It is the cache of ${baseHref}. It is a snapshot of the page. The current page could have changed in the meantime.
Tip: To quickly find your search term on this page, press Ctrl+F or ⌘-F (Mac) and use the find bar.

Trois poètes corses
Navigation – Plan du site

Trois poètes corses

p. 117-120

Texte intégral

1On doit les traductions de ces poèmes (y compris des siens) au poète Francescu-Micheli Durazzo qui œuvre avec obstination pour la poésie corse (A filetta, onze poètes corses contemporains, aux éditions Phi ; et le numéro spécial « Poètes corses » de la revue basque Zurgai, Bilbao, avec une très éclairante préface du même). Je me suis permis une ou deux très minimes interventions dues à ma sensibilité personnelle ; elles traduisent, sous une forme moins parfaite que la sienne, mon souci de coller au texte avec une maniaquerie typiquement insulaire, qu'il me pardonnera à coup sûr.

J.L.

Ghjacumu Thiers
(Bastia, 1945)

Invilippu

                    

Enveloppe

Porghju

à I'imprubabile distinazione
a maio parte di u dubitu
è mi tengu
a lettera.

A sgrigita di a carta tagliva
in punta di a lingua
inziccata u brusgiulu.
Cusi mi tengu una stonda
a sincerità di isse parolle
ch'o un ti aghju scrittu.

Je tends

à l'improbable destination
la plus grande part du doute
et je garde
la lettre.

L'éraflure du papier tranchant
à la pointe de la langue
un peu blessée.
Ainsi je retiens un instant
la sincérité de ces mots
que je ne t'ai pas écrits.

L'arretta bianca

                    

La halte blanche

A stonda
l'arretta bianca
tutta sole tutta fretu
in i mo ghjorni
cusgita
hè spechju
duv'elli voltanu tutti i salvati
spulati per sopra à u capu.
U tempu hè frombula
pè isse tolle di nustalgia.
S'o fussi in tè, o Ulisse,
mi ne stava arrimbatu
à a fica o a l'alivu,
a pelle bianca,
u tintinnume di l'anelli,
o Nausicaa.

L'instant
la halte blanche
tout soleil toute froidure
à mes journées
cousue
est miroir
où reviennent toutes les histoires
dispersées sur ma tête.
Le temps est une fronde
pour ces boulettes de nostalgie.
Si j'étais toi, ô Ulysse,
je resterais adossé
au figuier ou à l'olivier,
une blanche peau,
le tintement d'anneaux,
ô Nausicaa.

Ghjacurnu Fusina
(L'Ortale d'Alisgiani, 1940)

A ogni cantu

                    

En chaque recoin

A ogni cantu

di u moi tempu
ci aghju una stretta
di paese
stretta stretta
chi m'aspetta
cu duie line
di silenziu
accatastatu
sottu e sopra.

En chaque recoin

de mon temps
est une ruelle
de village
étroite, étroite,
qui m'attend
avec deux rives
de silence
accumulé
dessous dessus.

Zittii !

Ferme-la !

Stà bassu
pè una volta !
Ch'io un ti senta piu
Omenu un'oretta,
alo, un minutu...
Una seconda ch'ella sia...
Mi t'arricumandu :
Basta !
Stulla à sente
una volta sola
issa lingua
ch'hé guasi spinta

Tais-toi
pour une fois !
Que je ne t'entende plus
au moins une petite heure,
allez, une minute...
Qu'il y ait une seconde...
Mais je te le demande :
Assez !
Ecoute-la
une seule fois encore
cette langue
qui est presque morte !

Francescu-Micheli Durazzo
(Paris, 1956)

Ditti di u scavapuzza

Pà Guillevic

                     

Dits du puisatier

à Guillevic

O frà chi cerchi acqua
quandu a to verga trinneca
narbosa s'arrizza
l'acqua s'apri una via
indrint'à u sambuccu
par u zirlimu.

Tandu scavu eiu
pà dà forma A a to brama.
.........................
Cio chi bruddica sutt'à u tarricciu
un ghjaci da paura o ricusu
di l'immirsioni.

Cio chi rispira sutt'à tarra
un cunnosci chè u biancumu.

Micca u spampiddulimu di l'invernu
sutt'à nevi,
ma u biancu smortu di l'ossa
è a sudachjatura di u vivu.

O mon frère chercheur d'eau
lorsque tremble ta baguette
et nerveuse se redresse
l'eau s'ouvre un chemin
dans le sureau
pour le jaillissement.

Alors je creuse
pour donner forme à ton désir.
.........................
Ce qui grouille sous l'humus
ne gît par peur ou refus
de l'engloutissement.

Ce qui sous terre respire
ne sait rien d'autre que blancheur.

Point la brillance de l'hiver
sous la neige,
mais la morte blancheur des os,
et la mucosité du vivant.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

« Trois poètes corses », Babel, 18 | 2008, 117-120.

Référence électronique

« Trois poètes corses », Babel [En ligne], 18 | 2008, mis en ligne le 18 juillet 2013, consulté le 28 février 2014. URL : http://babel.revues.org/287

Haut de page

Droits d’auteur

© Babel

Haut de page
  • Logo Laboratoire Babel
  • Logo Université de Toulon
  • Logo DOAJ - Directory of Open Access Journals
  • Les cahiers de Revues.org
  •  
    • Titre :
      Babel
      Littératures plurielles
      En bref :
      Revue de littérature comparative et multingue
      Sujets :
      Littératures
    • Dir. de publication :
      Laure Lévêque, José Garcia-Romeu
      Éditeur :
      Université du Sud Toulon-Var
      Support :
      Papier et électronique
      EISSN :
      2263-4746
      ISSN imprimé :
      1277-7897
    • Accès :
      Open access Freemium
    • Voir la notice dans le catalogue OpenEdition
  • DOI / Références