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Ouverture scientifique du colloque « Couleurs de l’architecture »
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Ouverture scientifique du colloque « Couleurs de l’architecture »

Introductory speech to the symposium ‘The Colours of Architecture’
Frédéric Didier

Texte intégral

1Le colloque qui s’est tenu à Versailles les 31 janvier, 1er et 2 février 2002 avait pour thème « les couleurs de l’architecture ». Notons au passage que ces rencontres illustrent parfaitement la double vocation de Versailles, monument historique et musée, dont l’architecture et le décor immobilier constituent la première des collections. L’Établissement public du musée et du domaine national de Versailles, qui fédère dans la même dynamique les équipes oeuvrant à la sauvegarde et au rayonnement d’un patrimoine prestigieux, reconnu au plan international par l’Unesco, développe ainsi depuis sa création en 1995 une politique d’ouverture et de diffusion culturelle qui s’exprime ici dans le domaine scientifique.

2De Stockholm à Lisbonne, de Rome à Saint-Pétersbourg, villes et campagnes offrent aux yeux du voyageur une collection de palais, demeures, châteaux et maisons dont les façades se parent de couleurs tantôt éclatantes, tantôt assourdies, qui en rehaussent l’architecture humble ou savante.

3De l’Italie à la Russie, l’Europe baroque s’affirme à l’évidence comme un véritable feu d’artifice chatoyant. Dans ce concert unanime, la France, qui préfère se qualifier de classique, fait figure d’exception culturelle, fière de son architecture de pierre affirmant la vérité de son matériau.

4Derrière ce constat simpliste, les monuments eux-mêmes demeurent un champ d’investigation dont nous sommes loin d’avoir exprimé toutes les richesses archéologiques, entravés souvent que nous sommes par le poids des idées reçues ou des fausses traditions ressassées jusqu’à la caricature.

5Le xxsiècle apparaît en ce domaine tenir un rôle ambigu, à la fois décisif et paradoxal : après avoir affiché le mépris le plus absolu de l’ornement et de la couleur sous l’influence du mouvement moderne, et sacrifié au culte du matériau brut – ce qui nous a valu des restaurations décapantes–, voici qu’il adore ce qu’il a brûlé en livrant avec délices les villes anciennes aux pinceaux des coloristes.

6Entre ces deux extrêmes, tour à tour aussi excessifs et arbitraires, qui ne relèvent que de la mode, il doit y avoir place pour la science historique, et c’est là l’objet même de ce colloque : d’une part faire le point des recherches menées dans le cadre des restaurations des monuments historiques, avec rigueur et méthode, d’autre part appeler l’érudition et la recherche théorique, pour dégager, à partir d’exemples fiables, dûment répertoriés et replacés dans leur contexte, une contribution significative à l’histoire du goût dans l’architecture.

7En octobre 1989 se tenaient à Amiens, sous l’égide de la direction du Patrimoine, les deuxièmes Entretiens du Patrimoine, sur le thème « Architecture et décors peints », à l’époque où ces rencontres étaient encore consacrées à la recherche technique et scientifique au service de la restauration, avant de sacrifier à l’intellectualisme et au parisianisme. Le champ d’investigation en était fort large, puisqu’il embrassait toutes les époques, du Moyen Âge au xxe siècle, et envisageait l’architecture extérieure comme le décor intérieur. En revanche, le débat restait quasi exclusivement franco-français. Fort riche, celui-ci montrait combien nous savions peu de choses et révélait notre perplexité face à des témoignages lacunaires, vécus comme autant d’exceptions à la règle générale. Force était de poser avant tout la question de la méthode et de la recherche, afin d’enrichir un corpus encore ténu.

8Nous avons choisi à Versailles d’aborder la question de façon sensiblement différente, en réduisant le champ chronologique et typologique pour mieux élargir le champ territorial.

9La problématique propre à Versailles, à la faveur de nouvelles approches, nous incitait bien entendu à concentrer le sujet autour de l’architecture civile des xviie et xviiie siècles, pour tenter de mieux croiser des pratiques similaires, selon la règle de l’unité de temps, tandis qu’il nous semblait indispensable, pour Versailles également, d’essayer de confronter les autres modèles européens à une époque où les échanges entre les différentes cours furent si riches.

