plupart pas des historiens de formation. Le champ des études sur la mémoire est traversé par plusieurs disciplines et il devient intéressant de constater comment certaines d’entre elles déplacent le regard vers le contexte immédiat afin de révéler une présence malgré l’absence de témoins. En filigrane, ils semblent vouloir rappeler à la discipline de l’histoire qu’elle n’a pas le monopole de l’antécédence. C’est sans doute grâce à cet avertissement que le témoin est sauvé du passage de l’oubli et que l’histoire reste accrochée à sa mission.

17Le premier article que nous présentons est celui de l’anthropologue et vice-présidente de l’Écomusée de l’Au-Delà, Manon Cornellier, qui se concentre sur un lieu disparu : les cimetières-jardins. Elle a, entre autres, interrogé plus de 1000 pierres tombales pour dégager une certaine mémoire funéraire québécoise. Les cimetières-jardins deviennent alors des témoins « vivants » du début de l’industrialisation de la mort. Lieux de commémoration, les cimetières-jardins pourraient donc l’être à plusieurs niveaux ; ils marqueraient non pas simplement le passage d’un vivant, mais le passage de toute une manière de vivre la mort. L’angle mort révèle une suite logique à cette industrialisation, soit la touristification des lieux de sépulture.

18La mémoire d’un territoire est aussi questionnée par l’historien Jean Moomou, qui a récemment soutenu son doctorat à l’EHESS, dans son article « Enjeux politique, mémoriel, identitaire et religieux dans les sociétés post-marronnes de la Guyane française et du Surinam : les monuments historiques ». En se penchant (non pas sur le récit, mais) sur l’utilisation des monuments historiques et les stèles dans les sociétés bushinengues, l’auteur révèle une fracture dans la transmission de l’histoire sociale, une instrumentalisation de ce passé par le politique et une preuve tangible d’acculturation. Paradoxalement, l’implantation de ces traces permanentes permet une surenchère des différentes identités locales visant la continuité, la reconnaissance et même l’affirmation par le culte, l’enrichissement, etc. S’installe alors une tension inhérente à toute commémoration ; le monument participe à écrire une nouvelle histoire, comme si elle cherchait à en faire disparaître une autre.

19La difficile réconciliation de la société uruguayenne avec son passé est analysée par l’historienne Eugenia Allier Montaño à travers la discussion sur les personnes disparues en cours depuis déjà plus de 20 ans dans ce pays ayant été marqué par les actions d’un régime civique militaire répressif. Ici aussi se confrontent diverses versions d’une même histoire et s’entrechoquent la volonté de pardon et d’oubli (que l’auteure nomme mémoire d’éloge), que met en avant une population blessée et ayant participé d’une certaine façon à l’épisode répressif, à celle de dénonciation, de justice et de réparation (mémoire de dénonciation) pour laquelle des organisations civiles et des parents de personnes disparues luttent avec acharnement.

20Disparitions cautionnées par le politique, il n’y en a pas qu’en Amérique latine. Julien Buzenet, étudiant au Master 2 (Anthropologie et Sociologie) à l’Université de Nice-Sophia Antipolis, donne l’exemple de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris. L’auteur étudie les différents facteurs expliquant l’oubli/négation/censure d’un événement particulièrement violent de l’histoire coloniale française. L’explication se trouve au carrefour du social et du politique, où le « processus oublieux » tant institutionnel qu’individuel sert comme véritable mécanisme de protection ; l’oubli n’est pas anodin et cache dans un angle mort ce qui contrevient à l’harmonie et ce qui ne pourrait offrir une résistance à l’objectif à atteindre.

21Cette nécessité de faire respecter l’ordre public par crainte des regroupements est aussi illustrée par un autre épisode historique de la ville de Paris : l’occupation des Champs-Élysées au XVIIIe siècle. Véronique Laporte, doctorante en histoire à l’Université du Québec à Montréal, trace le portrait ludique de l’espace public où le territoire devient terrain de jeux, mais encore plus, terrain d’affrontements entre une population désireuse de s’approprier le territoire par le plaisir et une administration soucieuse de faire respecter l’ordre. Jouer sur les Champs-Élysées, même s’il s’agit d’une activité qui a difficilement laissé ses traces, devient dans ce contexte immédiat un témoignage sur ce qu’était un espace public, un désordre et la manière de le gérer.

22Pour que le lieu puisse avoir une mémoire, il faut que quelqu’un le documente. Émilie Houssa, doctorante en études et pratiques des arts à l’UQAM, se penche sur les changements importants qui se sont opérés dans la consignation de l’actualité et d’une mémoire collective lors du passage des actualités cinématographiques aux actualités télévisuelles. À travers l’histoire des images d’information, elle souligne l’écart entre l’information abondante que nous recevons aujourd’hui et le processus mémoriel qui exige une lecture de l’image d’information, une réflexion qui tend à l’interpréter et à l’intérioriser.

23Cette préoccupation pour l’immédiateté du document recentre l’intérêt sur son contexte de production et, par extension, sur le rôle de producteur de documents. Dans cette optique, Nolwenn Hénaff, docteure en sciences de l’information et de la communication, propose une réflexion sur les blogs intimistes, où la proximité entre le témoin et son récit est particulièrement importante. L’auteure, pour traiter de cet angle mort qui ramène vers le soi, discute de son lien étroit avec un autre genre littéraire similaire, le journal intime. Le blog serait une forme renouvelée permettant non seulement la mise en récit de soi, mais un support pour une mémoire.

