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Eyraud Corine, Les données en sciences sociales. Du matériau brut à la connaissance des phénomènes sociaux
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À propos de livres

Eyraud Corine, Les données en sciences sociales. Du matériau brut à la connaissance des phénomènes sociaux

Paris, Armand Colin, 2008, Cursus Sociologie, 202p.
Régis Malige
p. 172-173

Texte intégral

1De nos jours, si les chiffres envahissent les débats publics, illustrent des prises de position et font souvent l’objet de “batailles” et de controverses, ils fournissent néanmoins de précieux points de repères sur l’état des sociétés et jouent un rôle essentiel dans l’objectivation des connaissances. Corine Eyraud, chercheur au laboratoire méditerranéen de sociologie de l’université d’Aix-Marseille I, nous fait entrer de plain-pied dans l’univers de la statistique et montre, en deux parties et cinq chapitres, que la compréhension et le traitement des données demeurent indispensables pour appréhender la réalité sociale contemporaine.

2L’itinéraire proposé, particulièrement rigoureux, s’inscrit tout d’abord dans une optique d’acquisition et de maîtrise minimale des fondamentaux. À partir d’exemples variés et réels (étude des populations bachelière et étudiante), l’auteur pointe du doigt les difficultés, les écueils et les limites rencontrés dans l’utilisation de chiffres bruts et nous familiarise avec les modes de calcul traditionnels et la lecture de différents tableaux. Des notions d’effectifs ou de variables aux évolutions projetées, via les taux, pourcentages, moyennes, écarts-types, corrélations, cohortes et nomenclatures, le vocabulaire de base est finement explicité et l’auteur apporte au lecteur la “panoplie” idéale pour l’interprétation de l’information. Des exercices d’application et leurs corrigés, des articles de journaux ou de revues, complètent utilement les contenus et nourrissent la réflexion. À travers la problématique cruciale de la réussite ou de l’échec à l’université et la question de la démocratisation scolaire, un pas de plus est franchi et d’autres indicateurs significatifs, de natures transversale, longitudinale, centrale ou de dispersion, sont dévoilés.

3La découverte des outils quantitatifs terminée, place au récapitulatif des enjeux rencontrés. C’est le moment pour l’auteur de nous alerter sur quelques règles à observer dans tout traitement de données, qu’il s’agisse de la pertinence des valeurs retenues, des types de calculs effectués et des comparaisons menées, de la définition et de la pluridimensionnalité de la thématique étudiée ou encore de la nature des sources utilisées. Ces “principes” de base trouvent leur mise en œuvre dans l’analyse de nombreux phénomènes. Ainsi, au plan national, la problématique “richesse et pauvreté” oriente le débat autour de la mesure de la croissance par référence au produit intérieur brut. Si celui-ci ne peut être totalement écarté, il apparait toutefois trop limité au seul aspect marchand de la société, occultant par là même d’autres critères tout aussi importants (valorisation des services, dimension culturelle de la richesse). On comprendra, dans ce cas, qu’il soit nécessaire de proposer d’autres alternatives fondées sur des conceptions plus larges de la production, intégrant l’économique, le social et l’environnement. Les mêmes difficultés d’évaluation se posent à propos du chômage, conduisant l’INSEE, sous le feu de la critique et de la polémique, à rechercher une nouvelle méthode de comptabilisation des inactifs. Enfin, la dialectique délinquance/insécurité révèle l’étroitesse du périmètre des statistiques officielles (police, justice, administration pénitentiaire) et incite à la prudence en ce qui concerne les résultats relatifs à la criminalité (rôle du chiffre noir).

4L’ouvrage se termine en donnant au lecteur les moyens d’élaborer lui-même une technique d’approche et de compréhension du social. La démarche se veut exigeante et insiste sur le processus de définition du phénomène étudié. Les exemples précis de la prière (travaux de Mauss), de la violence (scolaire ou envers les femmes) ou de la religiosité (protestantisme, catholicisme, islam) fournissent des pistes fort éclairantes, mais montrent, en même temps, la non-existence d’un procédé unique de construction. Enfin, le schéma de pensée “concept-dimensions-indicateurs”, développé jadis par Lazarsfeld, peut s’avérer très utile dans les analyses d’un même objet, mais admettant des conclusions différentes, voire divergentes.

5Au final, une publication vivante, originale, pédagogique, qui ravira non seulement les inconditionnels de la statistique, mais également les lecteurs désireux de s’immiscer dans un domaine aux enjeux sociaux très affirmés.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Régis Malige, « Eyraud Corine, Les données en sciences sociales. Du matériau brut à la connaissance des phénomènes sociaux », Recherches sociologiques et anthropologiques [En ligne], 40-1 | 2009, mis en ligne le 11 février 2011, consulté le 07 mars 2014. URL : http://rsa.revues.org/323

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Auteur

Régis Malige

Université de Franche-Comté — LASA

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Droits d'auteur

© Recherches sociologiques et anthropologiques

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