10En privilégiant ainsi cette vision européenne, nous avons très vite dû choisir de ne traiter au long de ces trois journées que la question de la couleur extérieure des bâtiments, tant la matière était déjà dense. La question des couleurs des appartements méritera, nous l’espérons, d’être posée en ces mêmes lieux un jour prochain.

11L’accueil enthousiaste de tous nos amis et collègues, tant français qu’étrangers, nous a confortés dans l’idée que ces rencontres étaient utiles, nécessaires même, pour répondre à une problématique d’actualité dans le champ patrimonial.

12Nos journées d’étude se sont organisées autour de plusieurs thèmes, au-delà de la première matinée consacrée essentiellement à la problématique générale, avec l’intervention de notre confrère Jacques Moulin, intitulée « Quand les palais étaient maquillés », puis celle de votre serviteur sur ces lieux qui nous accueillent, éclairant le pourquoi de ce colloque ; l’après-midi, intitulé « À travers l’écrit et l’image », a tenté de faire le point sur la documentation que nous livrent à ce propos les archives, écrites ou iconographiques, grâce à Martine Constans, qui a traité des sources d’archives écrites, Olivier Meslay et Filomena Sardella, qui se sont intéressés aux sources iconographiques, et à Alexandre Gady, qui a tiré pour nous la substantifique moelle des traités théoriques et pratiques du temps.

13La seconde matinée a traité de la couleur urbaine en Europe, à travers quelques grands exemples : Florence et Rome présentées par Mario Lolli Ghetti, Lille par Étienne Poncelet, les cités portugaises par José Aguiar, la ville de Versailles par Bruno Chauffert-Yvart, Moscou et Saint-Pétersbourg par Andreï Efimov. Elle s’est achevée par l’intervention de Claude Landes ciblée sur le cas des menuiseries. Celle-ci annonçait le thème de l’après-midi, centré sur les matériaux et techniques, où nous ont été présentés les résultats des dernières recherches effectuées par les laboratoires sur des échantillons archéologiques – analyses d’échantillons prélevés à Paris par Frédérique Vouvé, du LERM, et à Versailles par Isabelle Pallot-Frossart, du LRMH –, avant d’aborder le cas spécifique des parements de briques, à travers les contributions de Bernard Voinchet pour la France et Jonathan Foyle pour l’Angleterre, puis des huisseries, avec les exemples retrouvés par Benjamin Mouton sur Paris et Saint-Denis. Nous avons terminé cette journée fort dense par un voyage en Bavière, réputée pour ses façades peintes, offert par Jurgen Pürsche.

14Nos travaux se sont achevés en beauté, samedi matin, à travers châteaux et palais d’Europe ; ont défilé ainsi sous nos yeux tour à tour : l’Espagne grâce à Juan Hernández Ferrero, l’Angleterre grâce à Tim Knox, la Suède avec Jan Lisinski, l’Autriche avec Manfred Koller, la Savoie italienne avec Pasquale Bruno Malara, et la Russie présentée par Nina V. Vernova.

15Enfin, Jean-Pierre Babelon, membre de l’Institut, a bien voulu mettre sa grande érudition d’historien de l’architecture du xviisiècle au service de notre propos en acceptant la délicate tâche de clore nos débats, en soulignant qu’à l’issue de ces journées chacun d’entre nous aura trouvé sinon des certitudes face à ses interrogations, du moins des raisons de pousser avec toujours plus d’exigence les investigations en ce domaine.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Frédéric Didier, « Ouverture scientifique du colloque « Couleurs de l’architecture » », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [En ligne],  | 2002, mis en ligne le 10 février 2010, consulté le 27 février 2014. URL : http://crcv.revues.org/78 ; DOI : 10.4000/crcv.78

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Auteur

Frédéric Didier

Né en 1960, Frédéric Didier, architecte DPLG et ancien élève de l’École du Louvre, est depuis 1987 architecte en chef des Monuments historiques. En charge du château de Versailles depuis 1990, ainsi que de la Saône-et-Loire, il a dirigé de nombreuses études, projets et chantiers de restauration. S’intéressant particulièrement à l’architecture des XVIIe et XVIIIe siècles, et à l’archéologie de la couleur et des enduits, il a publié des articles et des travaux de recherche sur les monuments et enseigné au Centre des Hautes Études de Chaillot.

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