24La réflexion de Nancy Lamontagne, une artiste de la relève et maître en arts visuels à l’Université Laval, nous invite-t-elle aussi à nous pencher sur le contexte de production du document artistique, son immédiateté, mais aussi sur sa survivance à l’immédiat. Elle nous présente ainsi le cheminement et sa réflexion à la base de son travail artistique et nous propose à la fois une analyse intimiste et autoréflexive sur son œuvre, sa transcendance, mais aussi les limites de l’artiste dans la formation d’un document mémoriel.

Haut de page

Bibliographie

BAZIN, Jean, Des clous dans la Joconde. L’anthropologie autrement. Toulouse : Anacharsis, 2008.

BÉDARIDA, François, « Le temps présent et l’historiographie contemporaine » in Vingtième Siècle. Revue d’histoire. 2001, vol. 1, #69. En ligne : www.cairn.info, consulté en janvier 2010.

BENSA, Alban et Daniel FABRE, Une histoire à soi. Paris : Maison des sciences de l’homme, 2001.

BOAS, Franz, « The Aims of Anthropological Research » in MOORE, Henrietta L. et TODD Sanders dir. Anthropology in Theory. Issues in Epistemology. Malden : Blackwell Publishing, 2006, 26-35.

DOSSE, François. L’Histoireen miettes. Des Annales à la nouvelle histoire, Paris, La Découverte, 1987.

FURET, François. L’Atelier de l’histoire. Paris, Flammarion, 1982.

MALINOWSKI, Bronislaw, Les Argonautes du Pacifique. Paris : Gallimard, 1963 [1922].

MAUSS, Marcel, « Les civilisations » in Febvre, Lucien et al., Civilisation - Le mot et l’idée. Fondation « Pour la science » du Centre international de synthèse, 1929. [En ligne] Les classiques des sciences sociales : http ://classiques.uqac.ca, consulté en septembre 2010.

MAUSS, Marcel, Manuel d’ethnographie. Paris : Petite bibliothèque Payot, 1967 [1926].

MAUSS Marcel et Paul FAUCONNET, « La Sociologie, objet et méthode » inGrande Encyclopédie, vol. 30, Paris : Société anonyme de la Grande Encyclopédie, 1901 [En ligne] Les classiques des sciences sociales : http ://classiques.uqac.ca, consulté en septembre 2010.

PROST, Antoine, Douze leçons sur l’histoire. Paris : Seuil, 1996.

SPENCER, Herbert, Introduction à la science sociale. Paris : Félix Alcan, 1903.

Haut de page

Notes

1  L'école des Annales fait l'objet de critiques sévères à partir des années 1970. La multiplication des objets de la « nouvelle histoire » se voient critiquées par François Furet alors président de l'EHESS, puis par François Dosse dans son texte sur l'émiettement de l'histoire (1987). Le groupe de direction de la revue des Annales ne reste pas insensible aux critiques formulées et réagit en 1988 en annonçant un « tournant critique » par lequel les limites de l'histoire sociale quantitative de longue durée sont reconnues. L'éditorial du numéro de mars-avril 1988 de Bernard Lepetit questionne la prédominance des Annales dans la discipline et réaffirme l'identité disciplinaire, et ce, aux dépens de l'interdisciplinarité. Le changement du sous-titre de la revue en 1994 (Histoire, sciences sociales) rappelle d'ailleurs le débat qui a cours au sein de l'école des Annales.

2  Il faut cependant dire que nous avons d’abord lancé notre appel à contributions sous la thématique de la « mémoire à court terme », soit ce qui est condamné à l’oubli ou du moins, ne prétend pas vouloir passer à l’histoire. Or, et c’est précisément ce qui a orienté cette introduction, nous avons été frappés par le fait qu’il s’agissait d’un angle mort tant en ethnologie qu’en histoire ; ce qui se passe immédiatement avant l’oubli - c’est-à-dire le processus qui mène au rejet, à la dégradation, à l’abandon, à la perte - se passe, et c’est compréhensible, de commentaires savants.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence électronique

Jocelyn Gadbois et Catherine Vézina, « Angles morts de la mémoire, de brefs regards sur le contexte immédiat », Conserveries mémorielles [En ligne], # 10 | 2011, mis en ligne le 15 août 2011, consulté le 27 février 2014. URL : http://cm.revues.org/869

Haut de page

Auteurs

Jocelyn Gadbois

CELAT Université Laval

Catherine Vézina

Université Laval

Haut de page

Droits d’auteur

© Conserveries mémorielles

Haut de page
  • Logo CELAT - Centre interuniversitaire d'études sur les lettres, les arts et les traditions
  • Logo IHTP - Institut d'histoire du temps présent
  • Logo DOAJ - Directory of Open Access Journals
  • Revues.org
  •  
    • Titre :
      Conserveries mémorielles
      Revue transdisciplinaire de jeunes chercheurs
      En bref :
      Revue internationale d'études interdisciplinaires sur la mémoire
      International journal of multidisciplinary studies on memory
      Sujets :
      Ethnologie ; anthropologie, Histoire
    • Dir. de publication :
      Jocelyn Létourneau, Henry Rousso
      Éditeur :
      Conserveries mémorielles
      Support :
      Électronique
      EISSN :
      1718-5556
    • Accès :
      Open access Freemium
    • Voir la notice dans le catalogue OpenEdition
  • DOI / Références